Imaginez une nation suspendue à l’annonce d’un scrutin, où chaque vote pourrait redessiner l’avenir. Au Cameroun, l’attente des résultats de l’élection présidentielle d’octobre 2025 s’accompagne d’une tension palpable. Dans les rues de Douala, des manifestations ont éclaté, faisant quatre morts et plongeant le pays dans une incertitude brûlante. Que se passe-t-il lorsque la démocratie rencontre la contestation ?
Une Élection sous Haute Tension
Le Cameroun retient son souffle. Ce lundi, à 11h00, le Conseil Constitutionnel dévoilera les résultats définitifs de l’élection présidentielle à Yaoundé. Ce scrutin oppose le président sortant, Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans, à l’opposant Issa Tchiroma Bakary, leader du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC). Alors que les analystes prédisent une victoire de Biya, les rues s’enflamment sous la pression d’une opposition déterminée.
Issa Tchiroma, affirmant avoir remporté 54,8 % des suffrages contre 31,3 % pour Biya selon son propre décompte, a appelé à des manifestations. Ces rassemblements, interdits par les autorités, ont dégénéré en affrontements violents, notamment à Douala, la capitale économique. Mais que révèle cette agitation sur l’état de la démocratie camerounaise ?
Drame à Douala : Quatre Vies Perdues
À Douala, la situation a pris une tournure tragique. Selon le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, quatre personnes ont perdu la vie lors d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Plusieurs membres des forces de sécurité ont également été blessés. Les manifestants, galvanisés par les déclarations de victoire de Tchiroma, ont attaqué une brigade de gendarmerie et des commissariats, provoquant une réponse musclée.
Ils ont tiré à balles réelles après une salve de gaz lacrymogène. Trois corps sont tombés devant nous.
Témoignage anonyme d’un manifestant à Douala
Des douilles de munitions, ramassées près de la gendarmerie de Nkoulouloun, témoignent de la violence des affrontements. Les autorités, qualifiant ces manifestations d’irresponsables, ont interdit tout rassemblement public et restreint la circulation dans plusieurs villes. Cette répression soulève des questions sur la liberté d’expression et le droit de manifester dans un contexte électoral tendu.
Un Système Politique Contesté
Paul Biya, âgé de 92 ans, domine la scène politique camerounaise depuis 1982. Ses détracteurs dénoncent un système verrouillé, où les institutions, comme le Conseil Constitutionnel, sont perçues comme des outils au service du pouvoir. Ce dernier, composé de membres proches du président, a rejeté tous les recours déposés après le scrutin, renforçant les accusations de partialité.
En août, le Conseil avait également invalidé la candidature de Maurice Kamto, figure de l’opposition et deuxième en 2018, qui s’était autoproclamé vainqueur à l’époque. Ce précédent alimente les soupçons d’une élection biaisée, où les résultats semblent écrits d’avance. Pourtant, l’opposition, emmenée par Tchiroma, refuse de se taire.
Manifestations et Répression : Une Spirale Dangereuse
Les manifestations ne se limitent pas à Douala. À Yaoundé et à Garoua, fief de Tchiroma, des centaines de personnes ont bravé les interdictions pour exprimer leur soutien à l’opposant. Ces rassemblements ont été rapidement dispersés par les forces de l’ordre, accentuant le climat de tension. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a dénoncé ces mouvements comme une tentative de déstabilisation.
Ces appels à manifester créent les conditions d’une crise sécuritaire et participent à un projet insurrectionnel.
Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale
En parallèle, deux leaders de partis soutenant Tchiroma, Djeukam Tchameni et Anicet Ekane, ont été arrêtés à Douala. Ces interpellations, survenues avant les manifestations, illustrent la volonté des autorités de museler l’opposition. Mais cette stratégie risque-t-elle d’attiser davantage la colère populaire ?
Internet sous Surveillance
Un autre élément inquiétant est la perturbation de l’accès à Internet, signalée par Netblocks, une organisation spécialisée dans la cybersécurité. Ces restrictions, observées ces derniers jours, limitent la diffusion d’informations sur les événements en cours. Dans un pays où les réseaux sociaux jouent un rôle clé pour mobiliser l’opinion, cette censure pourrait exacerber les tensions.
Fait marquant : Les perturbations d’Internet coïncident avec des appels à contester les résultats électoraux, un schéma observé dans d’autres contextes de crises politiques.
Cette situation rappelle d’autres crises électorales en Afrique, où les gouvernements utilisent la censure numérique pour contrôler le récit. Mais au Cameroun, ces mesures pourraient-elles suffire à étouffer la contestation ?
Que Peut-on Attendre des Résultats ?
Conformément au code électoral camerounais, les résultats sont annoncés 15 jours après le scrutin. Le rejet des recours par le Conseil Constitutionnel laisse peu de place à la surprise : Paul Biya devrait, selon toute vraisemblance, décrocher un huitième mandat. Cependant, l’autoproclamation de Tchiroma et les violences qui en découlent suggèrent que l’acceptation des résultats sera loin d’être unanime.
Voici les éléments clés à retenir :
- Scrutin contesté : Issa Tchiroma revendique la victoire avec 54,8 % des voix.
- Violences mortelles : Quatre morts à Douala lors d’affrontements.
- Répression accrue : Interdictions de manifester et arrestations de leaders d’opposition.
- Censure numérique : Perturbations d’Internet limitant l’information.
Le Cameroun se trouve à un carrefour. Si les résultats confirment la victoire de Biya, les tensions pourraient s’intensifier, surtout si l’opposition persiste à contester la légitimité du scrutin. La question demeure : le pays peut-il éviter une escalade de la violence ?
Un Avenir Incertain
Les événements récents au Cameroun mettent en lumière les défis d’une démocratie sous pression. Entre un pouvoir solidement ancré et une opposition déterminée, le fossé semble se creuser. Les morts de Douala ne sont pas seulement des victimes d’affrontements, mais des symboles d’un système politique où le dialogue peine à s’instaurer.
Alors que les résultats approchent, le monde observe. Le Cameroun saura-t-il trouver un chemin vers la stabilité, ou sombrera-t-il dans une crise plus profonde ? Une chose est sûre : cette élection marque un tournant, et ses répercussions pourraient résonner bien au-delà des frontières du pays.
| Événement | Impact |
|---|---|
| Manifestations à Douala | Quatre morts, blessés parmi les forces de l’ordre |
| Restrictions d’Internet | Limitation de l’information et de la mobilisation |
| Arrestations de leaders | Musellement de l’opposition |
Le Cameroun, à l’aube de ces résultats, doit naviguer entre apaisement et fermeté. Mais dans un contexte où la confiance envers les institutions est érodée, la tâche s’annonce ardue. Que nous réserve la suite ?









