Imaginez-vous debout au bord d’une rivière tumultueuse, là où votre maison se dressait encore il y a quelques semaines. L’eau a tout emporté : vos souvenirs, vos proches, votre refuge. À Bali, cette scène déchirante est devenue réalité pour des dizaines de familles après les inondations dévastatrices de septembre 2025. Ces catastrophes, loin d’être de simples caprices de la nature, mettent en lumière une vérité alarmante : le développement touristique effréné de l’île menace son équilibre écologique et la sécurité de ses habitants. Comment une destination paradisiaque, surnommée l’île des dieux, en est-elle arrivée là ? Cet article explore les causes profondes de ces inondations, leurs conséquences humaines et environnementales, et les solutions envisagées pour éviter une tragédie encore plus grande.
Bali sous les eaux : une catastrophe annoncée
Le 9 septembre 2025, Bali a été frappée par des pluies torrentielles d’une intensité jamais vue. Dans le district de Badung, où se concentrent les stations balnéaires les plus prisées, les rivières ont débordé, emportant maisons, routes et vies. Dix-huit personnes ont péri, et des milliers d’autres ont tout perdu. Parmi elles, une jeune femme de 28 ans, bouleversée, témoigne de la disparition de sa maison familiale et de ses proches, engloutis par les flots. Cette tragédie n’est pas seulement le fruit d’un phénomène météorologique extrême : elle révèle les failles d’un développement anarchique qui a transformé l’île au détriment de son environnement.
Ma maison, mon frère, mes parents… tout a disparu en une nuit.
Une habitante de Bali, septembre 2025
Les inondations et glissements de terrain qui ont ravagé l’île sont le résultat d’une combinaison fatale : des précipitations record, un urbanisme chaotique et une gestion environnementale défaillante. Mais comment en est-on arrivé là ? Pour comprendre, il faut remonter aux racines du problème : l’explosion touristique qui a redessiné le paysage balinais.
Un boom touristique aux conséquences dévastatrices
Bali, avec ses rizières en terrasse, ses temples sacrés et ses plages de carte postale, attire chaque année des millions de visiteurs. En 2025, plus de 4,6 millions de touristes étrangers ont foulé son sol en seulement sept mois, dépassant le nombre d’habitants permanents (4,4 millions). Ce boom touristique a généré des emplois et dynamisé l’économie locale, mais à quel prix ? Les terres autrefois verdoyantes du sud de l’île, qui absorbaient naturellement les eaux de pluie, ont cédé la place à des hôtels, des villas et des routes bétonnées.
Une analyse récente, menée par une start-up spécialisée dans l’imagerie satellite, révèle l’ampleur de cette transformation. En comparant des images des années 1960 à celles de 2025, les experts ont constaté une urbanisation galopante. Les sols, désormais imperméables, ne peuvent plus jouer leur rôle de drainage naturel. « Les terres ont été converties en infrastructures sans planification cohérente », explique un chercheur. Cette urbanisation sauvage a fragilisé l’île face aux intempéries, rendant les inondations plus fréquentes et plus destructrices.
Chiffre clé : Plus de 4,6 millions de touristes ont visité Bali en 2025, surpassant la population locale.
Une gestion urbaine à la dérive
Le développement touristique de Bali s’est accompagné d’une gestion urbaine chaotique. Les lois d’aménagement du territoire, souvent ignorées, ont permis la construction d’infrastructures dans des zones à risque, comme les berges des rivières. Ces zones, autrefois protégées, sont aujourd’hui encombrées de bâtiments qui obstruent les écoulements naturels de l’eau. Un militant local d’une ONG environnementale dénonce cette situation : « L’absence de régulation stricte a transformé Bali en une bombe à retardement écologique. »
Le gouverneur de Bali, conscient des lacunes, a annoncé une série de mesures pour remédier à ces problèmes. Une étude sur les constructions le long des principaux cours d’eau est en cours, et les autorités promettent de sanctionner les violations des règles de zonage. Une réglementation visant à protéger les emblématiques rizières en terrasse est également à l’étude. Mais ces initiatives suffiront-elles à inverser la tendance ?
