ActualitésCulture

Désenchantées : Lieux de Tournage Mystérieux en Hauts-de-France

Imaginez une adolescente disparue il y a vingt ans, un village côtier figé dans le deuil, et des falaises battues par les vents qui murmurent des secrets. Où la série Désenchantées a-t-elle capturé cette atmosphère glaçante ? La réponse se cache dans des paysages sauvages des Hauts-de-France, mais certains lieux restent enveloppés de mystère...

Et si une simple promenade sur une plage déserte pouvait raviver un cold case vieux de deux décennies ? C’est l’expérience viscérale que propose la série Désenchantées, diffusée sur France 2, où chaque grain de sable semble porter l’écho d’une disparition jamais élucidée. Loin des studios parisiens, les créateurs ont choisi de plonger leurs caméras au cœur d’une région souvent éclipsée par les projecteurs : les Hauts-de-France.

Des paysages qui deviennent acteurs

Dans Désenchantées, la nature n’est pas un simple fond d’écran. Elle respire, elle gronde, elle enveloppe les personnages d’une présence presque palpable. Les falaises crayeuses, les marées changeantes et les lumières rasantes du nord transforment chaque scène en tableau vivant. Ce choix immersif n’est pas anodin : il ancre le récit dans une réalité brute, où le décor dicte le rythme du suspense.

La production a privilégié des lieux authentiques, évitant les reconstitutions artificielles. Résultat ? Une série où l’on sent le sel sur la peau et le vent dans les cheveux, même assis dans son salon. Cette approche réaliste amplifie l’émotion et donne aux spectateurs l’impression de fouler le même sable que les protagonistes.

La Côte d’Opale, terre de contrastes

La Côte d’Opale s’étend comme une cicatrice lumineuse le long de la Manche. Ses falaises blanches tranchent avec le gris-bleu de la mer du Nord, créant des perspectives vertigineuses. C’est ici, entre Wissant et le cap Gris-Nez, que certaines des scènes les plus tendues ont été capturées.

À Ault, les équipes ont filmé au pied des falaises, là où la mer grignote inlassablement la côte. Ces décors naturels offrent une métaphore visuelle parfaite : une nature en perpétuel mouvement, comme les souvenirs qui resurgissent vingt ans après. Les habitants se souviennent encore des caméras installées au bord du chemin des falaises, bloquant parfois l’accès aux promeneurs.

Ambleteuse, avec son fort Vauban classé monument historique, apporte une touche patrimoniale. Les scènes nocturnes y gagnent en intensité, la silhouette massive du fort se découpant sur un ciel étoilé. Étaples, port de pêche authentique, injecte une dose de vie quotidienne : filets qui sèchent, odeurs de marée, cris de mouettes.

« La Côte d’Opale, c’est une lumière unique, changeante à chaque heure. Elle donne à la série cette mélancolie douce-amère qu’on cherchait. » – Un membre de l’équipe de production, anonyme.

La Baie de Somme, entre terre et mer

Plus au sud, la Baie de Somme offre un contraste saisissant. Ici, la mer se retire sur des kilomètres, découvrant des vasières miroitantes. Le Crotoy, avec ses cabanes de pêcheurs colorées, devient le théâtre de scènes introspectives. Les personnages y marchent longtemps, seuls avec leurs pensées, tandis que le soleil couchant embrase l’horizon.

Abbeville, ville d’art et d’histoire, apporte une dimension urbaine modeste. Ses rues pavées et ses bâtiments anciens contrastent avec la sauvagerie des côtes. C’est dans ces ruelles que Fanny, la journaliste incarnée par une actrice habitée, retrouve des témoins du drame passé.

La baie n’est pas seulement belle ; elle est vivante. Les marées dictent le planning de tournage : certaines séquences doivent être capturées à marée basse, d’autres à marée haute. Cette contrainte naturelle impose un rythme organique à la narration, où le temps semble suspendu entre deux vagues.

