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GenZ 212 : La Révolte Marocaine Contre Les Inégalités

La jeunesse marocaine se soulève avec GenZ 212, réclamant santé et éducation pour tous. Que répondra le roi Mohammed VI à leurs attentes ?

Dans les rues animées du Maroc, une vague de colère et d’espoir déferle. Des jeunes, réunis sous la bannière de GenZ 212, battent le pavé pour dénoncer des injustices qui gangrènent leur société. Leur cri résonne : santé, éducation, justice sociale. Mais d’où vient cette révolte, et qu’espèrent-ils changer ?

Une Génération en Colère

Depuis fin septembre, des rassemblements nocturnes secouent les villes marocaines. De Rabat à Casablanca, en passant par les petites localités, des dizaines, parfois des centaines de jeunes se réunissent pour exiger des réformes. Ce mouvement, baptisé GenZ 212, tire son nom du code téléphonique du Maroc (+212) et d’une génération qui refuse de se taire face aux inégalités criantes. Avec plus de 200 000 membres sur leur serveur Discord, ces jeunes, souvent anonymes, organisent leurs actions avec une discipline remarquable.

Leur particularité ? L’absence de leader. Les décisions se prennent collectivement, après discussions et votes en ligne. Cette structure horizontale, expliquent-ils, protège le mouvement contre toute tentative de récupération ou d’intimidation par les autorités. Leur objectif est clair : transformer un système qu’ils jugent profondément inégalitaire.

La Santé, un Droit Bafoué

Pour beaucoup, la révolte trouve ses racines dans l’accès défaillant aux soins. Aymane, un étudiant en infographie de 21 ans, incarne cette frustration. Il raconte une expérience personnelle bouleversante :

Ma tante est morte parce que l’hôpital public n’a pas su la soigner à temps. Mon père, paralysé, a été baladé d’un établissement à l’autre sans prise en charge. Nous avons dû payer 80 000 dirhams dans une clinique privée, en nous endettant.

Aymane, 21 ans

Ce témoignage n’est pas isolé. Le drame d’Agadir, où huit femmes enceintes ont perdu la vie dans un hôpital public, a été le déclencheur de cette mobilisation. Pour Aymane et ses camarades, ce scandale est la preuve d’un système de santé défaillant, où les plus pauvres sont laissés pour compte.

Chiffre clé : Au Maroc, le salaire minimum est d’environ 300 euros, rendant l’accès aux cliniques privées prohibitif pour la majorité.

L’Éducation, un Privilège Réservé

L’accès à l’éducation est un autre combat central pour GenZ 212. Abderrahmane, 28 ans, illustre ce problème avec une franchise désarmante :

J’ai arrêté l’école parce que ma famille n’avait pas les moyens. Chaque rentrée était un cauchemar financier. Aujourd’hui, je cumule les petits boulots, souvent sans contrat.

Abderrahmane, 28 ans

Pour beaucoup de jeunes Marocains, l’éducation reste un luxe. Les frais scolaires, même dans le public, pèsent lourd sur les familles modestes. Abderrahmane dénonce un système qui, selon lui, exploite les plus vulnérables, les laissant sans perspectives stables.

Une Société à Deux Vitesses

Fatima, 23 ans, coiffeuse dans un village près de Taroudant, pointe du doigt les priorités mal placées du pays. Alors que le Maroc investit massivement dans des infrastructures sportives pour la Coupe d’Afrique des nations 2025 et le Mondial 2030, elle déplore l’absence de services essentiels :

Dans mon village, il n’y a ni hôpital ni pharmacie. Les stades, eux, poussent comme des champignons, mais les habitants du Haouz, touchés par le séisme de 2023, attendent toujours une aide.

Fatima, 23 ans

Cette fracture entre les priorités nationales et les besoins des citoyens alimente la colère. Pour Fatima, la santé et l’éducation devraient être des droits fondamentaux, non des privilèges réservés à une élite.

L’Exigence de Justice

Mohammed, 30 ans, chef cuisinier, incarne lui aussi cette soif de changement. Négligé par les hôpitaux publics pendant deux ans à cause d’un problème oculaire, il a dû se tourner vers le privé, au prix de sacrifices financiers :

Ma mère a vendu ses bijoux pour payer mes soins, mais ça n’a pas suffi. J’ai crié à Casablanca pour demander justice sociale.

Mohammed, 30 ans

Comme lui, les membres de GenZ 212 estiment que le gouvernement a échoué à répondre aux attentes des Marocains. Ils réclament une meilleure gouvernance et une lutte contre la corruption, perçue comme un fléau qui aggrave les inégalités.

Revendications principales Exemples concrets
Réforme de la santé Drame d’Agadir, décès de huit femmes enceintes
Accès à l’éducation Abandon scolaire faute de moyens
Justice sociale Lutte contre la corruption et l’impunité

Un Mouvement Sans Visage

Younès, 27 ans, juriste, explique la force de l’anonymat au sein de GenZ 212. En évitant toute figure centrale, le mouvement échappe aux pressions des autorités. Sur Discord, les discussions sont modérées pour exclure insultes ou tentatives d’infiltration, et les décisions sont prises démocratiquement :

Nous votons sur chaque action. La majorité décide, et nous suivons. Cela empêche l’État ou les partis de nous récupérer.

Younès, 27 ans

Cette organisation décentralisée rend GenZ 212 insaisissable. Les autorités peinent à identifier des leaders à approcher ou à intimider, ce qui renforce la résilience du mouvement.

Un Regard Tourné Vers le Roi

Le mouvement se distingue également par son rapport à la monarchie. Plutôt que de s’opposer directement au roi Mohammed VI, les jeunes préfèrent s’adresser à lui, espérant qu’il entende leurs revendications. À la veille de son discours annuel devant le Parlement, tous les yeux sont rivés sur lui. Va-t-il répondre à leurs attentes ou ignorer leurs cris ?

Pour Younès, la monarchie reste une institution respectée par une jeunesse peu politisée. Cependant, il insiste sur la nécessité d’une reddition des comptes pour les responsables corrompus, afin de briser le cycle de l’impunité.

Un Avenir à Construire

GenZ 212 incarne une génération qui refuse de se résigner. À travers leurs manifestations, ces jeunes Marocains expriment un ras-le-bol face à un système qui les marginalise. Leurs revendications, bien que centrées sur la santé et l’éducation, touchent à des enjeux plus larges : la justice sociale, la fin de la corruption, et une société plus équitable.

Le mouvement continue de grandir, porté par une énergie collective et une organisation inédite. Alors que le Maroc se prépare à des événements internationaux prestigieux, la question reste en suspens : les aspirations de cette jeunesse trouveront-elles un écho ?

En résumé :

  • GenZ 212 réunit des jeunes Marocains contre les inégalités.
  • Le mouvement exige des réformes dans la santé et l’éducation.
  • Sans leader, il s’organise via Discord de manière démocratique.
  • Les regards se tournent vers le roi pour des réponses concrètes.
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