À un peu plus d’un mois de la COP30, prévue du 10 au 21 novembre 2025 dans la ville amazonienne de Belém, une ombre plane sur les préparatifs. Le Brésil, hôte de cette conférence mondiale sur le climat, exprime une frustration croissante face aux retards de nombreux pays dans la présentation de leurs objectifs climatiques pour 2035. Ces engagements, essentiels pour limiter le réchauffement planétaire, semblent relégués au second plan par des tensions géopolitiques et économiques. Alors, où en est-on vraiment dans la lutte contre la crise climatique?
COP30: Une Urgence Climatique à Belém
Organisée sous l’égide des Nations Unies, la COP30 se profile comme un rendez-vous décisif pour la planète. Le Brésil, qui accueillera des délégations de 162 pays, a pris les devants en actualisant ses propres Contributions Déterminées au Niveau National (NDC) dès l’année dernière. Ces plans, qui fixent des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2035, sont au cœur de l’Accord de Paris signé en 2015. Pourtant, à ce jour, seuls 62 pays ont soumis leurs engagements, un chiffre jugé décevant par les organisateurs.
Le président de la COP30, André Correa do Lago, n’a pas mâché ses mots lors d’une récente conférence de presse à Brasilia. « Nous devons reconnaître que nous sommes frustrés », a-t-il déclaré, pointant du doigt le manque d’avancées de plusieurs nations. Cette lenteur est d’autant plus préoccupante que des géants émetteurs, comme l’Inde ou l’Union européenne, n’ont pas encore dévoilé leurs plans. Pourquoi ce retard? Et quelles conséquences pour l’avenir?
Des Retards qui Inquiètent
Les NDC, ou Contributions Déterminées au Niveau National, sont bien plus qu’un simple document administratif. Elles représentent l’engagement concret de chaque pays à réduire ses émissions pour limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Le Brésil, conscient de son rôle en tant qu’hôte, a donné l’exemple en soumettant ses objectifs dès 2024. La Chine, plus grand émetteur mondial, a suivi en septembre 2025. Mais d’autres acteurs majeurs, comme l’Union européenne, souvent perçue comme un leader dans la lutte climatique, tardent à agir.
C’est un peu triste de voir que seuls 62 pays ont présenté leurs objectifs climatiques à ce jour.
André Correa do Lago, président de la COP30
Ce retard n’est pas anodin. Les tensions géopolitiques, les crises économiques et les priorités nationales divergentes ont relégué les enjeux climatiques à l’arrière-plan pour certains pays. Pourtant, chaque jour de retard complique l’atteinte des objectifs fixés à Paris il y a dix ans. La ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva, a exprimé sa déception face à l’inaction de certains « alliés historiques » dans cette lutte. Elle insiste toutefois sur l’espoir que ces nations présenteront leurs engagements avant le début de la COP30.
Le Brésil, un Hôte Sous Pression
Accueillir la COP30 à Belém, en plein cœur de l’Amazonie, n’est pas un choix anodin. Cette région, souvent qualifiée de « poumon de la planète », est au centre des débats sur la préservation de la biodiversité et la lutte contre la déforestation. Le Brésil veut profiter de cette tribune pour montrer son engagement, mais aussi pour rappeler l’urgence d’agir collectivement. Cependant, des défis logistiques se posent déjà: les prix exorbitants des logements à Belém risquent de freiner la participation de certaines délégations.
Pour préparer cet événement, une pré-COP aura lieu les 6 et 7 octobre 2025 à Brasilia, réunissant des représentants d’une cinquantaine de pays. Cette réunion vise à poser les bases des discussions de Belém, en clarifiant les attentes et en facilitant les négociations. Mais sans les NDC de tous les grands émetteurs, les discussions risquent de manquer de substance.
Les chiffres clés de la COP30 :
- 162 pays déjà accrédités
- 62 pays ayant soumis leurs NDC
- 10 au 21 novembre 2025 : dates de la COP30
- Belém, ville hôte en Amazonie
L’Accord de Paris en Péril?
L’Accord de Paris de 2015 reste la pierre angulaire de la coopération internationale contre le changement climatique. Son objectif ambitieux – limiter le réchauffement à 1,5 °C – exige une mobilisation sans précédent. Les NDC, actualisées tous les cinq ans, sont le mécanisme clé pour y parvenir. Mais avec seulement 62 pays ayant soumis leurs plans à ce jour, le risque est réel que les engagements collectifs soient insuffisants pour atteindre cet objectif.
