Après le choc de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin dernier, nombreux sont ceux qui s’attendaient à un grand jeu de chaises musicales dans les postes stratégiques de la police et de la justice. L’objectif : sécuriser ces institutions clés avant les élections législatives qui s’annoncent plus qu’incertaines pour la majorité présidentielle. Pourtant, à quelques jours du premier tour, force est de constater que le statu quo prévaut. Pas de vague de nominations, pas de remaniement en profondeur. Le calme avant la tempête ?
Une “transparence” qui tombe à pic
Ironie du calendrier, la traditionnelle “transparence” des magistrats, qui acte leurs mutations estivales, avait été publiée la veille de la dissolution. Impossible donc pour l’exécutif de reprendre la main dans l’immédiat sur ces mouvements déjà entérinés. Seule une poignée de procureurs de petites et moyennes juridictions ont fait l’objet d’une deuxième salve de nominations. Sans faire de vagues, ou presque.
Car dans le lot, quelques magistrats réputés proches de la droite, comme la syndicaliste Béatrice Brugère, ont vu leur demande de mutation rejetée. Un camouflet qui en dit long sur la fébrilité ambiante dans la magistrature, qui oscille entre sidération et anticipation fébrile depuis le premier tour.
Le RN en embuscade
Car dans les starting-blocks, le Rassemblement national affûte déjà ses armes en prévision d’une possible victoire aux législatives. Selon nos informations, les équipes de Marine Le Pen ont commencé à consulter discrètement des magistrats pour constituer un éventuel cabinet Place Vendôme.
Nous testons la température, les affinités, les volontés. Il faut être prêts.
confie un cadre du parti
Une prudence de Sioux qui tranche avec les menaces de “coup d’État administratif” agitées par la patronne du RN pendant la campagne présidentielle. Il faut dire que le corps judiciaire, échaudé par des années de dénigrement, ne se laissera pas faire en cas d’alternance.
L’épée de Damoclès des triangulaires
Côté police en revanche, l’heure est davantage à l’expectative. Avant d’esquisser le moindre mouvement, Gérald Darmanin attend de voir si la macronie parviendra à sauver les meubles aux législatives. Notamment dans les dizaines de triangulaires annoncées face au RN et à la NUPES.
Le ministre de l’Intérieur joue gros, lui qui lorgne sur Matignon en cas de vacance du poste. Hors de question donc de se aliéner les syndicats policiers avant l’heure. Quitte à donner des gages, comme la récente circulaire musclant l’application des OQTF.
Mais si la majorité présidentielle venait à perdre son assise à l’Assemblée, nul doute que la grande valse des postes clés s’emballe. Histoire de ne pas se retrouver totalement démuni en cas de cohabitation. Le calme actuel n’est peut-être qu’une illusion, un sursis accordé par des élections plus que jamais incertaines.