En cette année 2024, le paysage médiatique français est en ébullition. L’annonce fracassante du rachat du groupe Altice Média, propriétaire de BFMTV et RMC, par l’armateur CMA CGM de Rodolphe Saadé soulève une vague d’inquiétudes. Au cœur des débats : l’épineuse question de l’indépendance des rédactions face aux intérêts des nouveaux actionnaires.
L’Arcom tire la sonnette d’alarme
Dans une étude d’impact publiée mercredi, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) n’y va pas par quatre chemins. Si l’opération ne devrait pas bouleverser les formats des chaînes concernées, la place grandissante de CMA CGM dans les médias appelle à un renforcement des mesures garantissant l’indépendance des rédactions. Le régulateur exige des engagements formels de la part de l’acquéreur, évoquant notamment la signature d’une charte d’indépendance éditoriale et de déontologie.
Le spectre des ingérences plane
Les craintes ne sont pas infondées. Récemment, les journalistes de La Provence, autre média du groupe de Rodolphe Saadé, ont fait grève pendant 72 heures. En cause : une “ingérence éditoriale inadmissible” après la mise à pied de leur directeur de rédaction suite à une Une jugée trop critique envers Emmanuel Macron. Un précédent qui alimente les doutes quant aux promesses de non-interférence dans le travail des rédactions.
L’empire médiatique de Saadé
En quelques années, le milliardaire franco-libanais a bâti un véritable empire médiatique. Outre le rachat d’Altice, il détient déjà le journal La Tribune, le groupe La Provence (La Provence, Corse Matin) ainsi que des participations dans M6 et Brut. Une concentration qui suscite l’inquiétude, d’autant plus que Rodolphe Saadé est réputé proche d’Emmanuel Macron.
La priorité absolue doit être la préservation de l’indépendance et du pluralisme de l’information.
– Un expert des médias
Quelles garanties pour l’avenir ?
Face à ces inquiétudes légitimes, CMA CGM et Rodolphe Saadé devront impérativement apporter des garanties solides :
- Une charte d’indépendance éditoriale contraignante
- Des mécanismes de contrôle et de sanction en cas de non-respect
- Une transparence totale sur la gouvernance et les liens capitalistiques
- Un renforcement des moyens alloués aux rédactions
Car au-delà des enjeux économiques, c’est bien la crédibilité et la confiance envers les médias qui sont en jeu. À l’heure où la désinformation prolifère, il est vital de préserver des espaces d’information libres et indépendants. L’Arcom l’a bien compris, reste à voir si Rodolphe Saadé et CMA CGM sauront se montrer à la hauteur de ce défi démocratique majeur.