Le retard des grands émetteurs, comme l’Inde ou l’Union européenne, met en lumière une réalité complexe. Les priorités nationales, qu’il s’agisse de crises économiques ou de tensions commerciales, freinent souvent l’élan climatique. Pourtant, comme le souligne Marina Silva, une présentation rapide des NDC permettrait une évaluation transparente des efforts mondiaux, essentielle pour maintenir la confiance entre les nations.
Les Défis Logistiques de Belém
Organiser un événement d’une telle ampleur dans une ville comme Belém n’est pas sans obstacles. Cette métropole amazonienne, bien que riche en symbolisme, fait face à des défis économiques et logistiques. Les prix des hébergements, déjà prohibitifs, pourraient décourager certains participants, limitant ainsi l’impact de la conférence. Les organisateurs travaillent d’arrache-pied pour garantir une participation inclusive, mais le temps presse.
La COP30 se veut un moment de vérité pour la communauté internationale. Les attentes sont immenses: il ne s’agit pas seulement de discuter, mais de prendre des engagements concrets pour l’avenir de la planète. Le choix de Belém comme ville hôte envoie un message clair: la protection de l’Amazonie et la lutte contre le changement climatique sont indissociables.
Vers une Mobilisation Mondiale?
Face à ces défis, le Brésil appelle à une mobilisation générale. Les organisateurs espèrent que les retardataires, notamment les grands émetteurs, présenteront leurs NDC avant le début de la conférence. Une telle démarche permettrait non seulement de renforcer la transparence, mais aussi de donner un élan aux négociations. Car au-delà des chiffres, c’est la volonté politique qui fera la différence.
Nous espérons que les NDC seront présentées avant la COP, pour une évaluation transparente.
Marina Silva, ministre brésilienne de l’Environnement
La COP30 pourrait être un tournant, mais seulement si les nations jouent le jeu. Les regards se tournent désormais vers les grandes puissances, dont l’inaction pourrait compromettre les efforts collectifs. Le compte à rebours a commencé, et chaque jour compte.
Pourquoi la COP30 Compte
La conférence de Belém ne se limite pas à un simple sommet diplomatique. Elle représente une opportunité unique de réaffirmer l’engagement mondial envers un avenir durable. Voici pourquoi cet événement est crucial :
- Symbolisme amazonien: En choisissant Belém, le Brésil met l’accent sur la préservation des écosystèmes vitaux.
- Transparence: Les NDC permettent de mesurer les efforts réels de chaque pays.
- Urgence climatique: Chaque année de retard aggrave les impacts du réchauffement.
- Coopération internationale: La COP30 est une chance de renforcer la solidarité mondiale.
La frustration du Brésil reflète un sentiment partagé par de nombreux acteurs climatiques. Alors que les catastrophes naturelles se multiplient – incendies, inondations, sécheresses – l’inaction n’est plus une option. La COP30 doit être le moment où les paroles se transforment en actes.
Et Après?
La route vers la COP30 est semée d’embûches, mais elle est aussi porteuse d’espoir. Si les grands émetteurs respectent leurs engagements et soumettent leurs NDC à temps, la conférence pourrait marquer un tournant. Le Brésil, en tant qu’hôte, a la lourde tâche de montrer la voie tout en surmontant les défis logistiques et politiques.
En attendant, les regards se tournent vers la pré-COP de Brasilia, qui donnera un avant-goût des débats à venir. Les organisateurs espèrent que ces discussions préliminaires inciteront les retardataires à accélérer leurs efforts. Car une chose est sûre: l’avenir de la planète ne peut attendre.
Pays | Statut des NDC |
---|---|
Brésil | Soumis en 2024 |
Chine | Soumis en septembre 2025 |
Union européenne | En attente |
Inde | En attente |
La COP30 à Belém sera bien plus qu’une simple conférence. Elle est une occasion de réaffirmer que la lutte contre le changement climatique est une priorité mondiale. Mais pour que cet événement soit un succès, il faudra surmonter les retards, les tensions et les défis logistiques. Le monde retient son souffle.