Imaginez un artiste au sommet des classements, troisième rappeur le plus écouté de France, et, quelques années plus tard, derrière les barreaux à des milliers de kilomètres de chez lui. C’est exactement ce qui vient d’arriver à Maes.
Une condamnation à sept ans qui tombe comme un couperet
Dans la nuit de mardi à mercredi, la chambre criminelle de la Cour d’appel de Tanger a prononcé une peine lourde : sept ans de prison ferme à l’encontre du rappeur franco-marocain connu sous le nom de Maes, de son vrai nom Walid Georgey.
Les chefs d’accusation retenus sont particulièrement graves : constitution d’une bande criminelle, tentative d’enlèvement et de séquestration, ainsi qu’incitation à commettre des crimes et délits. Onze autres personnes impliquées dans le même dossier ont écopé de peines allant d’un à dix ans d’emprisonnement.
Maes, qui était déjà en détention provisoire depuis onze mois, a toujours clamé son innocence. Ses avocats ont qualifié le dossier de « vide » et affirmé qu’aucun élément concret ne liait leur client aux faits reprochés.
Des accusations de commanditaire d’assassinat
Au cœur de l’affaire : l’accusation selon laquelle le rappeur aurait commandité l’assassinat d’un rival à Marrakech. Le projet aurait été confié à un gang et à un tueur à gages, mais l’opération aurait finalement été déjouée après une tentative d’agression ratée à Tanger.
Cette tentative avortée serait à l’origine des arrestations et de l’ouverture de l’enquête qui a conduit à la lourde condamnation prononcée cette semaine.
« Aucun élément ne lie mon client aux personnes arrêtées »
Les avocats de Maes lors du procès
Un exil précipité et un retour fatal
Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut remonter à janvier dernier. Maes quittait alors les Émirats arabes unis pour le Maroc. Un déplacement présenté comme une fuite : un mandat d’arrêt international avait été émis contre lui par la justice française.
Le rappeur craignait une extradition imminente, notamment parce qu’une visite officielle du ministre français de l’Intérieur était prévue dans le Golfe. Casablanca devenait alors une destination supposée plus sûre… jusqu’à son interpellation.
Depuis onze mois, il attendait donc son jugement en détention préventive, loin de sa famille et de la scène musicale qui l’avait porté si haut.
Des racines françaises et une spirale de violence
L’histoire commence bien avant le Maroc. À Sevran, en région parisienne, Maes aurait été victime de plusieurs tentatives de racket. Selon les éléments rapportés, il aurait répondu par les armes, déclenchant une fusillade.
C’est ensuite l’assassinat de son manager en France qui aurait, selon les accusations, poussé le rappeur à vouloir des représailles. Des représailles qui auraient franchi les frontières et pris une tournure dramatique.
Cette affaire remonte à 2020, l’année où Maes explosait véritablement. Ses albums cartonnaient, ses streams explosaient, et il s’imposait comme l’une des figures majeures du rap français.
2020 : l’année de tous les succès… et du début de la chute
En 2020, tout semblait sourire à Walid Georgey. Troisième artiste rap le plus streamé en France, collaborations prestigieuses, millions de vues : il incarnait la réussite fulgurante du rap de banlieue.
Mais derrière les projecteurs, les tensions étaient déjà palpables. Les rivalités, les dettes, les histoires de quartier prenaient une ampleur qu’aucun tube ne pouvait effacer.
L’exil à Dubaï avec sa famille, présenté comme une nouvelle vie loin des problèmes, n’aura été qu’une parenthèse. Le retour au Maroc, censé être un refuge, s’est transformé en piège judiciaire.
Un précédent judiciaire en France
Ce n’est pas la première fois que Maes fait face à la justice. En 2024, il avait déjà été condamné par défaut en France à dix mois de prison pour des faits de violence en réunion remontant à 2018, à la sortie d’un studio d’enregistrement parisien.
Cette condamnation par contumace avait renforcé le mandat d’arrêt international et contribué à sa situation d’homme traqué entre plusieurs pays.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Avec cette peine de sept ans ferme, l’avenir du rappeur s’assombrit considérablement. Ses avocats devraient faire appel de la décision, mais le chemin judiciaire s’annonce long et incertain.
Pour l’instant, Maes reste derrière les barreaux au Maroc, loin des studios, des scènes et de la liberté qui caractérisait son ascension fulgurante.
Cette affaire illustre, une fois de plus, la frontière parfois ténue entre la vie d’artiste et les réalités brutales de certains quartiers. Quand la musique rencontre la rue, les conséquences peuvent être lourdes.
De nombreux fans, choqués par la nouvelle, espèrent encore un retournement de situation. Mais pour l’instant, le silence a remplacé les beats.
Maes, c’était :
✅ Troisième rappeur le plus écouté de France en 2020
✅ Des millions de streams et des albums certifiés
✅ Une ascension fulgurante depuis Sevran
❌ Des affaires judiciaires en cascade
❌ Sept ans de prison ferme au Maroc
L’histoire de Maes est celle d’un talent brut confronté à des démons trop grands. Reste à savoir si la justice marocaine a définitivement clos le chapitre, ou si de nouveaux rebondissements viendront encore bouleverser la trajectoire de cet artiste controversé.
Une chose est sûre : cette condamnation marque un tournant brutal dans une carrière qui avait tout pour durer.









