InternationalSociété

Maroc : La Jeunesse Réclame Justice et Réformes

Les jeunes Marocains de GenZ 212 manifestent pour plus de justice sociale. Le roi répond par un appel aux réformes. Quelles solutions pour l’avenir du pays ? Lisez pour découvrir...

Dans les rues animées de Rabat, Casablanca ou Agadir, une nouvelle voix s’élève, portée par une jeunesse déterminée à changer l’avenir du Maroc. Depuis fin septembre, des rassemblements pacifiques secouent le pays, menés par le mouvement GenZ 212, un collectif de jeunes qui ne se contente plus de promesses. Ces manifestants, souvent âgés d’une vingtaine d’années, réclament des transformations profondes dans l’éducation, la santé et la lutte contre la corruption. Mais que signifie cette mobilisation pour le Maroc d’aujourd’hui et de demain ?

Une Jeunesse en Quête de Changement

Le Maroc traverse une période charnière. Alors que le pays se prépare à accueillir des événements sportifs d’envergure, comme la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et le Mondial 2030, une partie de sa population, notamment les jeunes, exprime un profond malaise face aux inégalités persistantes. Le collectif GenZ 212, fort de plus de 200 000 membres sur Discord, incarne cette vague de contestation. Organisant des manifestations quasi quotidiennes, ce mouvement, dont les fondateurs restent anonymes, a su capter l’attention nationale en s’adressant directement au sommet de l’État.

Leurs revendications sont claires : une réforme en profondeur des secteurs de l’éducation et de la santé, la fin de la corruption endémique et le départ d’un gouvernement jugé déconnecté des réalités. Ces demandes ne sont pas nouvelles, mais leur ampleur et leur organisation, amplifiées par les réseaux sociaux, marquent un tournant dans l’histoire des mobilisations marocaines.

Un Discours Royal Très Attendu

Face à cette effervescence, le roi Mohammed VI s’est exprimé lors d’une allocution devant le Parlement, un moment clé pour le pays. Sans mentionner directement les manifestations, il a appelé à une accélération des réformes sociales, mettant l’accent sur la création d’emplois pour les jeunes et l’amélioration des secteurs de l’éducation et de la santé. Cette intervention, perçue comme un signal fort par certains observateurs, a pourtant laissé un goût d’inachevé pour une partie des manifestants.

Je pensais qu’il dirait quelque chose de plus fort.

Raghd, ingénieure du son de 23 ans, manifestante à Rabat

Raghd, une jeune ingénieure du son ayant participé à plusieurs rassemblements à Rabat, exprime une déception partagée par certains membres de GenZ 212. L’absence d’une référence explicite à leur mouvement dans le discours royal a surpris, d’autant que le collectif avait suspendu ses manifestations ce soir-là par respect pour le souverain. Pourtant, d’autres voix, comme celle de Driss El Yazami, ancien président du Conseil national des droits de l’Homme, saluent un discours porteur d’un « appel à la mobilisation générale ».

Les Revendications de GenZ 212 : Un Écho National

Le mouvement GenZ 212 s’inscrit dans une longue tradition de contestations portées par la jeunesse marocaine, à l’image du Mouvement du 20 février 2011 ou du Hirak du Rif en 2016-2017. Ce qui distingue ce collectif, c’est son utilisation habile des réseaux sociaux et son refus de s’appuyer sur les partis politiques ou les syndicats traditionnels. En quelques semaines, il a réussi à fédérer des milliers de jeunes à travers des rassemblements dans plusieurs villes, allant de quelques dizaines à plusieurs centaines de participants par événement.

Les principales revendications de GenZ 212 :

  • Amélioration de l’accès à une éducation de qualité.
  • Modernisation du système de santé publique.
  • Lutte efficace contre la corruption.
  • Démission du gouvernement actuel.

Cette mobilisation a été déclenchée par un événement tragique : le décès de huit femmes enceintes à l’hôpital public d’Agadir en septembre, dans des circonstances qui ont révélé les failles du système de santé. Cet incident a agi comme un catalyseur, cristallisant le mécontentement d’une génération confrontée à des opportunités limitées et à des services publics défaillants.

