À l’approche de l’élection présidentielle ivoirienne de ce samedi, la Côte d’Ivoire vibre au rythme des derniers meetings et parades des candidats. Dans un climat politique marqué par des tensions croissantes, les cinq prétendants au fauteuil présidentiel ont sillonné le pays pour convaincre près de 9 millions d’électeurs. Mais derrière les discours enflammés et les foules colorées, des ombres planent : exclusions de figures majeures de l’opposition, accusations de dérive autoritaire et violences sporadiques. Que nous dit cette fin de campagne sur l’état de la démocratie ivoirienne ?
Une Campagne Électrisée par les Enjeux Politiques
La campagne électorale, qui s’est officiellement achevée à minuit, a été marquée par une ferveur populaire mais aussi par une montée des tensions. Les candidats ont multiplié les rassemblements pour galvaniser leurs bases, chacun cherchant à marquer les esprits avant le scrutin. Dans ce contexte, le président sortant, Alassane Ouattara, a clos sa campagne à Abidjan, près du palais présidentiel, avec une parade haute en couleur. Ses partisans, vêtus d’orange, ont répondu présents en masse, portés par son message de continuité et de stabilité.
La Côte d’Ivoire va mieux depuis 2011. Mais nous devons continuer à faire le travail nécessaire pour la paix et la stabilité de notre beau pays.
Alassane Ouattara, lors de son dernier meeting à Abidjan
Son discours, axé sur un bilan positif et une promesse de scrutin démocratique, a contrasté avec les critiques acerbes de l’opposition. Cette dernière dénonce un processus électoral biaisé, notamment l’exclusion de deux figures de proue : Laurent Gbagbo, ancien président, et Tidjane Thiam, ex-dirigeant du Crédit Suisse. Ces absences ont attisé les frustrations, donnant à la campagne des airs de bras de fer politique.
Tensions et Violences : Un Climat Politique Explosif
Depuis mi-octobre, la campagne a été émaillée d’incidents. Quatre personnes, dont un gendarme, ont perdu la vie lors de manifestations ou de blocages liés aux tensions électorales. L’opposition, qui conteste la candidature d’Ouattara à un quatrième mandat, a vu plusieurs de ses rassemblements interdits par les autorités. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés et condamnés à trois ans de prison ferme, une réponse ferme qui a alimenté les accusations de répression.
Laurent Gbagbo, figure emblématique de l’opposition, n’a pas mâché ses mots. Dans une interview récente, il a qualifié le scrutin de coup d’État civil, une déclaration qui a jeté de l’huile sur le feu. Cette rhétorique incendiaire reflète le sentiment d’une partie de la population, qui craint une élection jouée d’avance. Pourtant, le gouvernement assure que le vote sera transparent et équitable, une promesse scrutée de près par les observateurs internationaux.
La tension politique en Côte d’Ivoire n’est pas nouvelle. Depuis la crise post-électorale de 2010-2011, qui avait fait plus de 3 000 morts, chaque scrutin est un test pour la stabilité du pays.
Les Candidats en lice : Une Diversité de Profils
Outre Alassane Ouattara, quatre autres candidats se sont lancés dans la course. Jean-Louis Billon, ancien ministre du Commerce et dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a choisi Bouaké, la deuxième ville du pays, pour son dernier meeting. Sa campagne, axée sur le renouveau, a cherché à séduire une jeunesse en quête de changement.
Ahoua Don Mello, ancien allié de Gbagbo désormais en rupture avec lui, s’est rendu à M’Batto, dans le centre du pays. Son discours, teinté de populisme, a visé les zones rurales, souvent négligées par les grandes promesses électorales. De son côté, Simone Ehivet Gbagbo, ex-Première dame, a tenu un meeting vibrant à Aboisso, dans le sud-est, mettant en avant son expérience et son engagement pour l’unité nationale.
Enfin, Henriette Lagou, ancienne ministre et candidate en 2015, a parcouru l’est du pays, de Bondoukou à Yopougon, le plus grand quartier d’Abidjan. Sa campagne, plus discrète, a misé sur des thématiques sociales pour capter l’attention des électeurs.
Un Scrutin Sous Haute Surveillance
Avec près de 9 millions d’électeurs appelés aux urnes, le scrutin de samedi est un moment clé pour la Côte d’Ivoire. Le pays, première puissance économique d’Afrique de l’Ouest francophone, reste marqué par son passé tumultueux. La communauté internationale, tout comme les citoyens ivoiriens, observe avec attention les conditions dans lesquelles se déroulera le vote.
Pour mieux comprendre les enjeux, voici un récapitulatif des points clés de cette élection :
- Candidats en lice : Alassane Ouattara, Jean-Louis Billon, Ahoua Don Mello, Simone Ehivet Gbagbo, Henriette Lagou.
- Électeurs attendus : Près de 9 millions de votants inscrits.
- Contexte : Tensions liées à l’exclusion de figures majeures de l’opposition.
- Incidents : Quatre décès et plusieurs arrestations depuis mi-octobre.
- Enjeu principal : Garantir un scrutin libre et transparent.
Les Défis d’une Démocratie en Construction
La Côte d’Ivoire, malgré ses progrès économiques sous la présidence d’Ouattara, reste confrontée à des défis majeurs. La réconciliation nationale, promise après la crise de 2010-2011, peine à se concrétiser. Les exclusions de candidats comme Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam ravivent les fractures politiques, tandis que les violences récentes rappellent la fragilité de la paix.
Pour de nombreux observateurs, ce scrutin est un test pour la maturité démocratique du pays. Une élection apaisée et crédible pourrait renforcer la confiance dans les institutions. À l’inverse, des irrégularités ou des violences post-électorales risqueraient de plonger la Côte d’Ivoire dans une nouvelle période d’instabilité.
| Enjeu | Impact potentiel |
|---|---|
| Transparence du scrutin | Renforce ou fragilise la confiance dans les institutions. |
| Participation électorale | Un fort taux de vote légitime le futur président. |
| Gestion des tensions | Évite une escalade des violences post-électorales. |
Vers un Avenir Incertain
Alors que les bureaux de vote s’apprêtent à ouvrir, la Côte d’Ivoire retient son souffle. Le scrutin de samedi ne se limite pas à un choix entre cinq candidats : il s’agit d’un moment charnière pour l’avenir du pays. Les électeurs, partagés entre espoir de stabilité et désir de changement, auront la lourde tâche de façonner la trajectoire de leur nation.
Dans ce contexte, une question demeure : ce vote marquera-t-il un pas vers une démocratie consolidée, ou rouvrira-t-il les blessures du passé ? Les prochains jours apporteront des éléments de réponse, mais une chose est sûre : la Côte d’Ivoire se trouve à un tournant décisif.
Samedi, les Ivoiriens voteront. Leur choix déterminera l’avenir d’une nation en quête de paix.
