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Législatives 2024 : l’appel au « barrage » contre l’extrême droite divise la France

Après un premier tour des législatives marqué par une percée de l'extrême droite, l'appel au « barrage républicain » divise. Alors que la gauche et la majorité appellent à faire front, beaucoup dénoncent un déni démocratique. Le second tour s'annonce sous haute tension...

La France retient son souffle. Au lendemain d’un premier tour des élections législatives marqué par une percée historique de l’extrême droite, la question du « barrage républicain » enflamme le débat politique. Alors que la gauche et la majorité présidentielle appellent à une grande « union sacrée » contre le Rassemblement National au second tour, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme un déni démocratique.

Le spectre d’une Assemblée bleu Marine

Avec plus de 30% des suffrages exprimés et des candidats qualifiés dans près de 400 circonscriptions, le parti de Marine Le Pen est en position de force pour le second tour. Un scénario cauchemardesque pour tous ceux qui rêvent encore d’un front républicain pour contrer l’extrême droite. Dès l’annonce des résultats, les leaders de la gauche et de la majorité ont ainsi multiplié les appels solennels au rassemblement et à la mobilisation des électeurs.

Il faut faire barrage à l’extrême droite par tous les moyens démocratiques.

– Élisabeth Borne, Première Ministre

Du côté de La France Insoumise et d’EELV, le mot d’ordre est clair : pas une voix ne doit aller au RN, quitte à voter pour un candidat de la majorité dans les duels LREM/RN. Une position loin de faire l’unanimité à gauche, où certains refusent de « choisir entre la peste et le choléra ».

Le malaise démocratique

Car au-delà des appels aux bons sentiments, cette élection semble cristalliser un profond malaise démocratique. Pour beaucoup, le fameux « barrage » apparaît en effet de plus en plus comme un rituel hypocrite, un pis-aller destiné à masquer l’incapacité des partis traditionnels à répondre aux attentes des Français.

  • Un Français sur deux n’est pas allé voter au premier tour
  • Les votes RN apparaissent de plus en plus comme un choix d’adhésion

Dans ce contexte, le sentiment de dépossession politique n’a cessé de croître ces dernières années. Et les résultats du premier tour sont venus confirmer cette tendance de fond, avec une abstention record et des votes protestataires qui se portent massivement sur le RN et dans une moindre mesure sur LFI.

Vers un Parlement ingouvernable ?

Dès lors, c’est la question de la représentativité et de la légitimité du futur Parlement qui se pose. Si l’extrême droite devait être largement battue grâce au front républicain, au prix d’alliances contre-nature, le risque est grand de voir émerger une Assemblée fragile et contestée, minée par les rancœurs et les conflits.

On risque d’avoir un Parlement coupé du pays réel, où les extrêmes seront sous-représentés par rapport à leur poids réel.

– Un député sortant

Un scénario périlleux au moment où la France affronte de multiples crises et a plus que jamais besoin d’un pouvoir fort et légitime pour tracer une route claire. Le second tour du 18 juin s’annonce donc crucial et incertain. Et au-delà de l’enjeu du barrage, c’est bien la question de l’avenir de notre démocratie qui se joue.

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