Imaginez un ciel gris, lourd de pluie, au-dessus des ruines millénaires d’Olympie. Pourtant, à cet instant précis, une petite flamme vacille, fragile et déjà éternelle. Mercredi 26 novembre 2025, la torche des Jeux olympiques d’hiver Milan-Cortina 2026 a pris vie. À 72 jours de la cérémonie d’ouverture, le compte à rebours est bel et bien lancé.
Une tradition préservée malgré les caprices du ciel
Chaque fois, c’est le même rituel. Devant le temple d’Héra, une grande prêtresse, vêtue de blanc, approche un miroir parabolique des rayons du soleil pour embraser la torche. Sauf que, cette année comme pour Paris 2024, Zeus n’était pas d’humeur généreuse. Les nuages ont gagné la bataille et la flamme officielle est en réalité… celle allumée deux jours plus tôt, lors de la répétition générale ensoleillée.
Aucun spectateur ne s’en est formalisé. Le symbole, lui, reste intact : la paix, l’unité, le dépassement. Et surtout, la continuité d’une tradition vieille de près d’un siècle pour les Jeux modernes.
Mary Mina, gardienne du feu sacré
L’actrice grecque Mary Mina a endossé, comme lors des Jeux de Paris, le rôle de la grande prêtresse. Robe immaculée, gestes lents et solennels, elle a brandi la torche devant les colonnes du temple d’Héra avant de la transmettre au premier porteur.
Petit changement de programme : initialement prévu, le skieur Alexandros Ioannis Ginnis, vice-champion du monde de slalom, a dû déclarer forfait sur blessure. C’est donc le rameur Petros Gaidatzis, médaillé de bronze aux Jeux de Paris 2024, qui a eu l’honneur d’ouvrir le relais.
Kirsty Coventry : « La flamme porte les rêves de ceux qui croient au sport »
« Dans le monde divisé dans lequel nous vivons aujourd’hui, les Jeux occupent une place véritablement symbolique. Il est de notre responsabilité de faire en sorte que les athlètes du monde entier puissent concourir en paix et inspirer les rêves et les espoirs de ceux qui les regardent. »
Kirsty Coventry, présidente du CIO
Élue au printemps 2025, la Zimbabwéenne, double championne olympique de natation, n’a pas caché son émotion. Les larmes aux yeux, elle a rappelé que le sport demeure l’un des derniers espaces où les frontières s’effacent.
Un relais XXL à travers toute l’Italie
Après neuf jours et 2 200 kilomètres en Grèce, la flamme rejoindra Athènes le 4 décembre pour la traditionnelle remise au comité d’organisation au stade Panathénaïque. Direction Rome le 6 décembre, point de départ d’un périple monumental : 12 000 kilomètres, les 20 régions italiennes, 110 provinces et exactement 10 001 relayeurs.
Parmi les moments forts :
- Le passage à Cortina d’Ampezzo le 26 janvier 2026, cœur historique des sports d’hiver italiens
- L’arrivée finale au stade San Siro de Milan le 6 février pour la cérémonie d’ouverture
- La clôture le 22 février à l’Arena de Vérone, puis l’ouverture des Paralympiques le 6 mars dans le même lieu mythique
Des légendes italiennes pour porter le message
Stefania Belmondo et Armin Zöggeler, deux immenses champions transalpins, ont pris le relais dès les premières foulées grecques. La fondeuse, double championne olympique (1992 et 2002), et le lugeur, double tenant du titre (2006 et 2010), incarnent parfaitement l’héritage hivernal italien.
Leur présence rappelle que l’Italie n’organise pas seulement des Jeux : elle les vit profondément. Cortina a déjà accueilli les Jeux en 1956, Milan a été candidate plusieurs fois. Cette édition 2026 est une forme d’aboutissement.
Milan-Cortina 2026 : des Jeux résolument durables et décentralisés
Contrairement aux éditions précédentes concentrées sur une seule ville, Milan-Cortina mise sur une organisation éclatée : Milan pour les cérémonies et le hockey, Cortina pour les disciplines de glisse, Valtellina pour le snowboard et le ski freestyle, Val di Fiemme pour le ski de fond… Une façon de limiter les constructions pharaoniques et de valoriser les sites existants.
Le budget, maîtrisé autour de 1,5 milliard d’euros, et l’utilisation massive d’infrastructures déjà présentes font de ces Jeux un modèle de durabilité salué par le CIO.
Pourquoi cette flamme nous touche autant
Parce qu’au-delà du sport, elle raconte une histoire universelle. Une petite lumière née dans l’Antiquité grecque traverse les siècles, les continents, les conflits. Elle rappelle que, même quand le ciel est gris, même quand le monde vacille, il reste des gestes qui rassemblent.
Dans 72 jours, San Siro s’illuminera. Des milliers d’athlètes défileront sous la neige lombarde ou le soleil des Dolomites. Et quelque part, une flamme née sous la pluie grecque continuera de brûler, intacte.
Le voyage ne fait que commencer.
À retenir
• Allumage : 26 novembre 2025 à Olympie
• Ouverture des JO : 6 février 2026 à Milan (San Siro)
• Clôture : 22 février 2026 à Vérone
• Paralympiques : 6 au 15 mars 2026
• Distance totale du relais en Italie : 12 000 km
• Nombre de relayeurs : 10 001
Et vous, suivrez-vous ce périple de la flamme jusqu’au bout ?
