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Procès Rokhaya Diallo vs Pascal Bruckner : L’expression en question !

Dans une salle d’audience électrique, la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris a été le théâtre d’un procès retentissant opposant la militante antiraciste Rokhaya Diallo au philosophe Pascal Bruckner. Au cœur des débats : la délicate question de la liberté d’expression et de ses limites. Retour sur une joute verbale de 8 heures qui a tenu en haleine le monde intellectuel.

Quand un débat télévisé vire au règlement de comptes judiciaire

Tout a commencé le 21 octobre 2020 sur le plateau de l’émission “28 Minutes” sur Arte. Rokhaya Diallo et Pascal Bruckner sont invités à débattre autour d’une question brûlante : “L’homme blanc est-il forcément coupable ?”. Si les échanges débutent courtoisement, le ton monte rapidement quand le philosophe interpelle directement son interlocutrice :

Moi je pense, Madame, qu’au contraire, votre statut de femme musulmane et noire vous rend privilégiée. Ça vous permet de dire un certain nombre de choses…

– Pascal Bruckner

Des propos qui déclenchent immédiatement l’ire de Rokhaya Diallo. Pour la militante, Pascal Bruckner a dépassé les bornes en l’attaquant personnellement. Elle décide alors de porter plainte pour “complicité de diffamation”.

La liberté d’expression face à ses responsabilités

Mais ce procès va bien au-delà d’une simple querelle entre personnalités médiatiques. C’est toute la question épineuse de la liberté d’expression et de la responsabilité des intellectuels qui est posée sur la table. Rokhaya Diallo accuse en effet Pascal Bruckner d’avoir, par ses écrits, nourri un climat islamophobe ayant conduit à l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015.

L’écrivain se défend en brandissant le sacro-saint principe de la liberté d’expression. A-t-il outrepassé son droit en pointant du doigt la co-fondatrice des Indivisibles ? La justice devra trancher ce délicat dilemme entre liberté de parole et devoir de réserve des figures intellectuelles.

Un verdict très attendu

Après 8 heures d’une joute oratoire intense, les deux parties ont livré leurs ultimes arguments devant une salle comble. Chacun a défendu avec ferveur sa vision de la liberté d’expression, conscient que l’issue de ce procès pourrait faire jurisprudence.

Le verdict, qui sera rendu le 25 juin prochain, est d’ores et déjà très attendu dans les milieux intellectuels et médiatiques. Au-delà du sort des deux protagonistes, c’est la question des limites à ne pas franchir dans le débat public qui sera tranchée.

D’ici là, Rokhaya Diallo et Pascal Bruckner vont devoir prendre leur mal en patience, tout comme l’opinion publique, suspendue à cette décision qui fera date. Une chose est sûre : ce procès restera comme un moment charnière dans l’histoire de la liberté d’expression en France.

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