Imaginez une foule en liesse, des drapeaux violets flottant dans l’air, et un leader charismatique qui promet de bouleverser un pays en crise. C’est l’atmosphère électrique qui a marqué la fin de la campagne de Javier Milei, président argentin, avant les élections législatives de mi-mandat. Ces élections, prévues pour un dimanche décisif, pourraient redessiner l’avenir de l’Argentine. Mais quelles sont les promesses de cet homme qui se compare à un lion, et pourquoi ce scrutin est-il si crucial ?
Un Scrutin aux Enjeux Majeurs
Les élections législatives de mi-mandat en Argentine ne sont pas un simple rendez-vous électoral. Elles représentent un tournant pour Javier Milei, président ultralibéral élu en 2023, qui cherche à consolider son pouvoir. Avec un Parlement où son parti, La Libertad Avanza, reste minoritaire, Milei a vu plusieurs de ses projets, notamment sur les privatisations, bloqués ou ralentis. Ce scrutin est une opportunité pour lui de gagner des sièges et de renforcer sa marge de manœuvre pour les deux années restantes de son mandat.
À Rosario, ville clé située à 300 km de Buenos Aires, Milei a conclu sa campagne dans une ambiance digne d’un concert de rock. Arrivant sur scène au son d’un tube argentin, il a galvanisé ses partisans avec des slogans percutants : “Ne lâchez pas !”, “Nous sommes sur le bon chemin”. Mais derrière cet enthousiasme, des défis majeurs persistent, notamment l’impact de ses politiques d’austérité sur la population.
Une Campagne Haute en Couleur
La campagne de Milei a été marquée par une énergie débordante et une mise en scène spectaculaire. À Rosario, les drapeaux violets de La Libertad Avanza côtoyaient les tee-shirts bordeaux des Fuerzas del Cielo, un groupe d’influenceurs libertariens ultra-actifs sur les réseaux sociaux. Ces “ultras” de Milei, comme on les surnomme, jouent un rôle clé dans la mobilisation de ses partisans, amplifiant son message à travers des campagnes numériques dynamiques.
Son arrivée sur scène, fendant la foule au son d’un tube de hard rock argentin, a enflammé ses supporters. “Je suis le lion !”, a-t-il hurlé, reprenant les paroles d’une chanson devenue l’hymne officieux de sa campagne. Cette théâtralité, alliée à un discours direct et populiste, séduit une frange de la population fatiguée des élites traditionnelles.
“À partir de dimanche, l’Argentine va changer pour de bon, quand nous aurons transformé le visage de ce Parlement.”
Javier Milei, président de l’Argentine
L’Inflation : Une Bataille à Moitié Gagnée ?
L’un des arguments phares de Milei est sa lutte contre l’inflation, un fléau qui a longtemps gangréné l’économie argentine. Lors de son arrivée au pouvoir fin 2023, l’inflation dépassait les 200 % en rythme annuel. Aujourd’hui, elle a été ramenée à environ 31,8 %, un chiffre impressionnant, mais encore loin d’être maîtrisé. Milei promet que d’ici mi-2026, l’inflation ne sera plus qu’un “mauvais souvenir”.
Pourtant, cette baisse a un coût. Les politiques d’austérité budgétaire mises en place par le président ont durement touché certaines franges de la population, notamment les retraités. À Rosario, Alejandra Pasos, une retraitée de 67 ans, incarne cet optimisme prudent. Vêtue de violet, elle soutient Milei avec ferveur, convaincue qu’il est l’homme du changement, même si elle reconnaît les difficultés financières auxquelles elle est confrontée.
Le saviez-vous ? L’inflation en Argentine a atteint des sommets historiques ces dernières années, affectant le pouvoir d’achat de millions de citoyens. La promesse de Milei de la “liquider” est au cœur de son programme économique.
