InternationalSociété

Port d’Anvers : Cocaïne et Drones Inconnus Menacent l’Europe

Des drones survolent le port d’Anvers et sa centrale nucléaire sans être détectés. Le PDG parle de « vulnérabilité inquiétante » et redoute une attaque visant à paralyser l’économie belge. Pendant ce temps, la cocaïne continue d’arriver par tonnes… Jusqu’à quand tiendra la forteresse européenne ?

Imaginez un instant : en pleine nuit, des objets volants non identifiés survolent silencieusement le deuxième plus grand port d’Europe et sa centrale nucléaire voisine. Personne ne les détecte. Personne ne les arrête. Et si demain, ils transportaient autre chose que des caméras ?

C’est la réalité que vit actuellement le port d’Anvers. Son PDG, Jacques Vandermeiren, ne cache plus son inquiétude : le site est devenu une cible potentielle dans un contexte de tensions géopolitiques extrêmes.

Anvers, une porte grande ouverte sur l’Europe

Avec ses 12 000 hectares, le port d’Anvers-Bruges n’est pas seulement un géant logistique. Il représente une artère vitale de l’économie belge et européenne. Chaque jour, des milliers de conteneurs arrivent d’Amérique latine, d’Asie, d’Afrique. Et parmi eux, une partie cache la marchandise la plus lucrative du crime organisé : la cocaïne.

Mais aujourd’hui, la menace ne vient plus seulement des cales des navires. Elle arrive aussi du ciel.

Des drones fantômes au-dessus des installations stratégiques

En novembre dernier, plusieurs drones d’origine inconnue ont été observés au-dessus du port. Le plus inquiétant ? Les radars classiques ne les ont même pas vus. Leur technologie rend ces engins indétectables par les systèmes habituels.

Ces survols n’étaient pas isolés. D’autres sites sensibles belges, civils comme militaires, ont connu le même phénomène. Les autorités y voient la signature d’une opération coordonnée, probablement étatique.

Si aucun nom n’est officiellement prononcé, les regards se tournent vers l’Est. Depuis 2022 et l’invasion de l’Ukraine, l’Europe accuse la Russie de multiplier les actions de déstabilisation : sabotages, cyberattaques, ingérences. Ce que certains appellent la « guerre hybride ».

« Dès qu’on veut créer le chaos, on attaque le moteur économique d’un pays. Ici malheureusement c’est le port. On est très vulnérables, c’est inquiétant. »

Jacques Vandermeiren, PDG du port d’Anvers-Bruges

Une défense antiaérienne inexistante

Le constat est brutal : la Belgique n’a pratiquement rien fait pour renforcer sa protection contre les menaces aériennes basses depuis trois ans. Contrairement à la plupart de ses voisins européens.

Déjà maire d’Anvers à l’époque, l’actuel Premier ministre Bart De Wever avait réclamé le déploiement de l’armée pour protéger la zone portuaire. Il avait raison, reconnaît aujourd’hui le patron du port.

Les solutions existent, mais elles prennent du temps. Les batteries Patriot américaines ? Comptez cinq à sept ans de délai avant livraison. Trop long quand la menace est déjà là.

Une bonne nouvelle tout de même : des radars mobiles nouvelle génération vont être installés dans les prochains mois. Ils seront enfin capables de repérer ces drones furtifs.

Le narcotrafic, l’autre guerre perdue d’avance

Parallèlement aux menaces aériennes, le port reste l’une des principales portes d’entrée de la cocaïne en Europe. Historiquement lié à l’Amérique du Sud par le commerce des fruits, il est devenu malgré lui une plaque tournante du trafic.

En 2023, un record absolu avait été battu : 116 tonnes saisies. L’an dernier, le chiffre est retombé à 44 tonnes. Victoire ? Pas vraiment.

Les trafiquants sont simplement devenus plus malins. Ou ils ont déplacé leurs routes. Le port du Havre, en France, a vu ses saisies exploser en 2024. Le problème n’a pas disparu, il a migré.

« On ne gagnera pas cette guerre tant qu’on ne s’attaque pas à la consommation ! »

Jacques Vandermeiren

Le PDG pose une question dérangeante : pourquoi la demande reste-t-elle si forte en Europe et aux États-Unis, alors qu’elle est quasi inexistante au Japon ?

Des producteurs de bananes équatoriens et colombiens lui ont confié une réalité glaçante : aucun conteneur destiné à Tokyo ou Kobe ne contient jamais de cocaïne. Tout simplement parce qu’il n’y a pas de marché.

Tous les grands ports d’Europe dans le même bateau

Anvers n’est pas un cas isolé. Rotterdam, Hambourg, Brême, Le Havre… Tous les grands ports de l’ouest de l’Europe font face aux mêmes défis sécuritaires et criminels.

La proposition de porter les dépenses de défense à 5 % du PIB d’ici 2035, discutée au sein de l’OTAN, pourrait changer la donne. Cet argent servirait aussi à protéger les infrastructures critiques : ports, ponts, tunnels, chemins de fer.

Le port d’Anvers espère bien en bénéficier. Car aujourd’hui, il se sent seul face à des menaces qui le dépassent.

Une vulnérabilité qui dépasse les frontières belges

Ce qui se joue à Anvers concerne toute l’Europe. Un arrêt prolongé du port, qu’il soit causé par une attaque de drones ou par une infiltration massive du crime organisé, aurait des conséquences économiques en cascade.

Des millions de tonnes de marchandises transitent chaque année. Des chaînes d’approvisionnement entières dépendent de ce hub. Une paralysie, même temporaire, ferait trembler les économies du continent.

Et pendant ce temps, les drones continuent de voler. Les conteneurs continuent d’arriver. Et les questions restent sans réponse.

Jusqu’à quand tiendra cette fragile ligne de défense entre l’Europe et ceux qui veulent la déstabiliser, d’en haut ou par les cales des navires ?

Résumé des menaces actuelles pesant sur le port d’Anvers :

  • Survols répétés de drones indétectables par les radars classiques
  • Absence de défense antiaérienne adaptée depuis 2022
  • Trafic de cocaïne toujours massif malgré la baisse des saisies locales
  • Adaptation permanente des méthodes des narcotrafiquants
  • Risque réel d’attaque visant à paralyser l’économie belge et européenne

Le port d’Anvers est plus qu’un lieu de transit. Il est devenu le symbole des nouvelles fragilités européennes face à des menaces multiples et évolutives. Et pour l’instant, les réponses peinent à suivre le rythme des dangers.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.