Imaginez-vous enfermé dans une cage si étroite que vous ne pouvez ni vous tenir debout ni vous allonger confortablement, l’air rare, la faim constante. C’est la réalité qu’ont vécue des otages israéliens retenus à Gaza par le Hamas pendant plus de deux ans. À travers les récits déchirants de leurs proches, une lumière crue est jetée sur les conditions inhumaines de leur captivité. Ces témoignages, partagés après la libération des derniers otages vivants le 13 octobre 2025, révèlent un quotidien marqué par la souffrance physique et psychologique, dans un contexte de conflit où la survie était un défi permanent.
Une Captivité dans l’Ombre du Conflit
Le 7 octobre 2023, une attaque d’une violence sans précédent menée par le Hamas en sol israélien a bouleversé des vies entières. Au total, 251 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, devenant des pions dans un conflit géopolitique complexe. Parmi elles, seules 48 restaient entre les mains de leurs ravisseurs début octobre 2025, certaines vivantes, d’autres décédées. Les vingt derniers otages vivants, libérés dans le cadre d’un cessez-le-feu négocié par les États-Unis, portent encore les stigmates d’une détention inhumaine. Leurs proches, premiers à s’exprimer, décrivent un calvaire fait de privations, de violences et de manipulations.
Des Cages Exiguës : Un Confinement Inhumain
Pour certains otages, la captivité s’est déroulée dans des conditions proches de l’inimaginable. Des cages de dimensions réduites, parfois 1,80 mètre par 1,60 mètre, ont servi de prisons. « On ne peut pas se tenir debout là-dedans, on est courbé », raconte un proche d’Omri Miran, l’un des otages libérés. Dans ces espaces exigus, jusqu’à cinq personnes étaient entassées, privées de liberté de mouvement. Un autre témoignage évoque une cage où la longueur correspondait à peine à celle d’un matelas, renforçant l’impression d’être traité comme un animal.
« C’était un endroit grillagé, à peine plus grand qu’un matelas. On peut appeler ça une cage. »
Père d’Avinatan Or, otage pendant deux ans
Ces conditions, loin de toute dignité humaine, ont marqué les corps et les esprits. Les otages, souvent isolés ou regroupés dans des espaces inadaptés, ont dû s’adapter à un environnement conçu pour briser leur résistance. La privation de mouvement, combinée à d’autres formes de maltraitance, a transformé leur quotidien en une lutte pour la survie.
Fosses et Tunnels : L’Enfer Souterrain
Pour d’autres, la captivité s’est déroulée sous terre, dans des fosses ou des tunnels creusés dans le sol de Gaza. Un témoignage poignant relate l’expérience de Yosef-Haim Ohana, retenu plusieurs jours dans une fosse souterraine avec six autres captifs. « Ils ne pouvaient pas s’asseoir, seulement s’appuyer contre le mur en restant debout. Ils manquaient d’oxygène », explique son père. Ces conditions extrêmes, où l’air était rare et l’espace inexistant, ont poussé les otages au bord de l’asphyxie.
Les tunnels, souvent associés aux opérations du Hamas, étaient également utilisés pour détenir les otages. Ces galeries souterraines, sombres et étouffantes, amplifiaient le sentiment d’isolement et de désespoir. Les proches décrivent des environnements où la lumière du jour était absente, remplacée par une obscurité oppressante. Ces lieux, conçus pour dissimuler, devenaient des prisons invisibles, coupées du monde extérieur.
La Faim comme Arme
La malnutrition était une réalité quotidienne pour les otages. Plusieurs témoignages convergent pour décrire une famine imposée, utilisée comme outil de pression. « Quelques cuillerées de riz par jour », c’est tout ce que recevait Eitan Mor, selon son père. Une vidéo diffusée par le Hamas en août 2025 montrait un otage, Evyatar David, dans un état de maigreur extrême, le corps réduit à « peau et os ». Son compagnon de captivité, Guy Gilboa Dalal, était dans un état similaire, selon son frère.
Ce régime de privation alimentaire était, selon certains proches, une réponse directe au blocus imposé par Israël sur Gaza, qui a limité l’accès aux ressources dans la région. Les otages, transformés en « vitrines de la faim », étaient exhibés pour illustrer les conséquences de ce blocus. Cependant, cette stratégie a eu des effets dévastateurs sur leur santé physique, les laissant affaiblis et vulnérables.
Les chiffres clés de la malnutrition des otages :
- Rations réduites à quelques cuillerées de riz par jour.
- Visages émaciés visibles dans les vidéos diffusées par le Hamas.
- Conditions similaires à la famine signalée dans certaines zones de Gaza.
Manipulations Psychologiques : Briser l’Esprit
Outre les privations physiques, les otages ont été soumis à des manipulations psychologiques visant à éroder leur moral. Selon les proches, le Hamas leur faisait croire que l’armée israélienne cherchait à les tuer, et non à les sauver. On leur montrait des images d’autres otages prétendument assassinés par les forces israéliennes, semant le doute et la peur. « On leur a raconté beaucoup de mensonges », confie le frère de Guy Gilboa Dalal, soulignant l’impact de ces tactiques sur l’état mental des captifs.
