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Russie Réintégrée en Judo : Drapeau et Hymne de Retour

Après trois ans d’exclusion ou de statut neutre, les judokas russes retrouveront leur drapeau et leur hymne dès ce week-end à Abu Dhabi. Une première depuis le début du conflit en Ukraine… mais cette décision est loin de faire l’unanimité.

Imaginez la scène : un judoka monte sur le podium, l’hymne russe retentit dans l’arène, le drapeau tricolore blanc-bleu-rouge flotte fièrement. Une image banale avant 2022… et qui redevient réalité dès ce week-end à Abu Dhabi.

Une décision qui marque un tournant dans le sport mondial

Jeudi soir, la Fédération internationale de judo (IJF) a créé la surprise en annonçant la réintégration totale des athlètes russes. Plus de bannière neutre, plus d’hymne olympique : les judokas porteront à nouveau les couleurs de leur pays, dès le Grand Slam d’Abu Dhabi qui commence ce vendredi.

Pour la Russie, c’est une « décision historique ». Pour une partie de la communauté sportive internationale, c’est un choc.

Le calendrier d’une réintégration progressive

Tout avait commencé en février 2022. Comme la majorité des fédérations internationales, l’IJF avait exclu la Russie et le Bélarus de toutes compétitions après l’invasion de l’Ukraine.

Puis, en 2023, suivant les recommandations du Comité international olympique, l’instance avait autorisé un retour… mais uniquement sous statut neutre (AIN : Athlète Individuel Neutre). Une demi-mesure qui avait provoqué le boycott de l’Ukraine aux Mondiaux de Doha.

En juin 2025, le Bélarus obtenait déjà sa réintégration complète aux Mondiaux de Budapest. Logiquement, la Russie réclamait le même traitement. Elle vient de l’obtenir.

« À la suite des récents développements, notamment le rétablissement de la pleine représentation nationale des athlètes bélarusses, l’IJF estime qu’il est désormais approprié d’autoriser la participation des athlètes russes dans les mêmes conditions. »

Communiqué officiel de l’IJF

Pourquoi le judo fait figure de pionnier

Le judo entretient depuis longtemps des liens particuliers avec la Russie. Vladimir Poutine, 8e dan et ancien président honoraire de l’IJF, a toujours fait de ce sport une vitrine du soft power russe.

La Russie reste une superpuissance du judo mondial : multiples champions olympiques et mondiaux, écoles de formation réputées, résultats constants depuis des décennies. Son absence totale appauvrissait clairement la compétition.

L’IJF le reconnaît d’ailleurs sans détour : « La Russie a toujours été une nation de premier plan dans le monde du judo, et son retour complet devrait enrichir la compétition à tous les niveaux. »

Les réactions contrastées

Du côté russe, l’enthousiasme est total. Sergueï Soloveïtchik, président de la Fédération russe de judo, parle d’une « décision juste et courageuse » attendue depuis longtemps.

En Ukraine, le silence est assourdissant pour l’instant. On se souvient pourtant du boycott massif de 2023 à Doha. Une nouvelle vague de protestations est probable.

Dans le reste du monde sportif, les avis divergent. Certains y voient un retour à l’apaisement et à l’universalité du sport. D’autres dénoncent un signal politique dangereux à quelques mois des Jeux de Los Angeles 2028.

Et les Jeux olympiques dans tout ça ?

À Paris 2024, aucun judoka russe n’avait participé, même sous bannière neutre. La Fédération russe avait jugé les conditions « conditions humiliantes » et préféré le boycott total.

La décision de l’IJF n’engage en rien le CIO pour les prochains Jeux. Mais elle crée un précédent lourd de sens. D’autres fédérations pourraient-elles suivre ? La boxe l’avait fait en 2022 (avant d’être exclue du mouvement olympique pour d’autres raisons).

Le judo, sport olympique fondateur, envoie un message fort : il choisit l’inclusion totale plutôt que la neutralité partielle.

Ce qui change concrètement dès ce week-end

  • Les judokas russes pourront porter le nom « Russia » et le code RUS
  • Le drapeau russe sera hissé en cas de victoire
  • L’hymne national russe sera joué sur les podiums
  • Aucune restriction supplémentaire par rapport aux autres nations

Plusieurs médaillés olympiques et mondiaux russes sont d’ores et déjà inscrits à Abu Dhabi. Leur retour sur la scène internationale s’annonce spectaculaire.

Un sport au-dessus de la géopolitique ?

Le judo a toujours revendiqué des valeurs d’amitié et de respect. Son fondateur, Jigoro Kano, rêvait d’un sport universel. En réintégrant pleinement la Russie, l’IJF affirme que ces valeurs priment sur les sanctions géopolitiques.

Mais dans le contexte actuel, cette position apparaît à beaucoup comme un choix politique autant que sportif. Le timing – juste après la réintégration complète du Bélarus – laisse peu de place au doute.

Le monde du sport reste profondément divisé entre ceux qui veulent punir les États et ceux qui refusent de punir les athlètes pour les choix de leurs gouvernements.

Cette décision de l’IJF ravive le débat avec une intensité nouvelle. Et elle place le judo en première ligne d’un conflit qui dépasse largement les tatamis.

Le rideau se lève à nouveau sur les judokas russes. Reste à savoir si le monde du sport est prêt à applaudir… ou à siffler.

Une chose est sûre : à partir de ce week-end à Abu Dhabi, le judo international ne sera plus tout à fait le même.

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