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Pourparlers Ukraine : Un Nouvel Élan Fragile Vers la Paix

À Genève, un « nouvel élan » pour la paix en Ukraine ? Les Européens et Kiev parlent d’avancées, mais la Russie rejette le contre-plan et les États-Unis maintiennent la pression. Un accord est-il vraiment proche ou sommes-nous au bord d’un nouvel échec ?

Et si la guerre la plus meurtrière en Europe depuis 1945 était sur le point de connaître un tournant décisif ? Après presque quatre années d’un conflit qui a déjà fait des centaines de milliers de victimes, des discussions d’urgence à Genève viennent de redonner une lueur d’espoir, fragile mais réelle, à ceux qui croient encore à une issue négociée.

Un week-end décisif à Genève : ce qui s’est vraiment passé

Dimanche, dans l’urgence la plus totale, Ukrainiens, Américains et Européens se sont retrouvés autour d’une table pour examiner un projet de plan de paix en 28 points. Ce document, porté initialement par l’administration américaine, reprend de nombreuses exigences russes et a immédiatement suscité la controverse.

L’atmosphère ? Un responsable ukrainien la décrit comme « parfois tendue, parfois plus légère, mais globalement constructive ». Des mots prudents qui trahissent l’intensité des échanges. Car derrière les poignées de main et les communiqués policés, la pression est énorme.

Le plan initial : une proposition très favorable à Moscou

Le texte de départ comportait des concessions majeures pour Kiev : reconnaissance de pertes territoriales, limitation drastique de l’armée ukrainienne, neutralité forcée. Autant de points qui, pour beaucoup, ressemblaient davantage à une capitulation qu’à un accord équilibré.

Le président russe n’a d’ailleurs pas caché sa satisfaction face à cette première version, la qualifiant même de « base possible » pour un règlement final lors d’un échange avec son homologue turc.

« Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine ??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire »

Message publié sur Truth Social par le président américain

Cette phrase, presque provocatrice, résume l’état d’esprit outre-Atlantique : l’optimisme affiché cache mal une volonté ferme d’aboutir rapidement, même au prix de concessions douloureuses pour l’Ukraine.

Kiev tient bon sur les lignes rouges

Face à cette pression, Volodymyr Zelensky n’a pas cédé. Lundi, depuis la Suède où il participait à une conférence virtuelle, le président ukrainien a reconnu des « avancées » tout en martelant qu’il fallait « beaucoup plus » pour parler de paix réelle.

Parmi les points positifs qu’il a soulignés figurent deux exigences ukrainiennes longtemps bloquées :

  • La libération totale des prisonniers selon la formule « tous contre tous », y compris les civils.
  • Le retour de tous les enfants ukrainiens déportés en Russie, un sujet particulièrement sensible.

Ces deux éléments, qualifiés d’« extrêmement sensibles », ont été intégrés dans les discussions. Un pas en avant non négligeable, même si rien n’est encore acté définitivement.

L’Europe tente de rééquilibrer la balance

Depuis Luanda, où se tenait un sommet UE-Union africaine, les dirigeants européens ont affiché une prudence optimiste. Ursula von der Leyen a parlé d’une « base solide pour avancer », tandis qu’Antonio Costa saluait un « nouvel élan ».

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a été plus direct : pour lui, la Russie doit absolument être présente à la table des négociations. Sans Moscou, aucun accord durable n’est possible. Mais il a immédiatement tempéré : une percée cette semaine reste « improbable ».

Moscou rejette la contre-proposition européenne

Et c’est là que le bât blesse. Lundi matin, le Kremlin a balayé d’un revers de main le contre-plan élaboré par les Européens. Pour Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, ce document « n’est pas du tout constructif » et « ne convient pas » à la Russie.

Un rejet net qui rappelle que, malgré les déclarations encourageantes, les positions restent très éloignées. Moscou continue de considérer le plan américain initial comme la seule base sérieuse.

Une pression américaine qui ne faiblit pas totalement

À Genève, les États-Unis ont exercé une forte pression sur l’Ukraine pour accepter leurs propositions. Un haut responsable a confié à l’AFP que cette pression s’était « atténuée » au fil de la réunion, mais qu’elle demeurait « globale ».

Initialement, un délai au 27 novembre avait même été fixé à Volodymyr Zelensky pour répondre. Un ultimatum qui a finalement été assoupli : ce n’est « pas la dernière offre », a-t-on fait savoir.

Prochaines étapes : Luanda, visioconférence et peut-être Washington

Le dossier ukrainien reste au cœur de l’agenda international. Lundi à Luanda, mardi en visioconférence avec la « Coalition des volontaires » qui regroupe les principaux alliés de Kiev.

Et dans les coulisses, l’hypothèse d’une visite de Zelensky à Washington est sérieusement envisagée, même si aucune date n’est encore fixée. Un déplacement qui pourrait s’avérer décisif.

Sur le terrain, la guerre continue

Parce qu’il ne faut jamais l’oublier : pendant que les diplomates discutent, les combats se poursuivent. Lundi, la Russie a revendiqué la prise d’un nouveau village dans la région de Zaporijjia. À Kharkiv, des frappes aériennes ont fait au moins quatre morts.

Cette progression lente mais continue des forces russes accentue la pression sur Kiev et rend chaque jour plus urgente la recherche d’une solution négociée.

Un moment critique pour l’Ukraine

Volodymyr Zelensky l’a répété : son pays vit un « moment critique ». Entre les exigences américaines, le refus russe de toute concession significative et la nécessité de préserver la souveraineté nationale, la marge de manœuvre est étroite.

Pourtant, malgré les obstacles, une chose est sûre : pour la première fois depuis longtemps, toutes les parties parlent d’avancées. Reste à savoir si ce fragile élan résistera aux prochaines épreuves.

Car derrière les communiqués optimistes, une question demeure : qui sera prêt à faire les concessions nécessaires pour mettre fin à quatre années de guerre ? La réponse, dans les prochains jours ou semaines, pourrait changer le cours de l’histoire européenne.

À retenir : Les discussions de Genève ont permis des avancées sur des points sensibles (prisonniers, enfants), mais les divergences restent profondes. L’Europe pousse pour un accord plus équilibré, la Russie campe sur ses positions et les États-Unis maintiennent la pression. Rien n’est joué.

La suite des négociations s’annonce aussi intense que déterminante. Et le monde entier retient son souffle.

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