Alors que l’extrême droite poursuit son ascension en France, la communauté franco-algérienne exprime ses inquiétudes grandissantes. Dans un climat politique tendu, marqué par une rhétorique anti-immigration et des actes racistes en hausse, de nombreux Franco-Algériens se confient sur leur mal-être et leurs craintes pour l’avenir.
“J’ai peur de me faire agresser à chaque coin de rue”
Karim, 35 ans, résidant en banlieue parisienne, témoigne : “Chaque fois que je sors de chez moi, j’ai la boule au ventre. J’ai peur que les violences racistes deviennent monnaie courante, qu’on risque de se faire casser la gueule à chaque coin de rue, ou que la police se sente autorisée à faire ce qu’elle veut”. Un sentiment partagé par de nombreux membres de la communauté, qui se sentent de plus en plus stigmatisés et ciblés.
Avant, l’islamophobie était plus sournoise, maintenant elle s’affiche au grand jour. On nous regarde de travers, on nous insulte ouvertement. C’est devenu invivable.
Fatima, 42 ans, mère de famille
La banalisation de la haine inquiète
Au-delà des agressions physiques, c’est la banalisation des discours haineux qui alarme la communauté franco-algérienne. Sur les réseaux sociaux, dans les médias, et même dans la sphère politique, les propos racistes et islamophobes se multiplient, sans susciter l’indignation nécessaire.
Quand des personnalités publiques tiennent des propos scandaleux sur l’islam ou l’immigration, ça légitime la haine ordinaire. On a l’impression que le racisme est devenu acceptable, et ça fait peur.
Hassan, étudiant de 22 ans
L’intégration remise en question
Pour de nombreux Franco-Algériens, la montée de l’extrême droite remet en cause leur place dans la société française. Malgré leurs efforts d’intégration, beaucoup ont le sentiment de ne jamais être considérés comme de “vrais” Français.
On nous renvoie sans cesse à nos origines, à notre religion. Peu importe qu’on soit nés ici, qu’on travaille, qu’on contribue à la société. Aux yeux de certains, on sera toujours des étrangers.
Samia, infirmière de 28 ans
Un avenir incertain
Face à cette situation préoccupante, de nombreux Franco-Algériens s’interrogent sur leur avenir en France. Certains envisagent même de quitter le pays, craignant une dégradation irréversible du climat social.
J’ai grandi ici, je me suis toujours senti français. Mais aujourd’hui, je me demande si mes enfants auront leur place dans cette société. Si les choses continuent ainsi, je n’exclus pas de partir, même si ça me brise le cœur.
Mohamed, chef d’entreprise de 45 ans
La montée de l’extrême droite et la banalisation du racisme suscitent une vive inquiétude au sein de la communauté franco-algérienne. Au-delà des témoignages individuels, c’est tout un pan de la société française qui se sent menacé et remis en question. Un défi majeur pour la cohésion nationale, qui appelle à une prise de conscience collective et à une réponse politique ferme face à la haine et à la discrimination.