Imaginez-vous prendre l’avion, puis le train, puis encore un bus, pendant des milliers de kilomètres, juste pour voir votre équipe jouer un match de coupe d’Europe. Dix personnes l’ont fait. Dix supporters du Kairat Almaty ont relié le cœur du Kazakhstan à Copenhague, soit environ 5 000 kilomètres, pour un simple match de Ligue des champions. Et ce qu’ils ont vécu là-bas dépasse tout ce qu’on peut imaginer dans le football moderne.
Quand la passion n’a pas de frontière
Ils sont partis d’Almaty, ancienne capitale du Kazakhstan, nichée au pied des montagnes du Tian Shan. Température souvent négative en novembre, décalage horaire de cinq heures avec le Danemark, coût du voyage exorbitant pour le pouvoir d’achat local. Rien n’a arrêté ces dix irréductibles. Leur club, le Kairat, disputait un match historique face au FC Copenhague, et pour eux, être présents était une évidence.
Le trajet ? Près de 40 heures porte à porte pour certains. Vol jusqu’à Istanbul ou Francfort, correspondance, arrivée à Copenhague sous la pluie froide de la Baltique. Et pourtant, quand ils ont franché les portes du Parken Stadium, leurs visages épuisés se sont illuminés. Car ce qu’ils ignoraient encore, c’est que le club danois leur avait réservé une surprise qui allait marquer l’histoire du football européen.
Un accueil qui a fait fondre tout le stade
Avant même le coup d’envoi, les dix supporters ont été invités à descendre sur la pelouse. Pas dans un coin discret, non : au centre du terrain, sous les projecteurs, devant 35 000 spectateurs. Les joueurs du FC Copenhague, pourtant adversaires, se sont alignés pour les applaudir. Le speaker du stade a pris le micro pour saluer « les supporters les plus courageux d’Europe ».
Le club leur a offert des maillots floqués à leurs prénoms, des écharpes spéciales édition limitée, et surtout une ovation qui a duré plusieurs minutes. Des images qui ont rapidement fait le tour du continent.
« Parcourir 5 000 kilomètres pour soutenir votre équipe est honorable. Le football sans fans ne serait jamais pareil. »
Message officiel du FC Copenhague sur Instagram
Même l’UEFA, pourtant peu habituée aux élans d’émotion spontanés, a publié un message : « Des fans comme ceux-ci font battre le cœur du football européen. » Rare, très rare.
Le football kazakh, entre rêve et réalité
Pour comprendre l’ampleur du geste, il faut se plonger dans le contexte. Le Kairat Almaty est le club le plus titré du Kazakhstan, mais il évolue dans un championnat méconnu en Europe. Participer à la phase de ligue de la Ligue des champions reste exceptionnel. Pour les supporters locaux, voir leur équipe affronter un géant scandinave comme Copenhague, c’est un peu comme si un club de National accédait aux quarts de finale de la CDE.
Et pourtant, ces dix-là ont dit présent. Parmi eux, des étudiants, des employés, un retraité qui a vidé ses économies. L’un d’eux a confié avoir vendu sa vieille Lada pour financer le voyage. Une autre supportrice a quitté son travail trois jours sans prévenir. Quand on aime, on ne compte pas.
Pourquoi ce geste du FC Copenhague n’est pas anodin
Dans une époque où le football de haut niveau est souvent accusé d’avoir perdu son âme, ce genre d’initiative rappelle pourquoi des millions de personnes vibrent encore chaque semaine. Le FC Copenhague aurait pu ignorer ces dix fans perdus au milieu du parcage visiteurs. Ils ont choisi l’exact opposé.
Ce n’est pas seulement une opération de communication. C’est un message fort envoyé à toute l’Europe : oui, le football appartient encore aux supporters. Même ceux qui viennent de l’autre bout du continent, même quand leur équipe perd 3-2 au final, même quand ils rentreront épuisés et fauchés.
Ce soir-là, les dix Kazakhs ont probablement vécu le plus beau moment de leur vie de supporters. Et des milliers de personnes dans le stade et devant leur écran ont retrouvé un peu de foi dans ce sport.
Ces autres épopées qui ont marqué l’histoire
Ils ne sont pas les premiers. On se souvient des supporters du Dundalk FC irlandais qui avaient traversé l’Europe pour Rostov en 2016. Ou ceux de l’APOEL Nicosie présents à Madrid malgré les difficultés économiques de Chypre. Plus récemment, les fans du Sheriff Tiraspol avaient fait sensation en débarquant à Santiago Bernabéu.
Mais l’histoire des dix d’Almaty a quelque chose de spécial. Peut-être parce que le Kazakhstan reste un pays si éloigné géographiquement et culturellement du cœur footballistique européen. Peut-être parce que leur sourire, malgré la défaite, était communicatif.
Ils ont parcouru :
- Environ 4 800 km à vol d’oiseau
- Plus de 5 000 km en comptant les correspondances
- 5 fuseaux horaires traversés
- Près de 40 heures de voyage aller
- Température à l’arrivée : 2°C (contre -8°C à Almaty)
Ce que cela nous dit sur le football d’aujourd’hui
À l’heure où on parle VAR, droits TV à neuf chiffres et joueurs qui changent de club comme de chemise, dix personnes nous rappellent l’essence même du jeu. Le football, c’est d’abord une tribu. Une famille élargie qui traverse des continents pour chanter pendant 90 minutes.
Le geste du FC Copenhague devrait faire école. Imaginez si chaque club, à domicile, mettait à l’honneur les supporters visiteurs ayant fait le plus long voyage ? Ce serait une petite révolution dans un sport parfois trop aseptisé.
Ce soir de novembre 2025, quelque part entre la mer Baltique et les steppes kazakhes, dix personnes ont prouvé que la passion n’a pas de prix. Et qu’un simple match de football peut encore, parfois, ressembler à un conte de fées.
Parce qu’au fond, qu’importe le score final. Ces dix-là sont repartis avec bien plus qu’une défaite : ils sont repartis avec une histoire que leurs enfants, et probablement leurs petits-enfants, raconteront encore dans cinquante ans.
Et nous, on a juste envie de dire merci. Merci d’exister. Merci de nous rappeler pourquoi, malgré tout, on aime toujours autant ce sport.









