Les élections législatives britanniques de ce jeudi s’annoncent historiques. Après des années de domination conservatrice, le vent semble avoir tourné en faveur du Parti travailliste. Porté par un renouveau orchestré par son leader Keir Starmer, le Labour apparaît comme le grand favori du scrutin. Mais que signifie réellement ce changement de cap politique pour le Royaume-Uni ?
Le déclin inexorable des Tories
Depuis des mois, le Parti conservateur semble incapable de redresser la barre. Malgré les efforts du Premier ministre Rishi Sunak pour multiplier les annonces populaires, l’écart avec les travaillistes reste béant dans les sondages. En moyenne, le Labour devance les Tories de près de 20 points.
Lundi, lors d’un déplacement de campagne dans les West Midlands, Rishi Sunak a semblé concéder la défaite, exhortant les électeurs à ne pas donner “un chèque en blanc” à Keir Starmer. Une rhétorique qui sonne comme un aveu d’impuissance face à la vague travailliste qui s’annonce.
Un Labour recentré et crédible
Cette dynamique favorable au Labour est le fruit d’un long travail de remise en ordre orchestré par Keir Starmer. Depuis son élection à la tête du parti en 2020, l’ancien avocat s’est attelé à recentrer le Labour, prenant ses distances avec l’aile gauche incarnée par son prédécesseur Jeremy Corbyn.
Keir Starmer a réussi son pari : rendre le Labour à nouveau crédible et rassembleur, en phase avec les aspirations des Britanniques.
The Guardian
Ce recentrage idéologique s’est accompagné d’une reprise en main de l’appareil du parti. Keir Starmer n’a pas hésité à exclure certaines figures de l’aile gauche, quitte à s’attirer les critiques de “purges” en interne. Mais cette stratégie semble porter ses fruits dans l’opinion.
Un programme axé sur les services publics
Au cœur du programme travailliste pour ces élections : la promesse de restaurer les services publics mis à mal par des années d’austérité. Keir Starmer s’est engagé à réinvestir massivement dans le NHS, le système de santé gratuit, ainsi que dans l’éducation.
Autre engagement phare : la transition énergétique. Le Labour promet un vaste plan d’investissement dans les énergies renouvelables, avec l’objectif de faire du Royaume-Uni une puissance verte.
- Réinvestissement massif dans les services publics (NHS, éducation)
- Plan ambitieux pour la transition énergétique et les énergies renouvelables
- Réforme de la fiscalité pour plus de justice sociale
Vers une super-majorité travailliste ?
À la veille du scrutin, l’ampleur de la victoire semble la seule inconnue. Selon un ultime sondage Survation publié mardi, le Labour pourrait décrocher jusqu’à 484 sièges sur 650. Du jamais vu depuis le raz-de-marée de Tony Blair en 1997.
Une telle “super-majorité” donnerait au Labour les coudées franches pour gouverner et mettre en œuvre son programme. Elle signerait aussi l’échec cinglant des conservateurs, ouvrant une période de profondes remises en question pour le parti de Margaret Thatcher.
Le Royaume-Uni est donc à la croisée des chemins. Les urnes trancheront ce jeudi, mais une page semble sur le point de se tourner. Celle d’un retour aux affaires des travaillistes, portés par l’espoir d’un renouveau après une décennie de domination conservatrice.