Imaginez-vous dans un tribunal parisien, où l’atmosphère est lourde, les regards tendus. À partir du lundi 27 octobre 2025, dix personnes – huit hommes et deux femmes – seront jugées pour cyberharcèlement sexiste visant Brigitte Macron, l’épouse du président français. Cette affaire, qui secoue la sphère publique, met en lumière une vague de rumeurs malveillantes, amplifiées par les réseaux sociaux, et soulève des questions brûlantes sur la diffamation, la misogynie et l’impact des infox dans notre société connectée. Plongeons dans les détails de ce procès hors norme, qui révèle les dérives d’un monde numérique parfois incontrôlable.
Un Procès au Cœur des Réseaux Sociaux
Ce procès, qui se tiendra sur deux jours, lundi et mardi, devant le tribunal correctionnel de Paris, est bien plus qu’une simple affaire judiciaire. Il incarne un affrontement entre la liberté d’expression et les limites de la haine en ligne. Les accusés, âgés de 41 à 60 ans, viennent d’horizons divers : un publicitaire, une médium autoproclamée, un galeriste, un enseignant, un informaticien… Pourtant, ils partagent un point commun : avoir relayé ou créé des contenus malveillants visant Brigitte Macron, notamment des attaques sur son genre et sa vie privée.
L’enquête, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), a débuté après une plainte déposée par Brigitte Macron le 27 août 2024. Plusieurs interpellations ont suivi, en décembre 2024 et février 2025, révélant l’ampleur du phénomène. Les accusations portent sur des propos diffamatoires, souvent centrés sur une rumeur transphobe selon laquelle Brigitte Macron serait née homme, sous le prénom Jean-Michel. Cette infox, née dès l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, a pris une ampleur internationale, notamment aux États-Unis.
Une Rumeur Transphobe au Cœur de l’Affaire
La rumeur selon laquelle Brigitte Macron serait transgenre est au centre de ce procès. Alimentée par des publications sur les réseaux sociaux, elle s’est propagée comme une traînée de poudre, notamment grâce à des figures influentes. Parmi les accusés, une femme de 51 ans, connue sous le pseudonyme d’Amandine Roy, est pointée du doigt pour avoir largement relayé cette infox. Se présentant comme médium, journaliste et lanceuse d’alerte, elle affirme avoir simplement “rebondi sur l’actualité”, selon son avocate. Pourtant, ses publications ont contribué à amplifier une vague de haine.
“Aucun message n’a directement été adressé à Mme Macron”, argue l’avocate Maud Marian, défendant sa cliente.
Cette défense, cependant, semble fragile face à la virulence des attaques. Les propos incriminés incluent des commentaires sur la différence d’âge de 24 ans entre Brigitte Macron et son mari, certains allant jusqu’à qualifier leur relation de “pédophile”. Ces accusations, dénuées de fondement, ont blessé non seulement la première dame, mais aussi son entourage, notamment son frère, Jean-Michel Trogneux, visé par des attaques similaires.
Des Profils Variés, Une Haine Commune
Les accusés forment un groupe hétéroclite, mais leurs actions convergent vers un même objectif : discréditer Brigitte Macron. Parmi eux, Aurélien Poirson-Atlan, connu sous le pseudonyme de Zoé Sagan, se distingue. Ce publicitaire de 41 ans, suivi sur les réseaux sociaux avant la suspension de son compte, est associé à des sphères complotistes. Il est également connu pour avoir diffusé des vidéos compromettantes sur un proche d’Emmanuel Macron en 2020, provoquant un scandale politique.
Les autres prévenus, moins médiatisés, ont également contribué à alimenter la rumeur. Certains ont partagé des montages, comme une couverture détournée du magazine Time présentant Brigitte Macron comme “l’homme de l’année”. D’autres ont organisé des campagnes en ligne, promettant de mobiliser des milliers de personnes pour enquêter sur la vie privée du couple présidentiel dans leur ville natale d’Amiens.
Une rumeur qui traverse les frontières : des publications aux États-Unis, relayées par des influenceurs d’extrême droite, ont amplifié cette vague de désinformation.
Un Phénomène International
Ce qui rend cette affaire particulièrement frappante, c’est son caractère international. La rumeur transphobe visant Brigitte Macron a dépassé les frontières françaises pour trouver un écho retentissant aux États-Unis. Cet été, le couple présidentiel a engagé des poursuites contre Candace Owens, une podcasteuse d’extrême droite, pour sa série de vidéos intitulée Becoming Brigitte. Ces contenus, relayés par des figures du mouvement MAGA, ont contribué à donner une dimension virale à l’infox.
Les accusés parisiens, pour certains, se sont inspirés de ces publications étrangères. L’un d’eux a même partagé un message évoquant “2 000 personnes” prêtes à mener une enquête à Amiens, avec la participation de blogueurs américains. Ce mélange de désinformation locale et internationale illustre la difficulté de contrôler les rumeurs dans un monde hyperconnecté.