« On leur a montré des otages qui, selon ce qu’on leur disait, avaient été tués délibérément par les forces israéliennes. »
Frère de Guy Gilboa Dalal
Ces stratégies visaient à briser toute résistance psychologique, rendant les otages dépendants de leurs ravisseurs pour leur survie et leur perception de la réalité. Ce type de manipulation, combiné à l’isolement et à la malnutrition, a laissé des cicatrices profondes, rendant la réhabilitation des otages particulièrement complexe.
Violences Physiques : Un Calvaire Silencieux
Les témoignages font également état de violences physiques infligées à certains otages. Rom Braslavski, par exemple, aurait été fouetté et battu à l’aide d’objets non précisés entre avril et juillet 2025, selon sa mère. Avinatan Or, qui a tenté de s’échapper, a été menotté et enfermé dans une cage en guise de punition. Ces actes de violence, bien que rarement détaillés par les proches, soulignent la brutalité de certaines périodes de captivité.
Pour les otages, ces sévices physiques s’ajoutaient à un environnement déjà hostile. Les témoignages suggèrent que les violences n’étaient pas systématiques, mais qu’elles servaient à maintenir la peur et la soumission. Chaque acte de rébellion, comme une tentative d’évasion, était sévèrement réprimé, renforçant l’emprise des ravisseurs.
La Position du Hamas : Une Défense Controversée
Face à ces accusations, un responsable du Hamas, sous couvert d’anonymat, affirme que les otages ont été traités « en accord avec les enseignements de l’islam, de façon très éthique et humaine ». Selon lui, ils vivaient dans les mêmes conditions que leurs gardes, recevant nourriture et soins médicaux en fonction des ressources disponibles à Gaza. Cette déclaration contraste fortement avec les récits des proches, qui dépeignent un tableau bien plus sombre.
Le responsable évoque également les contraintes imposées par le blocus de Gaza, qui aurait limité l’accès à la nourriture et aux soins. Cette affirmation fait écho aux rapports d’experts de l’ONU, qui ont signalé une famine dans certaines parties du territoire en août 2025, bien qu’Israël ait contesté ces conclusions. Ce débat sur les conditions à Gaza souligne la complexité du contexte dans lequel les otages étaient détenus.
Le Long Chemin de la Reconstruction
Pour les otages libérés, le retour à la vie normale est un défi immense. « Ils ont un très long chemin à parcourir, physiquement et mentalement », confie un proche. Les séquelles de la malnutrition, des violences et des manipulations psychologiques nécessitent un accompagnement médical et psychologique intensif. Les familles, bien que soulagées par la libération, doivent désormais faire face à la douleur de voir leurs proches transformés par ces années de captivité.
Défis post-libération | Description |
---|---|
Santé physique | Malnutrition sévère, corps affaiblis, besoin de réhabilitation médicale. |
Traumatismes psychologiques | Stress post-traumatique, anxiété, méfiance envers autrui. |
Réintégration sociale | Difficulté à retrouver une vie normale après des années d’isolement. |
La reconstruction passe aussi par un soutien familial et communautaire. Les proches, qui ont porté le poids de l’attente et de l’incertitude, jouent un rôle clé dans ce processus. Cependant, le silence des otages eux-mêmes, qui n’ont pas encore pris la parole publiquement, témoigne de la profondeur de leur traumatisme.
Un Cessez-le-Feu Fragile
La libération des vingt derniers otages vivants s’inscrit dans un cessez-le-feu négocié par les États-Unis, entré en vigueur le 10 octobre 2025. En échange, Israël a libéré 1 968 détenus palestiniens, un chiffre qui reflète l’ampleur des négociations. Cependant, des tensions persistent : sur les 28 dépouilles d’otages encore retenues par le Hamas, seules 12 ont été restituées à ce jour. Ce retard alimente les inquiétudes des familles et met en lumière la fragilité de l’accord.
Ce cessez-le-feu, bien que porteur d’espoir, ne marque pas la fin du conflit. Les récits des proches rappellent que derrière les chiffres et les négociations se cachent des drames humains, des vies brisées et des familles marquées à jamais. La question des otages reste un symbole des tensions profondes qui continuent de diviser la région.
Que Reste-t-il de l’Humanité dans la Captivité ?
Les témoignages des proches des otages jettent une lumière crue sur les réalités de la captivité à Gaza. Entre cages exiguës, fosses souterraines, famine imposée et manipulations psychologiques, les otages ont enduré des conditions qui interrogent les limites de l’humanité. Ces récits, bien que douloureux, sont essentiels pour comprendre l’impact du conflit sur les individus pris dans son tourbillon.
Alors que les otages libérés entament un long processus de reconstruction, leurs histoires rappellent l’urgence de solutions durables pour mettre fin à ce cycle de violence. La communauté internationale, les gouvernements et les organisations humanitaires ont un rôle à jouer pour garantir que de telles épreuves ne se reproduisent pas. Pour l’heure, les voix des proches résonnent comme un cri pour la justice et la dignité, dans un conflit où l’humain est trop souvent oublié.