Le milieu de terrain malien Mohamed Camara se retrouve au cœur d’une polémique sans précédent après avoir masqué le logo LGBT+ floqué sur les maillots lors de la dernière journée de Ligue 1. Un geste qui lui vaut des accusations d’homophobie et une demande de sanctions de la part de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera. Mais contre toute attente, la Fédération malienne de football a décidé de voler au secours de son joueur.
Le scandale éclate en Ligue 1
Dimanche dernier, lors de l’ultime journée de championnat, les joueurs, entraîneurs et arbitres arboraient un maillot spécial frappé d’un logo arc-en-ciel, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation contre l’homophobie orchestrée par la Ligue de football professionnel (LFP). Mais Mohamed Camara, sociétaire de l’AS Monaco, a fait le choix de masquer ce logo sur sa tunique. Un acte immédiatement interprété comme un signe d’intolérance et d’homophobie par de nombreux observateurs et responsables politiques.
Les joueurs sont des citoyens comme les autres dont les droits fondamentaux doivent être protégés en toutes circonstances.
Fédération malienne de football
Devant le tollé provoqué, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera a haussé le ton, dénonçant un “comportement inadmissible” et réclamant “les sanctions les plus fermes” à l’encontre de Camara et potentiellement de son club. L’AS Monaco se retrouve ainsi sous pression, sommé de prendre des mesures disciplinaires contre son joueur.
La Fédération malienne monte au créneau
C’était sans compter sur le soutien inattendu apporté à Mohamed Camara par son pays. Dans un communiqué publié mercredi, la Fédération malienne de football a tenu à défendre le droit de son international “dans l’exercice de sa liberté d’expression et son corollaire, [celle] de ne pas s’exprimer”. Une position tranchée qui fait écho au débat sur le respect des convictions personnelles et religieuses des joueurs.
Le Mali, pays très conservateur
Il faut dire qu’au Mali, pays ultra-majoritairement musulman (95%), l’homosexualité reste un sujet tabou et mal accepté, même si aucune loi ne la pénalise. Les valeurs traditionnelles et religieuses y sont encore très prégnantes. Sur les réseaux sociaux, Mohamed Camara a ainsi reçu une vague de soutiens de la part de ses compatriotes et de personnalités maliennes de premier plan, louant son geste comme un acte de courage et de fidélité à ses convictions.
Vers un bras de fer entre la France et le Mali ?
Cette prise de position de la Fédé malienne constitue un véritable défi lancé à la ministre française et à la LFP. L’affaire Camara pourrait bien se transformer en incident diplomatique entre la France et le Mali si les autorités françaises venaient à sanctionner lourdement le joueur, contre l’avis de son pays. Un bras de fer se profile donc à l’horizon, d’autant que la polémique enfle : un autre joueur, le Lillois Nabil Bentaleb, est lui aussi mis en cause pour son “comportement homophobe” lors de cette 34e journée.
Liberté d’expression contre lutte contre les discriminations
Au delà du cas Camara, cette affaire soulève des questions de fond. Où s’arrête la liberté d’expression des sportifs, et où commence leur devoir d’exemplarité ? Comment concilier le respect des convictions individuelles et la nécessaire lutte contre toutes les formes de discrimination, y compris l’homophobie dans le sport ? Autant de problématiques complexes qui divisent l’opinion, en France comme au Mali. Une chose est sûre : les prochains jours s’annoncent agités pour Mohamed Camara et l’AS Monaco. Entre menaces de sanctions et soutiens enflammés, le milieu malien est désormais au centre de toutes les attentions. Reste à savoir quelle tournure prendra ce feuilleton hautement inflammable, aux lourds enjeux sportifs, politiques et sociétaux. Affaire à suivre…