Imaginez une capitale africaine où, en plein jour, des rafales d’armes automatiques font trembler les vitres, où les habitants fuient en courant et où plus personne ne sait si le chef de l’État est vivant, caché ou déjà parti. Ce n’est pas une fiction. C’est Bissau, mercredi après-midi.
Un calme qui ne dit pas son nom
Vers midi, l’avenue principale menant au palais présidentiel s’est vidée en quelques minutes. Des centaines de personnes ont tout lâché pour courir se mettre à l’abri. Les tirs, nourris et répétés, provenaient des abords immédiats du siège de la présidence. Puis, aussi soudainement qu’ils avaient commencé, ils se sont tus.
Lorsque les journalistes ont pu s’approcher à nouveau, la scène était surréaliste : des militaires de la garde présidentielle et d’une unité d’élite de la gendarmerie avaient pris position, bloquant totalement l’accès. La rue était déserte, comme figée. « On est habitués à Bissau », a simplement lâché un passant en accélérant le pas.
Le président porté disparu
La question qui brûle toutes les lèvres reste sans réponse : où est Umaro Sissoco Embalo ?
En début d’après-midi mercredi, aucun communiqué officiel, aucune image, aucun signe de vie. Son compte officiel sur les réseaux sociaux reste muet depuis la veille. Ses proches se terrent dans le silence. L’incertitude est totale.
Dans un pays qui a connu quatre coups d’État réussis et plus d’une dizaine de tentatives depuis son indépendance en 1974, cette absence prolongée prend immédiatement une dimension dramatique.
Des élections sous très haute tension
Le scrutin de dimanche devait pourtant marquer une étape de stabilisation. Présidentielle et législatives simultanées, plus de 6 700 membres des forces de l’ordre déployés, dont des éléments de la CEDEAO… Tout avait été mis en œuvre pour éviter le chaos habituel.
Mais la Guinée-Bissau ne fait jamais rien comme les autres.
Le principal parti d’opposition historique, le PAIGC – celui-là même qui a arraché l’indépendance au Portugal par les armes –, a été purement et simplement exclu du scrutin. Motif officiel : dossier déposé trop tard. L’opposition crie à la manipulation grossière et considère que le mandat d’Embalo a expiré depuis le 27 février dernier.
« C’est une élection truquée dès le départ »
Un cadre du PAIGC, sous couvert d’anonymat









