Les élections législatives anticipées en France ont été marquées par un phénomène inédit : l’immense engouement que ce scrutin a suscité sur les réseaux sociaux. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron le 9 juin dernier, plus de 23 millions de messages ont été publiés en ligne sur ces élections, révélant une mobilisation digitale sans précédent.
Réseaux sociaux en ébullition autour des législatives
Alors que le désintérêt des Français pour la politique semblait se confirmer ces dernières années, la dissolution a rebattu les cartes. Dès son annonce, un déferlement continu de messages a envahi les plateformes, avec un pic massif le soir des résultats des européennes, où la barre du million de messages a été franchie en quelques heures.
Le premier tour des législatives dimanche dernier a également concentré 18% du total de ces messages, un volume considérable sur une période aussi courte. Les réseaux sociaux se sont imposés comme le baromètre et la caisse de résonance de cet intérêt renouvelé des Français pour la politique.
Trois blocs politiques majeurs émergent
Cette mobilisation digitale a rapidement fait émerger trois forces politiques principales :
- Le Rassemblement national, plébiscité sur les plateformes avec 9,7 millions de messages
- La gauche réunie sous la bannière du Nouveau Front populaire, très présente notamment sur TikTok
- La majorité représentée par Ensemble
Si le RN domine globalement avec 60% de messages en plus que la coalition de gauche, cette dernière est parvenue à inverser ponctuellement la tendance, notamment du 13 au 16 juin. Mais dès le 29 juin, le rapport de force initial s’est rétabli.
Techniques de militantisme 2.0
Derrière ces volumes importants, les militants ont usé de techniques bien rodées pour faire monter leur parti. L’astroturfing, qui consiste à simuler un mouvement spontané à des fins politiques, a été observé de façon significative.
Malgré l’importante volumétrie de messages publiés sur les législatives, une certaine partie du flux n’est pas “naturelle”, avec des comptes faisant soit du spam, soit de la création de faux comptes jetables.
Florent Lefebvre, social data analyste pour Visibrain
Une chose est sûre : jamais des élections législatives n’avaient déchaîné une telle passion sur le web. Les réseaux sociaux ont été le théâtre d’une bataille sans merci pour faire émerger son parti et peser dans le débat. Reste à voir si cet engouement digital se traduira dans les urnes lors du second tour dimanche prochain. Les réseaux sociaux auront-ils été un simple défouloir ou un véritable moteur de la participation ? Réponse dans quelques jours.