Les phoques, résidents permanents de la baie, ont même fait des apparitions improvisées. L’un d’eux, curieux, s’est approché si près de l’équipe qu’il a fallu interrompre le tournage. Ces moments imprévus ajoutent une touche de magie réaliste à la fiction.

Boulogne-sur-Mer, cœur judiciaire du récit

Le Palais de Justice de Boulogne-sur-Mer n’est pas un simple bâtiment administratif dans la série. Il devient le symbole d’une justice en quête de vérité. Ses colonnes imposantes et ses salles lambrissées accueillent des scènes de confrontation où les masques tombent.

Le choix de ce lieu réel renforce l’authenticité. Les acteurs évoluent dans un espace chargé d’histoire, où de vrais procès ont eu lieu. Cette porosité entre fiction et réalité trouble le spectateur : où s’arrête le jeu, où commence le documentaire ?

Les figurants, souvent des habitants locaux, apportent une touche supplémentaire de vérité. Une retraitée boulonnaise se souvient : « J’ai joué une greffière. Pendant la pause, un vrai magistrat m’a félicitée pour mon réalisme ! » Ces anecdotes de tournage circulent encore dans les cafés du port.

Une production ancrée dans le territoire

Derrière les caméras, c’est une véritable opération de séduction régionale qui s’est jouée. Hôtels, restaurants, écoles : tous ont ouvert leurs portes. À Wissant, un café a même rebaptisé un plat en hommage à la série pendant le tournage.

La région Hauts-de-France a soutenu financièrement le projet, voyant dans Désenchantées une opportunité de valoriser son patrimoine. Le CNC a suivi, reconnaissant la qualité artistique du scénario adapté du roman de Marie Vareille.

Banijay Studios France et Beside Productions ont coordonné une logistique complexe : transporter du matériel lourd sur des plages isolées, gérer les caprices de la météo nordique, coordonner des centaines de figurants. Le résultat ? Une série où chaque plan semble respirer l’air salin.

Lieu Rôle dans la série Spécificité visuelle
Ault Scènes de falaises dramatiques Falaises blanches abruptes
Cap Blanc-Nez Points de vue panoramiques Vue sur la Manche et l’Angleterre
Le Crotoy Promenades introspectives Marée basse étendue
Boulogne-sur-Mer Scènes judiciaires Architecture historique

David Hourrègue, un réalisateur en symbiose avec le nord

Le réalisateur David Hourrègue n’a pas choisi les Hauts-de-France par hasard. Connu pour son travail sur des séries où l’environnement dicte l’émotion, il a trouvé ici un terrain de jeu idéal. « La lumière du nord, dit-il, a cette qualité laiteuse qui révèle les visages sans les flatter. Parfait pour une histoire de secrets. »

Son approche documentaire dans la fiction transparaît dans chaque plan large : un pêcheur qui rentre son bateau, des enfants qui jouent sur la digue, une vieille dame qui regarde la mer. Ces micro-événements tissent la toile de fond d’une communauté marquée par la disparition de Sarah Leroy.

Hourrègue a imposé un tournage en lumière naturelle autant que possible. Résultat : des variations subtiles selon les heures, des couchers de soleil incendiés, des matins brumeux où les contours se dissolvent. Cette fidélité à la météo réelle donne à la série une texture unique.

L’adaptation du roman de Marie Vareille

Le roman original de Marie Vareille se déroulait dans une ville fictive. L’adaptation télévisuelle a choisi de l’ancrer dans une géographie précise, transformant Bouville-sur-Mer en un patchwork de vrais lieux. Ce choix renforce le réalisme : les spectateurs reconnaissent des paysages qu’ils ont peut-être arpentés.

Les scénaristes Claire Kanny, Solenn Le Priol et Chloé Glachant ont travaillé main dans la main avec des habitants pour intégrer des détails locaux. Un nom de rue, une fête traditionnelle, une légende de phare : ces éléments authentiques parsèment le récit.

