C’est une marée humaine qui a déferlé ce mercredi dans les rues de la capitale iranienne. Plusieurs centaines de milliers de personnes, peut-être même un million selon la télévision d’État, se sont rassemblées pour rendre un ultime hommage au président Ebrahim Raïssi, tragiquement décédé dimanche dans le crash de son hélicoptère. Une disparition qui plonge l’Iran dans un deuil national et une profonde incertitude politique.
Téhéran, ville endeuillée
Dès les premières lueurs du jour, une foule immense a commencé à se masser sur la place Azadi et dans les rues adjacentes du centre de Téhéran. Beaucoup brandissaient des portraits du président défunt, certains travaillés de manière artistique. Les drapeaux iraniens étaient également omniprésents, souvent en berne.
Je suis venue pour apaiser mon cœur, témoigne Maryam, une enseignante de 41 ans. Avec Raïssi, nous avons perdu une personnalité marquante.
Maryam, enseignante iranienne
Une cérémonie religieuse et politique
La journée de deuil a commencé par une prière dirigée par le guide suprême en personne, l’ayatollah Ali Khamenei. Autour de lui, se tenaient les plus hautes autorités du pays : membres du gouvernement et du clergé, gradés des forces armées et des Gardiens de la révolution. Des dirigeants de mouvements alliés de l’Iran, comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, ont également fait le déplacement.
Mais on notait l’absence remarquée de représentants des pays occidentaux, alors que les relations avec Téhéran restent glaciales. Un bras de fer qui risque de s’intensifier avec la disparition d’Ebrahim Raïssi, considéré comme un président plutôt pragmatique malgré sa ligne dure.
Un hommage populaire et international
L’après-midi a été marqué par une grande cérémonie officielle en présence de dirigeants étrangers venus d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient. Une soixantaine de pays étaient représentés, dont certains n’entretenant pas de relations diplomatiques avec l’Iran comme l’Egypte.
Mais le moment le plus émouvant fut sans doute cette marche silencieuse de la foule vers la place Azadi. Un cortège impressionnant accompagnant le cercueil du président Raïssi vers sa dernière demeure à Machhad, sa ville natale, où il sera enterré jeudi.
Une succession incertaine
Au-delà de l’émotion, l’Iran se retrouve face à une situation politique inédite. Le processus pour remplacer le président s’annonce complexe, en pleine tension avec l’Occident sur le dossier nucléaire. Le président par intérim Mohammad Mokhber a la lourde tâche d’organiser une nouvelle élection présidentielle d’ici un mois.
Beaucoup s’interrogent sur la capacité du régime à maintenir sa cohésion dans ce contexte délicat. Les funérailles grandioses d’Ebrahim Raïssi apparaissent comme une démonstration de force et d’unité. Mais elles ne dissipent pas les incertitudes sur l’avenir politique de la République islamique.
Nous sommes persuadés que l’Iran poursuivra son soutien à la cause palestinienne malgré la disparition de Raïssi.
Ismaïl Haniyeh, chef politique du Hamas
Un accident mystérieux
Ebrahim Raïssi, 62 ans, a trouvé la mort dimanche aux côtés de sept autres occupants dans le crash de son hélicoptère près de la frontière azerbaïdjanaise. Il revenait d’une cérémonie d’inauguration de barrage aux côtés de son homologue Ilham Aliev.
Les autorités ont lancé une enquête sur les causes de l’accident, qui restent à déterminer. Après 12h de recherches difficiles en zone montagneuse, les débris calcinés de l’appareil ont été localisés lundi matin. Le chef de cabinet présidentiel, présent dans un second hélicoptère, a indiqué que l’engin s’était abîmé brutalement, sans aucun signal de détresse.
Accident malheureux ou acte malveillant ? La thèse d’un sabotage n’est pas écartée par certains en Iran, même si aucun élément ne vient l’étayer à ce stade. Une chose est sûre : avec Ebrahim Raïssi, la République islamique perd un dirigeant charismatique dans un contexte géopolitique des plus tendus.