Un Pari Territorial Ambitieux
Les élections de 2023 ont vu Milei réaliser des percées significatives dans plusieurs provinces, notamment à Santa Fe, où il a obtenu 63 % des voix. Rosario, troisième ville du pays, est un bastion stratégique pour son parti. Gagner des députés et sénateurs dans ces régions permettrait à La Libertad Avanza de s’ancrer durablement dans le paysage politique argentin, au-delà de la vague personnelle qui a porté Milei au pouvoir.
Cependant, tous ne partagent pas cet optimisme. Marianos Reyes, un commerçant de 48 ans, doute que Milei puisse reproduire son score de 2023. “Si Rosario nous donne 30 % des voix, ce serait déjà une grande victoire”, confie-t-il. Ce réalisme contraste avec l’enthousiasme des meetings, où la ferveur des supporters semble inébranlable.
Une Société Divisée
Si les meetings de Milei sont marqués par une énergie débordante, ils ne font pas l’unanimité. À Rosario, des manifestations ont éclaté contre sa présence, avec des pancartes le déclarant “persona non grata”. Pour beaucoup, les politiques d’austérité ont exacerbé les inégalités dans une ville comme Rosario, grand centre d’exportation de céréales, où la pauvreté reste un problème criant.
“On voit des bateaux chargés sortir du port, et nous, on réfléchit à comment manger demain.”
Eduardo Delmonte, manifestant à Rosario
Leonardo Gresso, un vendeur de rue, incarne cette désillusion. Ayant voté pour Milei en 2023, il confesse aujourd’hui avoir perdu espoir. “J’avais de l’espoir, aujourd’hui je n’ai même plus ça”, explique-t-il. Ce sentiment reflète une fracture croissante entre les partisans convaincus de Milei et ceux qui se sentent laissés pour compte par ses réformes.
Les Défis d’une Présidence Controversée
La présidence de Milei n’a pas été un long fleuve tranquille. Ces dernières semaines, plusieurs de ses événements de campagne ont été perturbés, certains même annulés. Dans la province de Buenos Aires, bastion de l’opposition péroniste, il a essuyé des jets de pierre. Ces tensions illustrent la polarisation qu’il suscite, entre ceux qui voient en lui un sauveur et ceux qui le perçoivent comme une menace pour les acquis sociaux.
Pourtant, Milei reste fidèle à son style. Son discours, souvent qualifié de populiste, s’appuie sur une rhétorique directe, proche du peuple. Comme le souligne Alejandra Pasos, “c’est un homme qui parle la langue de la rue”. Cette proximité, alliée à une stratégie de communication moderne portée par les réseaux sociaux, continue de séduire une partie de l’électorat.
| Clé de la campagne | Détails |
|---|---|
| Inflation | Réduite de 200 % à 31,8 % en deux ans. |
| Austérité | Politiques impopulaires, impactant les retraités. |
| Réformes | Projets de privatisations bloqués par le Parlement. |
Vers un Avenir Incertain
À l’approche des élections, l’Argentine se trouve à un carrefour. Les promesses de Milei, centrées sur une révolution économique et une rupture avec le passé, résonnent encore auprès de nombreux Argentins. Mais les défis sont immenses : une société divisée, une économie fragile et un Parlement hostile. Le scrutin de dimanche dira si Milei peut transformer sa vision en réalité ou si ses ambitions seront freinées par les réalités politiques.
Pour l’instant, Rosario reste un symbole de cette dualité. D’un côté, des foules enthousiastes prêtes à suivre leur “lion” dans sa quête de changement. De l’autre, des voix dissonantes, réclamant une justice sociale que les politiques actuelles peinent à offrir. Une chose est sûre : l’Argentine retient son souffle.
Pourquoi ça compte ? Ces élections détermineront si Milei pourra appliquer son programme ultralibéral ou s’il restera entravé par un Parlement fragmenté.
En conclusion, les législatives de mi-mandat ne sont pas seulement un test pour Javier Milei, mais pour l’Argentine tout entière. Entre espoirs de renouveau et craintes d’une aggravation des inégalités, le pays est à un tournant. Le “lion” rugira-t-il assez fort pour imposer sa vision, ou la résistance populaire freinera-t-elle son élan ? Les résultats de dimanche apporteront un début de réponse.