La structure en deux temporalités – l’enquête passée et le retour présent – trouve un écho dans les marées. Comme la mer qui efface et révèle tour à tour, les souvenirs surgissent et se retirent, laissant place au doute.

Impact touristique et retombées locales

Dès la diffusion des premiers épisodes, les offices de tourisme ont noté une hausse des demandes. Des circuits « sur les traces de Désenchantées » voient le jour : randonnée des caps, visite guidée d’Ault, promenade en baie à marée basse.

Les commerçants surfent sur la vague : un hôtel du Crotoy propose un « package mystère » avec chambre vue mer et roman dédicacé. À Wissant, un bar a créé un cocktail « Sarah » – bleu comme la mer, avec une pointe d’amertume.

Cette dynamique illustre un phénomène plus large : les séries deviennent des ambassadeurs territoriaux. Après Les Petits Mouchoirs au Cap Ferret ou Lupin à Étretat, les Hauts-de-France entrent dans la danse avec Désenchantées.

Techniques de tournage en milieu naturel

Filmer en extérieur impose des contraintes inédites. Les drones capturent les vols de goélands au-dessus des falaises, mais doivent composer avec les vents violents. Les steadycams suivent les acteurs sur des sentiers escarpés, où un faux pas peut coûter cher.

La gestion du son est un casse-tête : le bruit constant des vagues nécessite des microphones directionnels perfectionnés. Parfois, il faut attendre le passage d’un bateau de pêche pour reprendre une prise.

La lumière, capricieuse, dicte le planning. Une scène prévue au lever du soleil peut être reportée si la brume persiste. Cette dépendance à la nature forge une équipe soudée, où la patience devient vertu cardinale.

Les habitants, figurants d’un jour

Plus de 500 figurants locaux ont participé. Des lycéens d’Abbeville aux retraités de Saint-Valery-sur-Somme, chacun apporte sa pierre. Une boulangère d’Étaples joue son propre rôle, servant de vrais croissants aux acteurs entre deux prises.

Ces participations créent un lien affectif avec la série. Les habitants se reconnaissent à l’écran, pointent du doigt « leur » plage, « leur » café. Cette appropriation collective transforme Désenchantées en événement régional.

Des ateliers ont été organisés pour préparer les figurants : comment marcher naturellement devant une caméra, comment réagir à un événement fictif. Ces formations, gratuites, ont séduit au-delà du tournage.

Comparaison avec d’autres séries régionales

Désenchantées s’inscrit dans une vague de fictions ancrées. Contrairement à certaines productions parisiano-centrées, elle valorise la province profonde. Comme Zone Blanche dans les Vosges ou Le Chalet dans les Alpes, elle fait du décor un personnage.

Mais ici, la mer ajoute une dimension supplémentaire : l’infini, l’effacement, le renouveau. Les marées deviennent métaphore du temps qui passe et des secrets qui ressurgissent.

Cette approche régionale répond à une demande croissante de diversité géographique dans les fictions françaises. Les spectateurs en ont assez des intrigues uniformément parisiennes ; ils veulent reconnaître leurs paysages.

L’avenir des tournages dans les Hauts-de-France

Le succès de Désenchantées ouvre des perspectives. D’autres projets affluent : une comédie romantique à Lille, un polar à Calais. La région se positionne comme alternative crédible aux studios d’Île-de-France.

Les infrastructures se développent : nouveaux plateaux, formations aux métiers du cinéma, aides financières renforcées. Les Hauts-de-France veulent devenir le « Hollywood du Nord ».

Cette dynamique bénéficie à tous : emploi local, visibilité touristique, fierté régionale. Désenchantées n’est que le début d’une belle histoire entre la fiction et ce territoire attachant.

En définitive, choisir les Hauts-de-France pour Désenchantées n’était pas qu’une décision logistique. C’était un acte artistique majeur, qui élève une série policière au rang de poème visuel. Les paysages, loin d’être décoratifs, deviennent le cœur battant du mystère. Et vous, prêt à arpenter ces côtes hantées par l’ombre de Sarah Leroy ?

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.