Mercredi soir, le plateau de W9 a pris des allures de ring. Cyril Hanouna, micro en main, n’a pas mâché ses mots face à l’annonce du prochain numéro de Complément d’enquête dédié à CNews. Entre sarcasmes, éclats de voix et prédictions assassines, l’animateur a littéralement explosé, laissant ses chroniqueurs presque sans voix. Rarement on ne l’avait vu aussi remonté.
Une colère qui ne surprend plus personne
Quand on parle de Cyril Hanouna et de CNews, on entre sur un terrain miné. L’animateur, même s’il officie désormais sur W9, reste profondément lié à l’univers du groupe Canal+. Voir la chaîne d’information numéro un en France dans le viseur d’un magazine réputé pour ses enquêtes à charge, cela avait de quoi le faire bondir. Et il n’a pas attendu longtemps pour le faire savoir.
Dès les premières minutes de l’émission Tout beau tout neuf, le ton était donné. Gilles Verdez, fidèle lieutenant, tente d’expliquer le contenu du futur reportage : huit mois d’investigation, des archives, une étude de Reporters sans frontières réalisée grâce à un outil numérique qui a capturé des images toutes les dix secondes pendant un mois. Une méthodologie impressionnante sur le papier. Mais pour Hanouna, tout cela relève du gadget inutile.
« Regardez simplement les audiences »
Sa réponse a fusé comme une balle : « Moi, si j’étais eux, je ne me serais pas fait chier avec tout ça. J’aurais juste regardé les audiences le matin et ça m’aurait montré que CNews est largement devant. Point final. » Le message est clair : pourquoi perdre du temps à décortiquer une recette quand le résultat est sous les yeux de tous ?
Et il enfonce le clou avec une pointe d’ironie bien sentie : « Faites les mêmes sujets, engagez les mêmes talents, et vous verrez si ça marche mieux. » Sous-entendu : le succès de CNews ne doit rien au hasard, mais tout à une ligne éditoriale qui parle aux Français. Le reste n’est que jalousie déguisée en journalisme d’investigation.
« Franchement, j’en ai rien à carrer. Ça va être encore éclaté au sol. Ça va faire qu’une seule chose : de la pub à CNews. Ils vont encore caracoler en tête. »
Cyril Hanouna, en direct sur W9
Un timing qui fait jaser
Ce qui met particulièrement le feu aux poudres, c’est le calendrier. Diffuser un sujet critique sur CNews alors même qu’une commission d’enquête parlementaire examine les pratiques… de France Télévisions, voilà qui prête le flanc à toutes les interprétations. Hanouna, jamais le dernier pour relever l’ironie de la situation, a sauté sur l’occasion.
« Il paraît qu’ils sont bien embêtés à France Télévisions avec cette diffusion jeudi. Le timing est très mal choisi », lâche-t-il, un sourire en coin. Et d’ajouter, perfide : « Ils feraient mieux de se demander pourquoi ça marche plutôt que d’essayer de démonter un truc qui marche. »
Dans le studio, l’ambiance est électrique. Les chroniqueurs hochent la tête, certains rient jaune. On sent que le sujet touche une corde sensible bien au-delà du simple débat télévisuel.
CNews, la chaîne qui dérange
Il faut dire que CNews truste la première place des chaînes info depuis des mois. Un leadership qui agace, qui inquiète, qui polarise. Ses détracteurs lui reprochent une ligne éditoriale trop marquée à droite, parfois qualifiée d’extrémiste. Ses défenseurs, eux, y voient la seule chaîne qui ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Entre ces deux camps, le fossé se creuse. Et chaque tentative de « décryptage » par un média public est immédiatement perçue comme une attaque orchestrée. Hanouna, en première ligne, endosse naturellement le rôle du bouclier.
Le paradoxe pointed du doigt par Hanouna : une chaîne du service public qui enquête sur une chaîne privée au moment précis où le service public est lui-même sous le feu des critiques. Difficile de ne pas y voir une forme de règlement de comptes déguisé.
L’effet boomerang tant attendu ?
Ce qui rend la sortie d’Hanouna savoureuse, c’est sa prédiction. Loin de craindre le reportage, il l’attend presque avec gourmandise. Pour lui, chaque attaque médiatique contre CNews se transforme systématiquement en aubaine publicitaire. Les téléspectateurs, piqués par la curiosité ou par solidarité, se ruent sur la chaîne incriminée. Résultat : les audiences grimpent encore.
On se souvient du précédent. Lui-même avait fait l’objet d’un Complément d’enquête il y a quelques mois. Le lendemain, les parts de marché de Touche pas à mon poste avaient bondi. L’histoire semble se répéter, en plus gros.
« Ça va faire de la pub gratuite », martèle-t-il. Et il n’a peut-être pas tort. Dans un paysage médiatique où l’on parle davantage des chaînes que l’on critique que de celles que l’on ignore, se faire descendre peut s’avérer être la meilleure campagne de promotion qui soit.
Un animateur qui ne désarme jamais
À bientôt 50 ans, Cyril Hanouna reste cet ovni télévisuel capable de passer en une seconde du rire aux larmes, de la tendresse à la colère la plus brute. Cette capacité à ne jamais se retenir, à dire les choses crûment, même quand ça dérange, fait à la fois sa force et sa cible préférée.
Ce soir-là sur W9, il n’a pas dérogé à la règle. Pas de langue de bois, pas de diplomatie. Juste une envie viscérale de défendre ce qu’il considère comme une réussite française, un modèle qui marche là où tant d’autres patinent.
Et peu importe si certains crient au conflit d’intérêts – après tout, CNews appartient au même groupe que celui qui l’employait hier. Pour Hanouna, il s’agit avant tout d’une question de loyauté et de reconnaissance du travail accompli.
Et maintenant ?
Le rendez-vous est pris. Ce soir, des millions de téléspectateurs vont découvrir le fameux Complément d’enquête. Les uns pour comprendre, les autres pour dénoncer, beaucoup simplement pour voir qui aura raison.
Hanouna, lui, regardera probablement avec un sourire en coin. Car quelle que soit la tonalité du reportage, une chose est certaine : demain matin, quand les chiffres Mediametrie tomberont, CNews sera probablement encore un peu plus en tête.
Et c’est peut-être ça, finalement, la plus belle réponse.
À suivre…









