Imaginez la scène : un chanteur adulé par des millions de fans, une nuit d’hôtel à Paris en 2016, une rencontre qui tourne mal. Neuf ans plus tard, le dossier prend un tournant aussi brutal qu’inattendu. Celle qui accusait Saad Lamjarred de viol et de violences est aujourd’hui soupçonnée d’avoir voulu monnayer son silence à hauteur de trois millions d’euros.
Un revirement qui ébranle tout le dossier
Cette information, révélée par une source judiciaire, change radicalement la lecture de l’affaire. La jeune femme de 29 ans aurait contacté le manager du chanteur pour exiger cette somme astronomique en échange du retrait de sa plainte ou de son absence à l’audience d’appel. Une tentative d’extorsion qui, si elle est avérée, pourrait remettre en cause l’ensemble des accusations portées depuis 2016.
Saad Lamjarred, lui, n’a pas cédé. Il a immédiatement alerté les autorités françaises, permettant l’ouverture d’une enquête pour « tentative d’extorsion » et « association de malfaiteurs ». Quatre autres personnes sont impliquées : la mère de la plaignante, une avocate, une influenceuse et un autre individu. Tous seront convoqués devant le tribunal correctionnel de Paris.
Que s’est-il réellement passé en 2016 ?
Retour en octobre 2016. Saad Lamjarred, alors au sommet de sa carrière avec le tube Lm3allem qui dépasse le milliard de vues, passe une soirée dans une boîte de nuit parisienne. Il rencontre une jeune Française de 20 ans. Selon elle, la soirée se termine dans une chambre d’hôtel où il l’aurait violée et frappée. Selon lui, aucune relation sexuelle n’a eu lieu et les marques sur le corps de la jeune femme proviendraient d’une dispute consentie qui aurait mal tourné.
En février 2023, la cour d’assises de Paris le reconnaît coupable et le condamne à six ans de prison ferme. Le chanteur fait aussitôt appel. Un nouveau procès devait se tenir en juin dernier à Créteil, mais il a été reporté sine die. Personne ne savait vraiment pourquoi… jusqu’à aujourd’hui.
« Ces nouveaux éléments fragilisent la crédibilité de la partie civile et par conséquent l’accusation devant la cour d’assises de Créteil »
Maîtres Zoé Royaux et Laurent Simeray, avocats de Saad Lamjarred
Une tentative d’extorsion soigneusement préparée
La demande de trois millions d’euros n’est pas sortie de nulle part. Selon les éléments de l’enquête, la jeune femme aurait agi avec méthode, impliquant plusieurs proches. L’argent devait permettre, selon elle, de « tourner la page » et d’éviter une nouvelle confrontation publique devant la cour d’assises.
Le chanteur, conseillé par son entourage, a préféré enregistrer les échanges et porter plainte. Une décision courageuse quand on connaît la popularité de l’artiste au Maroc et dans le monde arabe : un mauvais pas aurait pu lui coûter cher médiatiquement.
Les chefs d’inculpation retenus contre la plaignante et ses complices :
- Tentative d’extorsion de fonds
- Association de malfaiteurs
- Subornation de témoin (tentative)
Un deuxième procès en décembre dans le Var
Comme si l’affaire parisienne ne suffisait pas, Saad Lamjarred doit comparaître dès le 1er décembre devant la cour d’assises du Var, à Draguignan. Les faits reprochés sont quasi identiques : une autre jeune femme l’accuse de l’avoir violée en 2018 dans une suite d’hôtel à Saint-Tropez après une soirée en discothèque.
Cette seconde affaire avait été suspendue le temps du procès parisien. Avec les nouveaux développements de l’affaire de 2016, la défense espère sans doute que le doute bénéficiera aussi à son client dans le dossier de 2018.
Une carrière sous haute tension depuis 2016
Depuis neuf ans, chaque sortie d’album, chaque concert, chaque clip de Saad Lamjarred est scruté à la loupe. Malgré les affaires judiciaires, il reste l’un des artistes les plus streamés du monde arabe. Ses fans, nombreux et fervents, ont toujours clamé son innocence, organisant des campagnes massives sur les réseaux sociaux.
D’autres accusations avaient déjà émergé par le passé : une plainte à New York en 2010 (classée sans suite), une autre à Casablanca. Mais aucune n’avait eu l’impact des dossiers français.
Au Maroc, le soutien populaire reste intact. Le roi Mohammed VI avait même pris en charge ses frais d’avocats en 2016, signe de la place particulière qu’occupe l’artiste dans le paysage culturel marocain.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Plusieurs scénarios sont possibles. Le procès pour extorsion pourrait se tenir avant le nouvel appel du dossier viol de 2016. Si la plaignante est condamnée, sa crédibilité sera irrémédiablement atteinte et l’accusation risque de s’effondrer.
À l’inverse, si le tribunal correctionnel relaxe la jeune femme, l’accusation de viol pourrait retrouver de la force. Tout reste ouvert.
Une chose est sûre : cette affaire illustre, une fois de plus, la complexité des dossiers de mœurs impliquant des personnalités publiques. Entre vérité judiciaire, pression médiatique et jeux d’influence, la frontière entre victime et accusé n’a jamais paru aussi floue.
Au-delà du cas Saad Lamjarred, c’est toute la question du chantage dans les affaires de viol qui est posée. Combien de plaintes, parmi les milliers déposées chaque année, cachent des motivations financières ? La justice française devra trancher. Et le public, lui, continuera de débattre passionnément.
Affaire à suivre, donc. Très étroitement.









