Le destin prend parfois des détours inattendus pour réunir ceux qui ont été séparés. C’est le cas d’Elene Deisadzé et Anna Pantchoulidzé, deux jeunes filles géorgiennes qui ont découvert qu’elles étaient sœurs jumelles 18 ans après avoir été victimes d’un terrible trafic de bébés. Leur histoire, aussi incroyable que bouleversante, met en lumière un sombre chapitre de l’histoire de la Géorgie.
Un coup de pouce du destin sur TikTok
Tout commence lorsqu’Elene, étudiante en psychologie, tombe sur le profil TikTok d’Anna, qui lui ressemble étonnamment. Intriguée, elle la contacte et les deux jeunes filles entament une amitié en ligne. Elles découvrent rapidement qu’elles partagent bien plus qu’une simple ressemblance physique.
À leur majorité, Elene et Anna apprennent une vérité troublante : elles ont toutes deux été adoptées. Un test ADN leur révèle alors qu’elles ne sont pas seulement sœurs, mais jumelles. Une nouvelle qui bouleverse leur vie et les pousse à se questionner sur leur passé.
Un trafic de bébés à grande échelle
Leur histoire s’inscrit dans un contexte sombre : pendant plus de 50 ans, des dizaines de milliers de nouveau-nés géorgiens ont été arrachés à leurs mères et vendus, en Géorgie ou à l’étranger, dans le cadre d’un vaste trafic orchestré par des maternités et des agences d’adoption peu scrupuleuses.
On disait aux mères que leurs bébés étaient morts peu après la naissance et étaient enterrés dans le cimetière de l’hôpital. En fait, les hôpitaux n’avaient pas de cimetière et les bébés étaient secrètement enlevés et vendus à des parents adoptifs.
– Tamouna Mousseridzé, journaliste géorgienne
Selon les estimations, au moins 120 000 nourrissons auraient ainsi été arrachés à leurs familles entre 1950 et 2006. Un chiffre effarant qui témoigne de l’ampleur de ce trafic qui a brisé d’innombrables vies.
Un combat pour retrouver leurs origines
Comme Elene et Anna, de nombreux enfants adoptés cherchent aujourd’hui à renouer avec leurs racines. La journaliste Tamouna Mousseridzé, elle-même adoptée, a créé un groupe Facebook pour aider ces familles déchirées à se retrouver. Son travail a permis de réunir plus de 800 familles à ce jour.
Mais le chemin est encore long. Si plusieurs enquêtes ont été lancées, peu d’informations ont filtré et les zones d’ombre restent nombreuses. Les victimes attendent toujours une réelle prise en compte de leur souffrance par les autorités géorgiennes.
Un nouveau départ pour Elene et Anna
Pour Elene et Anna, ces révélations ont été un choc. Elles doivent aujourd’hui apprendre à composer avec cette nouvelle réalité, entre douleur et reconnaissance envers leurs parents adoptifs.
Les personnes qui m’ont élevée pendant 18 ans ne sont pas mes parents. Mais je ne ressens pas la moindre colère, seulement une immense gratitude envers ceux qui m’ont élevée et la joie d’avoir retrouvé ma chair et mon sang.
– Anna Pantchoulidzé
Leur histoire, comme celle de nombreux autres enfants géorgiens, illustre la résilience dont sont capables les victimes de ce trafic. Malgré la douleur, elles sont déterminées à se reconstruire et à renouer avec leurs origines, pour mieux se tourner vers l’avenir.