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Cameroun : Tensions Avant Résultats Présidentiels

Le Cameroun retient son souffle avant les résultats présidentiels. Entre manifestations et interdictions, que réserve l'annonce officielle ? Cliquez pour découvrir...

Le Cameroun est en ébullition. À l’approche de la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre, une tension palpable envahit les rues. Entre revendications de victoire, interdictions gouvernementales et affrontements sporadiques, le pays retient son souffle. Que se passe-t-il dans ce pays d’Afrique centrale, où les enjeux politiques semblent redessiner les contours d’une société divisée ?

Une Élection sous Haute Tension

La période post-électorale au Cameroun est marquée par une montée des tensions. Alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à dévoiler les résultats définitifs, les autorités ont pris des mesures drastiques pour maintenir l’ordre. Les interdictions de rassemblements publics et de circulation des mototaxis dans plusieurs villes, notamment à Douala et dans la région de la Ménoua, traduisent l’inquiétude du gouvernement face à une situation volatile.

Ces restrictions, instaurées dès mercredi soir, visent à sécuriser les grandes agglomérations avant, pendant et après l’annonce des résultats. Mais elles reflètent aussi un climat de méfiance, où chaque camp revendique la victoire, alimentant un débat passionné dans tout le pays.

Les Revendications d’une Victoire Contestée

Un ancien ministre, Issa Tchiroma Bakary, a jeté un pavé dans la mare en s’autoproclamant vainqueur de l’élection. Selon ses propres calculs, il aurait remporté 54,8 % des suffrages, contre 31,3 % pour le président sortant, Paul Biya. Depuis une semaine, ses partisans envahissent les rues, brandissant pancartes et slogans pour célébrer cette victoire autoproclamée. Mais cette assurance contraste avec les attentes des analystes, qui prédisent une nouvelle victoire de Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans.

« Nous avons gagné, et les chiffres le prouvent ! » – Partisans d’Issa Tchiroma dans les rues de Yaoundé.

Ces manifestations, bien que ferventes, ont parfois dégénéré. Dans plusieurs localités, des heurts ont opposé les forces de l’ordre aux militants, transformant certaines villes en théâtres d’affrontements. Les autorités, déterminées à maintenir le contrôle, ont déployé des unités anti-émeutes pour disperser les foules.

Mesures de Sécurité Draconiennes

Face à l’agitation, le gouvernement a multiplié les mesures restrictives. À Douala, capitale économique du pays, un arrêté préfectoral a interdit la circulation des mototaxis de mercredi 18h00 à jeudi 06h00, ainsi que le jour de la proclamation des résultats et celui de la prestation de serment du président élu. Cette mesure, justifiée par la nécessité d’un « meilleur maillage sécuritaire« , vise à limiter les mouvements dans une ville clé.

Dans le département de la Ménoua, à l’ouest du pays, les restrictions sont encore plus sévères. Les manifestations publiques et la circulation des mototaxis y sont interdites « jusqu’à nouvel ordre« , selon un autre arrêté préfectoral. Ces décisions témoignent d’une volonté de contenir tout débordement, mais elles attisent aussi les frustrations d’une population déjà divisée.

Fait marquant : À Garoua, les cours à l’université ont été suspendus du mercredi 22 octobre au vendredi 24 octobre, période entourant l’annonce des résultats. Une mesure qui illustre l’ampleur des précautions prises.

Répression et Accusations d’Insurrection

Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a adopté une ligne dure face aux troubles. Mardi, il a annoncé l’arrestation de 20 personnes à Garoua, accusées d’insurrection et d’incitation à la rébellion. Ces individus, selon le ministre, seront jugés devant des tribunaux militaires, une décision qui soulève des questions sur la liberté d’expression et le droit de manifester dans le pays.

Dans un appel au calme, le ministre a exhorté la population à éviter les provocations. Mais cet appel semble peu entendu, alors que les tensions continuent de croître à l’approche de l’annonce officielle.

Un Conseil Constitutionnel sous Pression

Les regards se tournent désormais vers le Conseil constitutionnel, chargé de proclamer les résultats définitifs au plus tard lundi soir. Huit recours électoraux sont actuellement examinés, un processus qui alimente les spéculations sur l’issue du scrutin. Les membres du Conseil, souvent perçus comme proches de Paul Biya, font face à une pression immense, dans un contexte où chaque camp publie ses propres compilations de résultats pour revendiquer la victoire.

Ce n’est pas la première fois que le Conseil est au centre des controverses. En 2018, il avait rejeté la candidature de Maurice Kamto, un opposant qui s’était autoproclamé vainqueur avant l’annonce officielle. Cette décision avait suscité des accusations de partialité, un sentiment qui resurgit aujourd’hui.

« Le Conseil constitutionnel doit garantir la transparence, sinon le peuple se fera entendre. » – Un manifestant anonyme à Douala.

Un Système Politique Verrouillé ?

Les détracteurs de Paul Biya dénoncent un système politique verrouillé, conçu pour maintenir le président au pouvoir. Après 43 ans à la tête du pays, Biya, âgé de 92 ans, est une figure incontournable, mais controversée. Ses opposants pointent du doigt un appareil d’État qui, selon eux, manipule les processus électoraux pour garantir sa réélection.

Pourtant, la ferveur des partisans d’Issa Tchiroma montre qu’une partie de la population aspire à un changement. Les manifestations, bien que réprimées, traduisent un désir de renouveau dans un pays où la jeunesse, en particulier, se sent marginalisée.

Point clé Détails
Interdictions Rassemblements publics et mototaxis interdits à Douala et dans la Ménoua.
Arrestations 20 personnes arrêtées à Garoua pour insurrection.
Résultats Attendus au plus tard lundi soir par le Conseil constitutionnel.

Vers un Avenir Incertain

Alors que le Cameroun attend les résultats définitifs, l’avenir reste incertain. Les mesures de sécurité, bien que présentées comme nécessaires, risquent d’attiser davantage les tensions. Les arrestations et la répression des manifestations pourraient exacerber le sentiment d’injustice, surtout si le Conseil constitutionnel confirme la victoire de Paul Biya.

Pour les partisans d’Issa Tchiroma, l’espoir d’un changement historique reste vivace. Mais dans un pays où le pouvoir semble solidement ancré, la route vers une alternance politique s’annonce semée d’embûches. Les prochains jours seront cruciaux pour l’avenir du Cameroun.

En attendant, la population est appelée à faire preuve de patience. Mais dans les rues de Douala, de Garoua et d’ailleurs, le calme semble fragile. Une chose est sûre : cette élection marquera un tournant, quel que soit son issue.

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