En vue du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a annoncé une décision surprenante. Dans sa circonscription du Havre, il votera pour le candidat du Parti Communiste Français (PCF) face à son adversaire du Rassemblement National (RN). Un choix tactique fort qui suscite de vifs débats.
Une ligne politique “ni RN ni LFI”
Depuis plusieurs années, Édouard Philippe défend une ligne politique claire : il refuse tout accord avec le Rassemblement National de Marine Le Pen et La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Une position qu’il maintient pour ces législatives anticipées.
Je voterai pour un communiste dimanche prochain. Sans hésiter, car je préfère un élu avec lequel j’ai des désaccords, mais avec qui je peux travailler, qu’un candidat avec qui j’ai des désaccords de nature
a déclaré l’ancien Premier ministre.
Un vote habituel dans cette configuration
Édouard Philippe n’est pas le seul responsable politique à procéder ainsi. Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, et Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, optent également pour le vote PCF lorsque leurs adversaires du second tour sont issus du RN.
Le député PCF Jean-Paul Lecoq largement en tête
Au premier tour dans la 8e circonscription de Seine-Maritime, le député communiste sortant Jean-Paul Lecoq est arrivé en tête avec 42,82% des voix, devant la candidate RN Isabelle Le Coz (31,32%). Un duel serré se profile donc pour dimanche prochain.
Une main tendue à la gauche non-LFI et à la droite anti-RN
Avec ce choix, Édouard Philippe envoie un message clair. Il souhaite rassembler largement, de la gauche modérée à la droite républicaine, tous ceux qui refusent les extrêmes. Une stratégie payante pour endiguer la progression du RN à l’Assemblée ?
C’est une question de cohérence et de clarté politique. Je ne peux pas appeler à faire barrage au RN au niveau national si je ne le fais pas moi-même dans ma circonscription.
a justifié Édouard Philippe.
Une décision qui ne fait pas l’unanimité
Si certains saluent le courage et la constance d’Édouard Philippe, d’autres lui reprochent un “double discours”. Des élus de son propre camp politique, Horizons, choisissent la position inverse en se maintenant face au RN dans plusieurs circonscriptions.
Pour autant, la ligne d’Édouard Philippe apparaît minoritaire au sein de la majorité présidentielle. Le parti d’Emmanuel Macron, Renaissance, semble tenté par des accords au cas par cas avec la droite comme la gauche pour conserver sa majorité.
Un signal fort à J-5 du second tour
A seulement quelques jours du vote, la prise de position d’Édouard Philippe électrise la fin de campagne. Elle replace le “front républicain” au cœur des débats, à l’heure où le Rassemblement National est en position de force.
Dimanche soir, les résultats du scrutin permettront de savoir si cette stratégie était la bonne. Une chose est sûre, Édouard Philippe aura marqué ces législatives de son empreinte, pour le meilleur ou pour le pire.