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Manifestation Massive à Jérusalem Contre Conscription

Des dizaines de milliers d'hommes en noir envahissent Jérusalem pour priAnalysant la requête- La demande porte sur la génération d'un article de blog en français à partir d'un texte fourni sur une manifestation à Jérusalem contre la conscription pour les juifs ultra-orthodoxes. er contre la conscription. Un rabbin tonne, un hélicoptère survole... Mais un accident tragique met fin au rassemblement. Que cache cette mobilisation massive qui menace la stabilité du gouvernement ?

Imaginez une marée humaine entièrement vêtue de noir bloquant l’une des artères principales d’une ville trois fois millénaire. Jeudi, ce n’était pas une scène de film mais la réalité brutale des rues de Jérusalem. Des dizaines de milliers d’hommes ultra-orthodoxes ont transformé l’entrée de la ville sainte en un océan de prière et de contestation silencieuse.

Une Mobilisation Sans Précédent dans la Ville Sainte

Dès la fin de la matinée, ils étaient là. Venus de tout le pays, ces étudiants en yeshivot et leurs familles ont occupé physiquement l’espace public. La police avait anticipé : 2 000 agents déployés, l’axe principal fermé à la circulation. Un hélicoptère tournoyait au-dessus des têtes, témoin mécanique d’une tension palpable.

Ce qui frappe d’abord, c’est le silence relatif. Pas de slogans hurlés, pas de banderoles agressives. Juste un rabbin muni d’un haut-parleur qui entame un psaume, immédiatement repris en chœur par des milliers de voix masculines. Cette prière collective, traditionnellement réservée aux moments les plus graves de l’histoire juive, résonne comme un acte de résistance spirituelle.

Pourquoi Refuser l’Armée ?

Abraham a 27 ans. Étudiant dans une yeshiva jérusalémite, il accepte de parler mais refuse de donner son nom complet. Sa réponse est limpide : « Nous n’allons pas à l’armée, non pas parce que nous sommes égoïstes, mais parce que nous essayons de nous préserver, conformément à ce que la Torah nous enseigne. »

Servir dans l’armée est contraire à la Torah.

Abraham, 27 ans, étudiant en yeshiva

Cette position n’est pas nouvelle. Elle plonge ses racines dans un arrangement historique datant de la création de l’État d’Israël en 1948. À l’époque, quelques centaines d’étudiants exceptionnels obtiennent le droit de se consacrer exclusivement à l’étude des textes saints. Soixante-dix ans plus tard, ce sont 66 000 hommes en âge de servir qui bénéficient de cette exemption.

Le calcul est simple : pour les ultra-orthodoxes, l’étude de la Torah à plein temps constitue un service national à part entière. Une forme de défense spirituelle du peuple juif, aussi vitale que les armes pour certains.

La Cour Suprême Met Fin à l’Arrangement

Le tournant décisif survient en juin 2024. La Cour suprême israélienne invalide l’exemption générale dont bénéficiaient les étudiants en yeshivot. Elle exige qu’une loi soit votée pour régulariser la situation. Conséquence immédiate : des milliers d’ordres de recrutement sont envoyés ces derniers mois.

Certains jeunes refusent de se présenter. Plusieurs sont incarcérés pour désertion. La communauté ultra-orthodoxe perçoit cette évolution comme une menace existentielle. « Le gouvernement, la Cour suprême et le procureur général veulent les mettre en prison. Cela n’arrivera pas », affirme le rabbin Avraham Bismuth, 70 ans, venu de Beit Shemesh.

Chronologie de la crise :

  • 1948 : Arrangement initial pour quelques centaines d’étudiants
  • Années 2000 : L’exemption concerne des dizaines de milliers de personnes
  • Juin 2024 : La Cour suprême invalide l’exemption générale
  • Été 2024 : Envoi massif d’ordres de recrutement
  • Jeudi : Manifestation de masse à Jérusalem

Un Rassemblement de Prière, Pas une Manifestation

Arik, 55 ans, venu d’Ashdod, insiste sur ce point : « Nous ne sommes pas venus manifester mais pour un rassemblement de prière. » Le terme est important. Dans la rhétorique ultra-orthodoxe, il s’agit d’un acte spirituel face à « un décret venu du ciel ».

Peu de pancartes visibles dans la foule. Celles qui existent sont explicites : « Mieux vaut aller en prison qu’à l’armée. » Le message est clair : pour ces manifestants, l’incarcération serait préférable à un service militaire perçu comme une rupture avec leurs valeurs religieuses.

Pour une partie des rabbins, le danger est réel. Intégrer l’armée, c’est exposer les jeunes à un environnement séculier, à des influences contraires à leur éducation. Le risque ? Une dérive spirituelle, un éloignement de la religion.