Le fléau des déchets : un aggravant majeur
À l’urbanisation incontrôlée s’ajoute un autre problème criant : la gestion des déchets. Bali produit chaque jour 4 200 tonnes de détritus, dont moins de la moitié est correctement acheminée vers des décharges. Les déchets plastiques, souvent jetés dans les rivières ou mal collectés, obstruent les systèmes d’évacuation des eaux. Lors des fortes pluies, ces amas de détritus aggravent les inondations en empêchant l’eau de s’écouler librement.
Les rivières sont devenues des dépotoirs, et cela empire les catastrophes.
Un professeur de l’Université Udayana
Les autorités locales tentent de réagir. Une grande décharge doit fermer ses portes en 2025, et des campagnes incitent les habitants à mieux trier leurs déchets organiques. Cependant, sans un système de gestion efficace, une grande partie des ordures risque de continuer à polluer l’environnement. Un projet d’usine de valorisation énergétique est en discussion, mais sa mise en œuvre prendra du temps, trop peut-être pour prévenir les prochaines catastrophes.
| Problème | Impact | Solution proposée |
|---|---|---|
| Urbanisation anarchique | Sols imperméables, inondations aggravées | Étude des constructions, protection des rizières |
| Gestion des déchets | Obstruction des rivières, inondations | Fermeture de décharge, usine de valorisation |
Le changement climatique, une menace croissante
Si l’urbanisation et la mauvaise gestion des déchets sont des facteurs clés, le changement climatique joue un rôle de plus en plus déterminant. Une atmosphère plus chaude retient davantage d’humidité, augmentant la fréquence et l’intensité des pluies torrentielles. Les experts avertissent que des épisodes comme celui de septembre 2025 pourraient devenir la norme si aucune action n’est prise. « La saison des pluies, en décembre et janvier, pourrait provoquer des catastrophes encore plus graves », prévient un universitaire balinais.
Le projet d’un deuxième aéroport international dans le nord de l’île, destiné à développer le tourisme dans une région encore préservée, inquiète également. Cette initiative risque d’accroître la pression sur les ressources naturelles et d’aggraver les problèmes d’urbanisation et de déchets. Face à ces défis, les habitants et les autorités se trouvent à la croisée des chemins.
Vers un avenir plus durable ?
Face à la multiplication des catastrophes, Bali doit repenser son modèle de développement. Voici les pistes envisagées pour un avenir plus résilient :
- Renforcer les réglementations : Appliquer strictement les lois d’aménagement du territoire pour limiter les constructions dans les zones à risque.
- Protéger les écosystèmes : Préserver les rizières et les zones naturelles pour maintenir la capacité d’absorption des sols.
- Améliorer la gestion des déchets : Développer des infrastructures modernes pour traiter les ordures et sensibiliser la population.
- Adapter les infrastructures : Construire des systèmes de drainage plus performants pour faire face aux pluies extrêmes.
Ces mesures, bien que prometteuses, nécessitent une volonté politique forte et des investissements conséquents. Les habitants, eux, oscillent entre espoir et résignation. « Nous ne pouvons pas continuer ainsi », confie un résident. « Si rien ne change, Bali risque de perdre son âme et sa sécurité. »
En conclusion, les inondations de septembre 2025 à Bali ne sont pas un simple accident météorologique, mais le symptôme d’un modèle touristique et urbain insoutenable. Entre la pression du tourisme de masse, la mauvaise gestion des déchets et les effets du changement climatique, l’île des dieux est à un tournant. Les mesures annoncées par les autorités, bien que nécessaires, arriveront-elles à temps pour éviter une nouvelle tragédie ? L’avenir de Bali dépendra de sa capacité à concilier développement économique et préservation de son environnement unique.
