Les élections législatives 2024 réservent leur lot de surprises et de controverses. À Aix-en-Provence, la situation est particulièrement tendue dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône. Au cœur de la polémique : le maintien inattendu de la candidate macroniste Anne-Laurence Petel, malgré sa décevante 3e place au premier tour. Un choix qui divise localement, cristallise les tensions à l’échelle nationale, et pourrait bien faire basculer le second tour du scrutin.
Une candidature qui ne passe pas
Avec 28,91% des voix, Anne-Laurence Petel, députée LREM sortante, n’a pas réussi à convaincre. Devancée d’une courte tête par le candidat PS Jean-David Ciot (29,48%) et plus largement par le candidat RN Gérault Verny (31,65%), sa position semblait intenable. D’autant que dans la plupart des circonscriptions françaises où une triangulaire se profile, les candidats macronistes éliminés ont préféré se retirer, conformément aux consignes données par le Premier ministre Gabriel Attal pour contrer le RN.
Mais c’était sans compter sur la détermination d’Anne-Laurence Petel. Dès le soir du premier tour, elle a annoncé son intention de se maintenir coûte que coûte, estimant avoir encore toutes ses chances dans cette élection serrée. Un choix aussi surprenant que polémique, qui a immédiatement suscité une levée de boucliers.
Le spectre d’une victoire RN
En se maintenant, Anne-Laurence Petel prend le risque de diviser les voix anti-RN et de faire ainsi le jeu du candidat d’extrême-droite. Un scénario cauchemardesque pour la gauche et une partie des macronistes, qui n’ont pas manqué de s’indigner. Le leader du PS Olivier Faure a sommé à plusieurs reprises la candidate de renoncer, tandis qu’une pétition hostile à sa candidature a recueilli plus de 8200 signatures en quelques heures.
Madame Anne-Laurence Petel, si vous choisissiez de vous maintenir, vous ajouteriez le déshonneur à la défaite.
– Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, sur Twitter
Entre convictions et calculs politiques
Face à ce déferlement de critiques, Anne-Laurence Petel assume. Persuadée d’incarner le seul rempart crédible face à l’extrême-droite localement, elle met en avant le soutien de plusieurs ténors de la majorité présidentielle, à commencer par Gabriel Attal lui-même. Des soutiens de poids, qui pourraient cependant relever davantage du calcul politique que d’une véritable adhésion à sa démarche.
Car au-delà des postures, le maintien de la candidate macroniste répond aussi à des considérations stratégiques. En triangulaire, elle peut espérer bénéficier du report des voix de droite, historiquement importantes à Aix-en-Provence, et ainsi créer la surprise. Une manière pour LREM de sauver les meubles après une déroute annoncée au plan national, et de s’affirmer comme le premier opposant à l’extrême-droite.
Un second tour sous haute tension
Quoi qu’il en soit, cette candidature contestée promet un second tour électrique dans la cité aixoise. Désormais cible de toutes les attaques, Anne-Laurence Petel va devoir convaincre sur le terrain. Sa stratégie : rassembler au-delà de son camp, en capitalisant notamment sur son bilan local. Une gageure, quand ses adversaires dénoncent son « jusqu’au-boutisme » et un certain « déni des réalités politiques ».
Les projecteurs sont donc braqués sur Aix-en-Provence, devenue malgré elle un baromètre national. Cette 14e circonscription des Bouches-du-Rhône concentre tous les ingrédients d’un duel à couteaux tirés, où chaque voix comptera. La candidate macroniste réussira-t-elle son pari ? Réponse dans les urnes le 1er juillet, pour un second tour à haut risque qui pourrait réserver bien des surprises.