En cette fin de campagne législative 2024 sous haute tension, la Préfecture de police de Paris vient de prendre une décision forte. Le préfet Laurent Nuñez a en effet annoncé l’interdiction d’une manifestation anti-Rassemblement national prévue dimanche soir devant l’Assemblée nationale, à l’appel du collectif “Action antifasciste Paris-Banlieue”. Une décision qui suscite déjà de vives réactions.
Pourquoi une telle interdiction ?
Selon les autorités, cette manifestation présenterait “de réels risques de troubles à l’ordre public” dans un contexte électoral tendu. Les services de renseignement craignent notamment des affrontements entre groupes antagonistes alors que les derniers sondages prédisent une percée historique du Rassemblement national et de ses alliés au second tour, sans pour autant leur accorder une majorité absolue.
Le collectif “Action antifasciste” avait appelé sur les réseaux sociaux à un rassemblement dimanche à 20h devant l’Assemblée nationale “quelle que soit l’issue” du scrutin, avec comme mot d’ordre : “Aujourd’hui plus que jamais, faisons bloc par tous les moyens contre l’extrême droite et ses alliés”. Un appel qui n’a donc pas convaincu la Préfecture, soucieuse d’éviter tout débordement au soir d’une élection à haut risque.
Un dispositif policier massif déployé
Face aux risques de tensions, Gérald Darmanin a annoncé la mobilisation dimanche de 30 000 policiers et gendarmes sur l’ensemble du territoire, dont 5000 pour Paris et sa petite couronne. Un dispositif conséquent qui vise à sécuriser le déroulement et la clôture du scrutin.
Les services de renseignement considèrent qu’il existe de réels risques de troubles à l’ordre public après le second tour avec à la fois des rassemblements qui pourraient donner lieu à des incidents mais aussi des risques d’affrontements entre des groupes antagonistes.
– Une source policière citée par l’AFP
Un climat politique délétère
Cette interdiction de manifester et ce dispositif sécuritaire d’ampleur illustrent le climat de défiance qui règne à l’approche de résultats électoraux incertains. Beaucoup redoutent un scenario à l’américaine avec des contestations violentes, sur fond de rejet des institutions et de la démocratie représentative.
Malgré les appels au calme, la tension est palpable entre les deux tours. La percée annoncée de l’extrême droite inquiète une partie de l’opinion, quand l’autre dénonce un “front républicain” liberticide. Au cœur de ce clivage, le futur de la démocratie française semble en jeu.
Vers une recomposition politique inédite ?
Au delà des incidents qui pourraient émailler le scrutin de dimanche et sa suite immédiate, c’est bien une recomposition profonde du paysage politique qui se dessine. Avec un RN en position de force, un camp présidentiel fragilisé et des oppositions disparates, l’équilibre des pouvoirs s’annonce délicat à trouver pour les 5 prochaines années.
- Comment gouverner sans majorité stable à l’Assemblée ?
- Quelles alliances se formeront au Palais Bourbon ?
- Marine Le Pen sera-t-elle en mesure d’imposer son agenda ?
Autant de questions qui agitent les états-majors politiques à quelques heures d’un scrutin décisif. Et si la manif anti-RN de dimanche est interdite, nul doute que d’autres mobilisations suivront pour peser sur ces enjeux cruciaux pour l’avenir du pays. Verdict des urnes dimanche soir.