La nouvelle est tombée en début de semaine, brutale et familière à la fois. Trois personnes ont perdu la vie dans la bande de Gaza sous des frappes israéliennes, alors que la trêve, entrée en vigueur le 10 octobre, était censée ramener un semblant de calme après deux années de guerre. Ce qui devait être une accalmie se transforme peu à peu en une succession d’incidents qui mettent en péril tout l’édifice de paix.
Une trêve sous haute tension
Depuis six semaines, les habitants et observateurs retenaient leur souffle. L’accord, conclu sous l’égide des États-Unis, avait permis un retour relatif au calme. Les sirènes s’étaient tues, les écoles avaient rouvert timidement, les camions d’aide humanitaire circulaient à nouveau. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon le ministère de la Santé local, 339 Palestiniens ont été tués depuis l’entrée en vigueur de la trêve. Un bilan qui, même s’il reste bien inférieur aux périodes de guerre ouverte, montre que la violence n’a jamais vraiment disparu.
Que s’est-il passé ce lundi ?
Le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, a été très précis. Deux personnes ont été tuées par un drone dans la zone de Bani Souhaila, à l’est de Khan Younès. Une troisième a succombé après le tir d’un obus de char dans le quartier d’al-Touffah, au nord-est de Gaza-ville. Les corps ont été pris en charge rapidement, mais le message est clair : la mort continue de frapper, même en période de cessez-le-feu.
« Trois martyrs ont été pris en charge après avoir été tués par les tirs israéliens »
Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile
Du côté israélien, la version diffère sensiblement. L’armée affirme que trois individus qualifiés de « terroristes » ont franchi à deux reprises la « ligne jaune » dans le secteur de Khan Younès. Les forces présentes sur place les auraient alors « frappés » alors qu’ils s’approchaient dangereusement des positions militaires. Plus tard dans la semaine, un nouveau communiqué a fait état d’hommes ayant marché vers les troupes au nord du territoire, provoquant l’ouverture du feu après franchissement des lignes.
Des versions irréconciliables
Comme souvent dans ce conflit, chaque camp livre sa vérité. D’un côté, on parle de civils ou de combattants tués sans raison valable. De l’autre, on évoque des menaces immédiates neutralisées pour protéger les soldats. Entre les deux, la population gazaouie continue de payer le prix fort.
Les hôpitaux, eux, ne prennent pas parti. L’hôpital Nasser de Khan Younès a confirmé la réception de deux corps et de trois blessés, dont un dans un état critique. À Gaza-ville, le directeur de l’hôpital al-Chifa, Mohammad Abou Salmiya, a fait état d’un mort et de plusieurs blessés après le passage d’un char dans le quartier al-Touffah.
Un climat de suspicion permanente
Ce qui frappe dans ces incidents, c’est leur répétition. Presque chaque semaine apporte son lot de victimes présentées tantôt comme des violations flagrantes de la trêve, tantôt comme des opérations de routine pour maintenir la sécurité. Le Hamas accuse Israël de saborder délibérément l’accord. Israël répond que le Hamas continue d’armer des cellules et d’envoyer des hommes tester les lignes.
Dans ce contexte, la moindre étincelle peut remettre le feu aux poudres. Un drone qui survole trop bas, un groupe d’hommes qui s’approche d’une zone tampon, un obus qui part trop vite… Tout devient prétexte à escalation.
Les chiffres qui font mal
Depuis le 10 octobre, date d’entrée en vigueur de la trêve :
- 339 Palestiniens tués selon le ministère de la Santé de Gaza
- Des dizaines de blessés chaque semaine
- Des frappes aériennes signalées presque quotidiennement dans le sud
- Des incursions ou tentatives d’approche rapportées par l’armée israélienne
Ces chiffres, bien que très inférieurs aux bilans des périodes de guerre totale, restent insupportables pour une population qui aspire simplement à vivre normalement.
Et maintenant ?
La question que tout le monde se pose est simple : cette trêve va-t-elle tenir ? Les médiateurs américains, égyptiens et qataris multiplient les appels au calme, mais sur le terrain, la confiance est au plus bas. Chaque mort supplémentaire éloigne un peu plus la perspective d’un véritable processus de paix.
Les habitants de Gaza, eux, continuent de vivre au rythme des sirènes d’ambulance et des communiqués contradictoires. Ils savent que la prochaine frappe, le prochain incident, pourrait être celui de trop.
Pour l’instant, la trêve tient. Mais elle tient sur un fil.
À retenir : Trois nouveaux morts ce lundi viennent rappeler que même en période de cessez-le-feu, la violence reste omniprésente dans la bande de Gaza. Entre accusations croisées et bilans humains qui s’alourdissent, l’espoir d’une paix durable semble plus fragile que jamais.
Il est encore temps d’agir, de faire pression, de rappeler que derrière les communiqués et les versions officielles, il y a des vies humaines. Des familles détruites, des enfants qui grandissent dans la peur, des hôpitaux débordés. La communauté internationale peut-elle encore détourner le regard ?
L’histoire nous dira bientôt si ces trois morts du lundi n’étaient qu’un incident de plus… ou le début de la fin de cette trêve si difficilement obtenue.









