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Mission Jeanne d’Arc : À l’école de la mer et de la guerre

Plongez dans les coulisses de la Mission Jeanne d'Arc, où les futurs officiers de la Marine nationale se forment aux opérations les plus complexes. Du tranquille au tactique, découvrez comment ces jeunes élèves deviennent des pros de la guerre navale...

C’est au cœur de l’océan Atlantique, entre les îles du Cap-Vert et Cayenne, que la routine studieuse des officiers-élèves de la Marine nationale vient de basculer. Alors que le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre, qui accueille l’École d’application des officiers de Marine (EAOM), voguait paisiblement au gré des exercices, la réalité du monde extérieur a fait une entrée fracassante.

En Haïti, la violence des gangs armés a atteint des sommets inédits. Port-au-Prince, la capitale, est en partie aux mains du sinistre “Barbecue”, qui doit son surnom macabre à ses victimes brûlées vives. Face à cette situation critique, l’ordre tombe : il faut se préparer à évacuer les ressortissants français dont la vie est menacée. Pour ces jeunes officiers encore en formation, c’est un baptême du feu aussi soudain qu’intense.

Une mission qui bascule dans l’opérationnel

Escorté par la frégate Guépratte, sa fidèle “conserve”, le Tonnerre met le cap sur Fort-de-France. Là, le bâtiment se transforme en véritable base avancée, embarquant hélicoptères de transport, soldats de l’infanterie de marine et commandos des forces spéciales. Comme lors de tout assaut amphibie d’envergure, une répétition grandeur nature est organisée sur l’île de Marie-Galante. Puis vient l’heure H.

Un pont aérien héliporté est mis en place pour extraire les premiers ressortissants français. Mais les appareils essuient des tirs nourris, l’un d’eux recevant même des impacts de balles dans la carlingue. Les rotations suivantes se feront de nuit, pour plus de discrétion et de sécurité. Pendant ce temps, une barge amphibie se charge d’exfiltrer d’autres compatriotes basés aux Cayes.

En un temps record, ce sont 243 personnes, dont 170 Français, qui sont ainsi mises à l’abri. À bord du Tonnerre, c’est la mobilisation générale pour accueillir et réconforter ceux qui, pour certains, abandonnent toute une vie derrière eux. Un moment intense et révélateur, comme le souligne le commandant Hadrien Schaar :

Ce fut un moment très fort pour tous et en particulier nos jeunes, quand le soldat français peut montrer son cœur et ses qualités humaines.

– Hadrien Schaar, commandant du Tonnerre

Une navigation initiatique riche en défis

Si les officiers-élèves ont pu craindre un instant que cette opération inopinée ne perturbe leur programme de navigation, celle-ci n’aura finalement été qu’une étape supplémentaire dans un périple déjà riche en enseignements. Baptisée “Mission Jeanne d’Arc”, cette campagne d’endurance de cinq mois doit en effet leur permettre de découvrir tous les aspects du métier, au fil d’escales mythiques autour des Amériques.

Parti de Toulon en février, le groupe écoles ne retrouvera son port d’attache qu’à la mi-juillet, après avoir sillonné deux océans et acquis un savoir-faire unique. Car si la théorie a son importance, rien ne remplace l’expérience du terrain pour forger les officiers de demain. Des officiers capables de passer en un clin d’œil de la quiétude des exercices à l’urgence d’une situation de crise.

Avec cette évacuation express en Haïti, les jeunes élèves de l’EAOM auront en tout cas eu un aperçu saisissant de ce qui les attend. Une plongée dans le grand bain, où l’excellence opérationnelle se conjugue avec l’exigence de l’engagement humain. Car être officier de marine, c’est aussi savoir se mettre au service des autres, parfois dans les conditions les plus extrêmes.

Une leçon que ces futurs cadres n’oublieront pas de sitôt, eux qui aspirent à servir sur toutes les mers du globe. Avec en ligne de mire, peut-être, le commandement un jour d’un bâtiment aussi polyvalent et performant que le Tonnerre, véritable couteau suisse des mers capable de mener de front formation, diplomatie et interventions d’urgence. Un concentré de savoir-faire et de valeurs, à l’image de cette Marine nationale qui ne cesse de se réinventer pour faire face aux défis du XXIe siècle.

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