La Guerre à Gaza Change la Donne

Le contexte géopolitique a tout bouleversé. Depuis octobre 2023, des centaines de milliers d’Israéliens ont été mobilisés. L’armée manque cruellement de soldats et de réservistes. Dans ce contexte, l’exemption des ultra-orthodoxes apparaît de plus en plus comme un privilège injuste aux yeux d’une partie de la population.

Le projet de loi actuellement en discussion à la Knesset vise à corriger cette inégalité. Il pousserait les jeunes ultra-orthodoxes qui n’étudient pas à plein temps à s’engager. Une mesure qui divise même au sein de la communauté : certains rabbins acceptent que leurs fidèles moins assidus à l’étude accomplissent leur service militaire.

La manifestation pour l’exemption de la conscription est une honte pour la direction du pays et une insulte envers nos soldats héroïques !

Avigdor Lieberman, chef d’Israël Beiteinou

Une Menace pour la Stabilité Gouvernementale

Les deux partis ultra-orthodoxes, Judaïsme unifié de la Torah (JUT) et Shass, ont appelé à la mobilisation. Ils exigent le rétablissement de l’exemption promise dans les accords de coalition de fin 2022. Sans cela, la menace est claire : retrait du gouvernement.

Shass, avec ses 11 sièges à la Knesset, n’a pas encore franchi le pas. Mais si le parti séfarade quittait la coalition, Benjamin Netanyahu perdrait sa majorité. Des élections anticipées deviendraient inévitables, selon les experts.

Les ultra-orthodoxes représentent 14 % de la population juive israélienne, soit près de 1,3 million d’habitants. Leur poids démographique croît rapidement. Leur influence politique est disproportionnée par rapport à leur nombre, grâce à un système électoral qui favorise les petits partis.

Un Drame Vient Tout Bouleverser

La manifestation touchait à sa fin quand l’impensable s’est produit. En début d’après-midi, un jeune homme fait une chute mortelle depuis un endroit en hauteur. Les détails restent flous, mais l’incident est immédiat dans ses conséquences.

Les organisateurs demandent aux participants de cesser les prières et de se disperser. La police, qui avait jusque-là contenu la foule, passe à l’action. Un communiqué annonce la dispersion par la force pour « trouble à l’ordre public ». Un policier est légèrement blessé dans les échauffourées.

Une enquête est ouverte sur les circonstances de l’accident. Était-ce un suicide ? Une chute accidentelle ? Les autorités restent discrètes. Mais dans une communauté où chaque mort est vécue comme un drame collectif, cet événement marque les esprits.

À retenir : Une mobilisation pacifique transformée en drame, des enjeux spirituels qui rencontrent la realpolitik, une société israélienne fracturée sur la question du service national.

Que Nous Dit Cette Manifestation de la Société Israélienne ?

Au-delà du débat sur la conscription, c’est toute la question de l’intégration des ultra-orthodoxes qui est posée. Leur taux de participation au marché du travail reste très faible. Leur croissance démographique rapide fait peser une charge croissante sur les finances publiques.

Mais réduire le problème à une question économique serait réducteur. Pour les ultra-orthodoxes, l’étude de la Torah n’est pas un loisir : c’est une mission divine. Refuser l’armée, c’est préserver une vision du monde où la spiritualité prime sur le matériel.

De l’autre côté, une partie de la société israélienne vit cette exemption comme une injustice profonde. Des soldats risquent leur vie quotidiennement tandis que d’autres, en âge de servir, étudient dans des yeshivot financées par l’État. Le ressentiment couve.

Vers Quelle Solution ?

Le projet de loi en discussion propose une solution intermédiaire : maintenir l’exemption pour les étudiants sérieux, mais pousser les autres vers le service militaire ou civil. Reste à savoir si cette approche satisfera les deux camps.

Dans les rues de Jérusalem, jeudi, on a vu deux Israël se faire face. D’un côté, une communauté qui prie pour préserver son mode de vie. De l’autre, un État qui cherche à maintenir l’égalité devant le service national en temps de guerre.

La mort tragique de ce jeune homme rappelle brutalement que derrière les débats politiques, il y a des vies humaines. Des familles en deuil. Des choix qui engagent l’avenir d’une nation entière.

La prière collective s’est tue. Les rues se vident. Mais la question demeure, plus brûlante que jamais : comment concilier la préservation d’une identité religieuse avec les exigences d’un État en guerre permanente ? La réponse déterminera l’avenir d’Israël pour les décennies à venir.

Dans l’intervalle, les ordres de recrutement continuent d’arriver. Les yeshivot continuent d’enseigner. Et quelque part à Jérusalem, une famille pleure un fils perdu dans des circonstances qui restent à élucider.

La ville sainte, habituée aux drames, en ajoute un de plus à son histoire millénaire. Mais celui-ci, par sa nature même, pourrait bien marquer un tournant. Car quand la prière rencontre la politique, et que la mort s’en mêle, plus rien ne sera comme avant.

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