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L’Impact de la Promesse du Parti Travailliste sur l’Immigration au Royaume-Uni

Le leader travailliste Keir Starmer promet un changement radical de la politique d'immigration s'il est élu Premier ministre, donnant la priorité à l'embauche des Britanniques. Quelles seront les conséquences pour le pays ? L'analyse des enjeux...

Alors que la course à la succession de Rishi Sunak à la tête du gouvernement britannique bat son plein, le leader du Parti travailliste Keir Starmer a fait une promesse qui risque de bousculer le paysage politique et économique du pays. Dans une interview accordée au tabloïd The Sun début juin, il s’est engagé, s’il est élu Premier ministre, à “contrôler les frontières” et à “faire en sorte que les entreprises britanniques soient aidées à embaucher en priorité des Britanniques”. Une déclaration qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir de l’immigration et de l’emploi outre-Manche.

Un virage politique majeur pour les Travaillistes

Traditionnellement plus ouverts sur les questions migratoires que leurs rivaux conservateurs, les Travaillistes opèrent avec cette promesse un véritable changement de cap. Keir Starmer semble ainsi vouloir séduire un électorat préoccupé par l’immigration, dans un contexte post-Brexit où la rhétorique du “contrôle des frontières” reste très présente dans le débat public.

Mais au-delà des considérations électoralistes, c’est toute la politique d’immigration du Royaume-Uni qui pourrait être remise en question. Le pays fait face à une pénurie de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs clés, des services publics à l’hôtellerie-restauration en passant par l’agriculture. Une situation aggravée par le Brexit et les restrictions à la libre circulation des citoyens européens qui en ont découlé.

Quel impact sur l’économie britannique ?

De nombreux économistes s’inquiètent des conséquences qu’aurait un durcissement des règles d’immigration sur la croissance et la compétitivité du pays. Comme le soulignait récemment un rapport de l’ONG British Future :

Un système d’immigration trop restrictif risque de priver les entreprises britanniques de talents essentiels et de freiner l’innovation.

British Future

La priorité donnée à l’embauche des travailleurs nationaux, si elle peut sembler a priori positive pour l’emploi des Britanniques, comporte aussi des risques :

  • Difficultés de recrutement dans certains secteurs en tension
  • Perte de compétitivité face à des pays plus ouverts à l’immigration de travail
  • Hausse des coûts salariaux pour les entreprises en cas de pénurie de main-d’œuvre

Vers une refonte globale de la politique migratoire ?

Au-delà des enjeux économiques, la promesse de Keir Starmer soulève la question plus large de la place du Royaume-Uni dans le monde post-Brexit. Alors que le pays cherche à redéfinir ses relations avec ses partenaires internationaux, la tentation du repli migratoire peut sembler contradictoire avec l’objectif affiché de rayonnement mondial (Global Britain).

Reste à savoir comment cette promesse se traduirait concrètement en cas de victoire des Travaillistes aux prochaines élections. Quels seraient les secteurs et les types de visas concernés ? Quels garde-fous seraient mis en place pour éviter une pénurie de main-d’œuvre ? Le parti devra clarifier sa position et proposer un projet cohérent pour réformer le système migratoire britannique dans sa globalité.

Un débat qui divise la société britannique

Si elle a été saluée par une partie de l’opinion publique, inquiète de l’impact de l’immigration sur les salaires et les services publics, la sortie de Keir Starmer a aussi suscité de vives critiques. Des associations de défense des migrants ont dénoncé une promesse “populiste” et “irréaliste”, rappelant la contribution essentielle des travailleurs étrangers à l’économie et à la société britanniques.

De leur côté, les milieux d’affaires se sont montrés sceptiques, craignant des difficultés de recrutement accrues et une perte d’attractivité du pays. Le directeur général de la puissante fédération patronale CBI, Tony Danker, a ainsi appelé à un débat “pragmatique et non idéologique” sur l’immigration :

Il est crucial que nous ayons un système d’immigration qui permette aux entreprises d’embaucher les talents dont elles ont besoin pour rester compétitives, tout en contrôlant les flux.

Tony Danker

Un équilibre délicat à trouver pour le prochain gouvernement britannique, qui devra composer avec des attentes contradictoires au sein de la population. Car au-delà des clivages politiques, c’est toute la société britannique qui semble divisée sur cette question sensible, entre volonté de contrôle et besoin d’ouverture.

Quelle place pour l’immigration dans le “renouveau national” promis ?

Le 5 juillet 2024, Rishi Sunak subissait une lourde défaite électorale face à son rival travailliste, ouvrant la voie à un “renouveau national” selon les mots de Keir Starmer. Mais quelle sera la place de l’immigration dans ce projet de refondation ?

Dans son discours de victoire, le nouveau Premier ministre a tendu la main aux électeurs n’ayant pas voté pour lui, affirmant vouloir gouverner pour tous et mettre fin au sentiment d’abandon de pans entiers de la population. Une référence implicite aux “gens qui travaillent dur”, auxquels il a promis de donner la priorité en matière d’emploi.

Mais pour réussir son pari, Keir Starmer devra trouver le bon équilibre entre fermeté sur l’immigration et pragmatisme économique. Un défi de taille, alors que le Royaume-Uni doit relever de nombreux défis, du coût de la vie à la transition écologique en passant par la place du pays dans un monde post-Brexit.

Une chose est sûre : l’avenir de l’immigration s’annonce comme l’un des dossiers les plus brûlants de son mandat. Et de la capacité du nouveau Premier ministre à y répondre de manière juste et efficace dépendra en grande partie la réussite de son projet de “renouveau national”.

Le 5 juillet 2024, Rishi Sunak subissait une lourde défaite électorale face à son rival travailliste, ouvrant la voie à un “renouveau national” selon les mots de Keir Starmer. Mais quelle sera la place de l’immigration dans ce projet de refondation ?

Dans son discours de victoire, le nouveau Premier ministre a tendu la main aux électeurs n’ayant pas voté pour lui, affirmant vouloir gouverner pour tous et mettre fin au sentiment d’abandon de pans entiers de la population. Une référence implicite aux “gens qui travaillent dur”, auxquels il a promis de donner la priorité en matière d’emploi.

Mais pour réussir son pari, Keir Starmer devra trouver le bon équilibre entre fermeté sur l’immigration et pragmatisme économique. Un défi de taille, alors que le Royaume-Uni doit relever de nombreux défis, du coût de la vie à la transition écologique en passant par la place du pays dans un monde post-Brexit.

Une chose est sûre : l’avenir de l’immigration s’annonce comme l’un des dossiers les plus brûlants de son mandat. Et de la capacité du nouveau Premier ministre à y répondre de manière juste et efficace dépendra en grande partie la réussite de son projet de “renouveau national”.

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