Les Conséquences Judiciaires
Les prévenus encourent jusqu’à deux ans d’emprisonnement et des amendes pour cyberharcèlement. Cette affaire n’est pas la première à viser Brigitte Macron. En septembre 2024, une accusée avait été condamnée en première instance à payer des milliers d’euros de dommages et intérêts à la première dame et à son frère. Cependant, relaxée en appel en juillet 2025, elle fait désormais l’objet d’un pourvoi en cassation.
Ce procès pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le cyberharcèlement. Il met en lumière les défis auxquels sont confrontées les personnalités publiques, particulièrement les femmes, face à la haine en ligne. Brigitte Macron, en tant que première dame, est une cible privilégiée, mais son cas reflète une problématique plus large : la propagation rapide de fausses informations et leur impact sur la vie des individus.
Pourquoi Cette Rumeur Persiste-t-elle ?
La différence d’âge entre Brigitte et Emmanuel Macron, 24 ans, a souvent été utilisée comme un levier pour alimenter les rumeurs. Dans une société où les normes de genre et les relations amoureuses sont scrutées, ce décalage a suscité des commentaires, parfois anodins, souvent malveillants. Mais pourquoi cette rumeur transphobe a-t-elle pris une telle ampleur ?
Plusieurs facteurs se combinent :
- Réseaux sociaux : Plateformes comme X permettent une diffusion rapide et anonyme des rumeurs.
- Contexte politique : L’élection d’Emmanuel Macron en 2017 a polarisé l’opinion, rendant sa vie personnelle vulnérable aux attaques.
- Relais internationaux : Des influenceurs étrangers ont amplifié la rumeur, lui donnant une portée mondiale.
Ces éléments, combinés à une fascination pour les théories complotistes, ont transformé une simple rumeur en un phénomène viral. Ce procès, en confrontant directement les responsables, pourrait-il freiner cette dynamique ?
Un Défi pour la Justice
Le tribunal correctionnel de Paris devra trancher une affaire complexe. D’un côté, les accusés revendiquent souvent la liberté d’expression, arguant qu’ils n’ont fait que commenter l’actualité. De l’autre, les victimes, dont Brigitte Macron, demandent réparation pour des attaques qui ont dépassé les bornes de la critique légitime. Le verdict, attendu avec impatience, pourrait établir un précédent dans la lutte contre le cyberharcèlement.
L’absence de commentaire de l’avocat de Brigitte Macron, Jean Ennochi, ajoute une part de mystère. La première dame sera-t-elle présente à l’audience ? Son silence, pour l’instant, laisse planer le doute, mais son engagement dans cette affaire montre une détermination à ne pas laisser ces attaques impunies.
Vers une Prise de Conscience Collective ?
Ce procès dépasse le cadre de l’affaire Brigitte Macron. Il interroge notre rapport aux réseaux sociaux et à la désinformation. Comment protéger les individus, qu’ils soient célèbres ou anonymes, face à la haine en ligne ? Comment distinguer la critique légitime de l’acharnement malveillant ? Ces questions, cruciales, résonnent dans une société où le numérique façonne nos interactions.
Pour mieux comprendre l’ampleur du problème, voici un aperçu des enjeux :
| Problématique | Impact |
|---|---|
| Propagation des rumeurs | Atteinte à la réputation et à la vie privée |
| Anonymat en ligne | Encourage les comportements malveillants |
| Relais internationaux | Amplifie l’impact des infox |
Ce tableau illustre la complexité du cyberharcèlement, un phénomène qui ne se limite pas à une seule plateforme ou un seul pays. En poursuivant cette affaire, la justice française envoie un message fort : la haine en ligne ne restera pas impunie.
Un Combat Plus Large
L’affaire Brigitte Macron est emblématique d’un problème sociétal plus vaste. Les femmes, en particulier celles occupant des positions publiques, sont souvent les cibles de cyberharcèlement sexiste. Les attaques contre la première dame ne se limitent pas à sa personne ; elles reflètent une misogynie ancrée, exacerbée par les réseaux sociaux. En s’attaquant à cette rumeur, Brigitte Macron défend non seulement son honneur, mais aussi celui de toutes les victimes de haine en ligne.
Ce procès pourrait-il changer la donne ? En condamnant les responsables, la justice pourrait dissuader d’autres actes similaires. Mais la lutte contre le cyberharcèlement nécessitera aussi une prise de conscience collective et des mesures concrètes, comme une meilleure régulation des plateformes numériques.
En attendant le verdict, une chose est certaine : cette affaire marque un tournant. Elle rappelle que derrière chaque écran se trouve une personne, et que les mots, même numériques, ont un poids. Restez connectés pour suivre l’évolution de ce procès, qui promet de faire date dans l’histoire de la lutte contre la désinformation et le cyberharcèlement.







