Le silence relatif qui régnait depuis le 10 octobre sur la bande de Gaza vient une nouvelle fois d’être troublé. Mardi soir, l’armée israélienne a annoncé avoir éliminé cinq combattants palestiniens dans le secteur de Rafah, dans le sud du territoire. Ces hommes armés auraient été repérés alors qu’ils sortaient vraisemblablement d’un tunnel souterrain.
Une opération ciblée dans l’est de Rafah
Les faits se sont déroulés en début de journée. Lors de recherches menées par les soldats israéliens dans l’est de Rafah, cinq individus armés ont été détectés. Selon le communiqué officiel de l’armée, ils émergeaient probablement d’un tunnel appartenant à une organisation qualifiée de terroriste.
L’intervention a été rapide et précise. Les militaires ont ouvert le feu, neutralisant immédiatement les cinq hommes. Aucun soldat israélien n’a été blessé lors de cet échange.
Cette opération s’inscrit dans un contexte particulier : une partie des forces israéliennes reste déployée à Rafah dans le cadre même de l’accord de cessez-le-feu conclu il y a plus d’un mois. Leur présence vise officiellement à empêcher toute reconstitution militaire souterraine.
Les tunnels, éternel point de tension
Depuis des années, le réseau de tunnels creusés sous Gaza constitue un sujet brûlant. Ces galeries servent à la fois au déplacement discret des combattants, au stockage d’armes et, selon les autorités israéliennes, à préparer des attaques.
À Rafah, située à la frontière avec l’Égypte, ce réseau est particulièrement dense. Des sources estiment que plusieurs centaines de combattants pourraient encore s’y trouver, isolés des commandements extérieurs depuis la reprise partielle du contrôle terrestre par l’armée israélienne.
La délégation du Hamas, reçue récemment au Caire, a d’ailleurs évoqué ce point précis avec les médiateurs égyptiens. Les communications avec certains groupes basés sous Rafah seraient totalement interrompues, laissant craindre le pire pour leur sort.
Un autre incident à la « ligne jaune »
Le même soir, un second événement a été rapporté par l’armée. Un individu a franchi ce que les militaires appellent la « ligne jaune », cette démarcation virtuelle qui sépare les zones encore sous contrôle israélien du reste du territoire géré par les autorités palestiniennes.
Sans hésitation, les soldats ont fait usage de leurs armes. L’homme a été abattu. Aucun détail supplémentaire n’a été communiqué sur son identité ni sur ses intentions.
Ces lignes de démarcation, mises en place après le cessez-le-feu, sont censées garantir la sécurité des troupes encore présentes tout en permettant une certaine liberté de mouvement à la population civile. En pratique, elles restent des points de friction permanents.
La question toujours sensible des otages
Parallèlement à ces incidents armés, un autre dossier avance lentement : celui des otages enlevés le 7 octobre 2023. Mardi, le Hamas et le Jihad Islamique ont remis à la Croix-Rouge internationale ce qu’ils présentent comme la dépouille de l’un des trois derniers otages encore retenus.
Le corps a immédiatement été transféré aux forces israéliennes avant d’être acheminé vers l’Institut national de médecine légale pour identification formelle. Selon l’accord conclu sous médiation américaine, il restait trois dépouilles à restituer : deux citoyens israéliens et un ressortissant thaïlandais.
Cette remise intervient après plusieurs semaines de négociations tendues. Chaque étape de ce processus reste scrutée avec attention par les familles concernées et par l’opinion publique des deux côtés.
« Chaque corps rendu est une douleur immense, mais aussi la preuve que l’accord tient malgré tout », confiait récemment un proche d’une famille d’otage.
Un cessez-le-feu sous haute tension
L’accord du 10 octobre avait été salué comme une avancée majeure après plus de deux années de conflit ouvert. Il prévoyait l’arrêt des hostilités majeures, le retour progressif des déplacés et la restitution des otages et des dépouilles.
Mais la réalité sur le terrain est plus nuancée. Les accusations de violations pleuvent de part et d’autre. Les chiffres avancés par le ministère de la Santé de Gaza font état d’au moins 339 Palestiniens tués depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Côté israélien, on insiste sur le caractère défensif des opérations menées et sur la nécessité de neutraliser toute menace immédiate, même en période de trêve.
Que retenir de ces dernières 24 heures ?
Ces événements, bien que limités en ampleur, illustrent la fragilité extrême de la situation actuelle. Un tunnel repéré, cinq combattants éliminés, un homme abattu à la frontière, une dépouille rendue : chaque incident peut être interprété comme une violation ou comme une mesure de sécurité légitime selon le camp auquel on appartient.
Le cessez-le-feu tient toujours sur le papier. Mais dans les ru-elles de Rafah et sous ses tunnels, la guerre semble n’avoir jamais vraiment cessé. La moindre étincelle pourrait suffire à tout faire basculer à nouveau.
En attendant, les familles des derniers otages retiennent leur souffle. Et les habitants de Gaza continuent de vivre au rythme des contrôles, des restrictions et des bruits lointains qui rappellent que la paix reste, pour l’instant, un vœu pieux.
À retenir : Malgré le cessez-le-feu du 10 octobre, les affrontements localisés persistent à Rafah. Cinq combattants neutralisés, un franchissement fatal de la ligne de démarcation et la remise d’une dépouille d’otage marquent une journée particulièrement lourde dans le sud de la bande de Gaza.
La situation évolue d’heure en heure. Nous continuerons à suivre pour vous les prochains développements de ce conflit qui, plus d’un mois après la trêve officielle, refuse de s’éteindre complètement.