Un Maroc à Deux Vitesses ?

Le Maroc, malgré une croissance économique moyenne de 3,7 % en 2023, reste marqué par des disparités profondes. Sept des douze régions du pays affichent des performances économiques inférieures à cette moyenne, accentuant le sentiment d’un « Maroc à deux vitesses ». Les zones rurales, notamment les régions montagneuses et les oasis, souffrent particulièrement de l’accès limité aux services essentiels. Le roi, conscient de ces défis, a insisté sur la nécessité de promouvoir une justice sociale et territoriale.

Il n’y a pas de place, ni aujourd’hui ni demain, pour un Maroc avançant à deux vitesses.

Mohammed VI, lors de la Fête du Trône en juillet

Cette déclaration, prononcée il y a quelques mois, résonne avec les slogans des manifestants. Lors des rassemblements, nombreux sont ceux qui ont scandé leur désir de voir moins de stades et plus d’hôpitaux, critiquant les investissements massifs dans les infrastructures sportives au détriment des besoins sociaux urgents.

Santé et Éducation : Les Cœurs du Problème

Le système de santé marocain, souvent critiqué pour son manque de moyens et d’accessibilité, est au centre des revendications. Le drame d’Agadir a mis en lumière des défaillances structurelles, comme le manque de personnel qualifié et d’équipements modernes dans les hôpitaux publics. De même, l’éducation, bien que prioritaire dans les discours officiels, souffre d’un manque d’investissements et d’une qualité inégale selon les régions.

Secteur Problèmes identifiés Revendications
Santé Manque d’équipements, personnel insuffisant, inégalités d’accès Modernisation des hôpitaux, recrutement de soignants
Éducation Qualité inégale, infrastructures vétustes Investissements accrus, égalité des chances

Pour les jeunes, ces lacunes ne sont pas seulement des problèmes techniques, mais des symboles d’un système qui semble privilégier les apparences aux dépens des besoins fondamentaux. Le contraste entre les investissements dans des projets prestigieux et les carences des services publics alimente leur frustration.

Une Mobilisation dans la Continuité

Le sociologue Mehdi Alioua replace GenZ 212 dans une perspective historique, notant que ce mouvement s’inscrit dans une longue lignée de mobilisations sociales au Maroc. Les revendications actuelles font écho à celles du Mouvement du 20 février, qui demandait plus de démocratie, ou du Hirak, qui dénonçait les inégalités dans le Rif. Cependant, GenZ 212 se distingue par son caractère décentralisé et son recours aux outils numériques, qui lui permettent de toucher un public plus large.

Soixante personnalités marocaines, issues de divers horizons, ont publiquement soutenu le mouvement, exhortant le roi à engager des réformes structurelles. Ce soutien, combiné à la pression des manifestations, a poussé le gouvernement à ouvrir la porte au dialogue, bien que les jeunes restent sceptiques face à ces propositions.

Vers un Avenir Plus Juste ?

Le discours royal, bien qu’il n’ait pas répondu directement aux attentes de GenZ 212, met en lumière une volonté de changement. Mohammed VI a insisté sur l’importance de projets sociaux pour réduire les disparités et promouvoir une société plus équitable. Mais pour les jeunes, les paroles doivent maintenant se traduire en actions concrètes.

Les priorités du roi pour le Maroc :

  • Création d’emplois pour les jeunes.
  • Renforcement des secteurs de l’éducation et de la santé.
  • Réduction des inégalités territoriales, notamment dans les zones rurales.

Le défi est de taille. Dans un pays où la croissance économique ne profite pas à tous, les jeunes de GenZ 212 incarnent un espoir de renouveau, mais aussi un avertissement. Leur mobilisation, pacifique mais déterminée, rappelle que le temps des promesses est révolu. La balle est désormais dans le camp des décideurs : sauront-ils répondre à cette jeunesse qui aspire à un Maroc plus juste ?

Alors que le pays se trouve à un carrefour, la question demeure : les réformes promises verront-elles le jour à temps pour apaiser les tensions ? Seule l’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la jeunesse marocaine ne restera pas silencieuse.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.