Imaginez-vous dans une ville où l’argent liquide, ce simple bout de papier qui facilite la vie quotidienne, devient une denrée rare. À Gaza, cette réalité frappe de plein fouet. Avec la réouverture de quelques banques sous un cessez-le-feu précaire, des foules se pressent dans l’espoir de retirer de l’argent, mais le constat est cruel : les caisses sont vides. Cette situation, née d’une crise économique aggravée par des années de conflit, reflète le désespoir d’une population qui lutte pour survivre.
Une Crise de Liquidités Sans Précédent
Depuis le début du conflit déclenché le 7 octobre 2023, Gaza vit une pénurie de liquidités dramatique. Les billets en circulation, souvent usés jusqu’à la corde, sont parfois réparés à la main sur les marchés. Les restrictions imposées par Israël sur l’entrée de nouvelles devises ont amplifié cette crise, entraînant une inflation galopante et une dévaluation des salaires. Les habitants, déjà éprouvés par la guerre, se retrouvent dans une situation où même l’accès à leur propre argent devient un défi.
Les banques, dont beaucoup ont été détruites, ne peuvent répondre à la demande. À Deir el-Balah, au centre de Gaza, une foule s’est massée devant la Banque de Palestine, l’une des rares agences à avoir rouvert ses portes le 10 octobre, grâce à une trêve fragile. Mais l’espoir d’accéder à des fonds s’est vite transformé en frustration pour des dizaines de personnes, comme Ahmad, un trentenaire déplacé du nord de Gaza, qui espérait toucher son salaire.
“J’ai couru à la banque dès qu’elle a rouvert, mais il n’y avait pas d’argent. C’est épuisant, la situation est catastrophique.”
Ahmad, habitant de Gaza
Les Banques au Cœur de la Tourmente
La réouverture des agences bancaires, comme celles de Deir el-Balah et Nousseirat, marque un rare moment d’espoir pour les Gazaouis. Cependant, les conditions de sécurité restent précaires, et les réserves de liquidités sont quasi inexistantes. Un responsable bancaire, s’exprimant sous couvert d’anonymat, explique que les billets en circulation datent d’avant le conflit et sont souvent en mauvais état. Cette situation oblige les habitants à se débrouiller avec des moyens de paiement alternatifs, souvent coûteux ou inefficaces.
Les distributeurs automatiques, majoritairement hors service, ne sont d’aucune aide. Les rares billets disponibles sont parfois échangés à des taux exorbitants par des commerçants, qui prélèvent des commissions pouvant atteindre la moitié des sommes retirées. Cette pratique, bien que courante, aggrave la précarité des habitants, déjà confrontés à une économie en ruine.
Le saviez-vous ? Les billets usés à Gaza sont parfois recollés avec du ruban adhésif sur les marchés, une pratique qui illustre l’ampleur de la crise monétaire.
Les Paiements Numériques : Une Solution Partielle
Face à l’absence de liquidités, certains Gazaouis se tournent vers les paiements virtuels. Les applications bancaires permettent, pour ceux qui y ont accès, d’envoyer ou de recevoir de l’argent, comme des salaires ou des aides de proches. D’autres utilisent des portefeuilles électroniques, semblables à PayPal, ou des systèmes de “transferts d’ami à ami”, qui offrent des virements rapides pour des montants limités. Mais ces solutions sont loin d’être idéales.
Les coupures fréquentes d’électricité et d’internet rendent les transactions numériques aléatoires. De plus, tous les habitants n’ont pas accès à un smartphone ou à une connexion stable, ce qui limite l’efficacité de ces outils. Pour beaucoup, comme Amal, une habitante de Gaza, les applications bancaires sont souvent “hors service”, ajoutant une couche supplémentaire de frustration.
“Les services bancaires sont suspendus, les applications ne fonctionnent pas. Comment sommes-nous censés vivre ?”
Amal, résidente de Gaza
Une Économie au Bord du Gouffre
La guerre a plongé Gaza dans une crise économique sans précédent. Selon les Nations unies, plus de 2 millions d’habitants vivent désormais dans la pauvreté, avec un chômage généralisé et une économie dévastée. Les restrictions monétaires imposées par Israël, combinées à la destruction des infrastructures bancaires, ont créé un cercle vicieux où l’accès à l’argent, qu’il soit physique ou numérique, est devenu un luxe.
Les experts de l’ONU appellent à des mesures urgentes : lever les restrictions monétaires, rétablir les flux de liquidités, et sécuriser les systèmes de distribution d’argent. Ils soulignent également l’importance de faciliter les paiements numériques pour pallier la pénurie de billets. Pourtant, sur le terrain, ces recommandations peinent à se concrétiser, laissant les habitants dans une situation de survie quotidienne.
Problème | Impact | Solution proposée |
---|---|---|
Pénurie de liquidités | Inflation, perte de pouvoir d’achat | Lever les restrictions sur les devises |
Destruction des banques | Accès limité aux fonds | Reconstruire les infrastructures |
Coupures d’électricité | Paiements numériques inaccessibles | Améliorer l’accès à l’électricité |
Le Désespoir des Habitants
Pour les Gazaouis, chaque jour est une lutte pour répondre aux besoins de base. Taysir, un autre habitant, exprime son exaspération face à l’impossibilité d’accéder à son compte bancaire ou d’acheter des produits sur les marchés. “Nous ne pouvons ni manger ni vivre correctement”, déplore-t-il. Cette frustration est partagée par Mahmoud, un déplacé du nord de Gaza, qui avait placé tous ses espoirs dans la réouverture des banques, seulement pour découvrir qu’aucun argent n’était disponible.
Le sentiment dominant est celui d’un retour à la case départ. Malgré la trêve, les problèmes structurels persistent, et les habitants se sentent abandonnés. La crise de liquidités, loin d’être résolue, continue de peser lourdement sur une population déjà éprouvée par des années de conflit et d’isolement.
Quelles Perspectives pour l’Avenir ?
La situation à Gaza soulève des questions cruciales sur l’avenir économique de la région. Sans une intervention internationale concertée, la crise risque de s’aggraver, plongeant davantage d’habitants dans la précarité. Les appels des Nations unies à lever les restrictions monétaires et à investir dans des infrastructures bancaires sécurisées restent pour l’instant sans réponse concrète.
Pourtant, des solutions existent. Restaurer les flux de devises, moderniser les systèmes de paiement numérique, et garantir un accès stable à l’électricité pourraient atténuer la crise. Mais ces mesures nécessitent une volonté politique et une coordination internationale, dans un contexte où la paix reste fragile.
En résumé :
- La pénurie de liquidités paralyse l’économie de Gaza.
- Les banques rouvrent, mais sans argent à distribuer.
- Les paiements numériques, bien que prometteurs, sont limités par les coupures d’électricité.
- Les habitants luttent pour survivre dans une économie en ruine.
La crise de liquidités à Gaza est bien plus qu’un problème économique : elle est le reflet d’une situation humanitaire dramatique. Alors que les habitants continuent de faire preuve d’une résilience remarquable, leur quotidien reste marqué par l’incertitude et le désespoir. Sans solutions durables, combien de temps pourront-ils tenir ?