Imaginez un pays où la diversité géographique rivalise avec celle de ses cultures, où les champs de cacao côtoient des puits de pétrole, et où un président nonagénaire défie le temps. À l’approche de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Cameroun se tient à la croisée des chemins. Ce géant d’Afrique centrale, souvent surnommé l’Afrique en miniature, fascine autant qu’il interroge. Entre richesses naturelles, défis sécuritaires et prouesses sportives, voici cinq clés pour décrypter ce pays complexe et captivant.
Un Pays aux Multiples Visages
Le Cameroun, dont le nom tire son origine du portugais rio dos camarões (fleuve des crevettes), est une mosaïque de paysages et de peuples. Avec près de 30 millions d’habitants, il abrite une majorité francophone et une minorité anglophone, héritage de son passé colonial partagé entre la France et le Royaume-Uni. Cette diversité, bien que source de richesse culturelle, est aussi au cœur de tensions qui façonnent l’actualité du pays.
Une Économie Puissante mais Freinée
Le Cameroun se distingue par une économie diversifiée, unique en Afrique centrale. Ses ressources naturelles, comme le pétrole, le gaz, les minerais et le bois précieux, coexistent avec une agriculture florissante. Cacao, café, bananes, coton, maïs, manioc : le pays produit une large gamme de cultures, tant pour l’exportation que pour la consommation locale. Selon un rapport de 2024, il représente plus de 40 % du PIB de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Les atouts agro-écologiques du Cameroun et l’importance du secteur agricole expliquent son rôle de fournisseur alimentaire pour la région.
Rapport de la Banque mondiale, 2024
Malgré ce potentiel, la gouvernance reste un obstacle majeur. En 2024, l’indice de perception de la corruption place le pays à la 140e position sur 180. Cette réalité freine le développement, laissant 40 % de la population sous le seuil de pauvreté, fixé à environ 452 euros par an. Ce contraste entre richesse potentielle et défis structurels définit le paradoxe camerounais.
Le Cameroun en chiffres clés
- Population : ~30 millions
- PIB Cemac : >40 %
- Pauvreté : 40 % sous 452 €/an
- Rang corruption : 140e/180
Le Grenier de l’Afrique Centrale
Surnommé le grenier de l’Afrique centrale, le Cameroun joue un rôle clé dans l’approvisionnement alimentaire de la région. Ses terres fertiles et ses conditions agro-écologiques variées permettent de cultiver des produits vivriers comme l’avocat, le manioc ou le maïs, mais aussi des cultures d’exportation prisées. Ce dynamisme agricole soutient non seulement l’économie locale, mais aussi les pays voisins comme le Gabon, le Tchad ou la Centrafrique.
Le secteur agricole est le premier employeur du pays, selon l’Institut national de la statistique. Cette position centrale s’explique par une productivité croissante et une capacité à répondre aux besoins alimentaires de la Cemac. Pourtant, le commerce intra-régional reste limité, et le potentiel d’expansion est encore sous-exploité, comme le souligne un récent rapport économique.
Un Leadership Historique
À 92 ans, Paul Biya, président depuis 1982, est une figure incontournable. Plus vieux dirigeant élu en exercice, il brigue un huitième mandat en 2025. Sa longévité politique, souvent associée à la Françafrique, contraste avec les influences croissantes de la Russie et de la Chine dans la région. Cependant, ses absences fréquentes alimentent les spéculations sur sa santé, tandis que son régime est critiqué pour des atteintes aux libertés.
La réélection contestée de 2018 a exacerbé les tensions. Les arrestations de militants et les restrictions sur la presse ont été dénoncées par des organisations internationales. L’opposant Maurice Kamto, dont la candidature pour 2025 a été rejetée, incarne une contestation muselée. Ce climat politique tendu interroge sur l’avenir démocratique du pays.
Événement | Impact |
---|---|
Réélection 2018 | Contestation et tensions politiques |
Rejet candidature Kamto | Critiques sur la démocratie |
Des Crises Sécuritaires Persistantes
Longtemps stable, le Cameroun fait face à des défis sécuritaires majeurs. Depuis 2009, l’Extrême-Nord subit les attaques de Boko Haram, avec des enlèvements et des violences récurrentes. Parallèlement, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont secouées depuis 2016 par un conflit séparatiste. La minorité anglophone, représentant 20 % de la population, se dit marginalisée, alimentant une lutte armée.
Les conséquences sont lourdes : plus de 638 000 déplacés internes et 1,7 million de personnes nécessitant une aide humanitaire en 2023. Les civils, pris entre les rebelles et l’armée, paient un lourd tribut. Depuis 2016, au moins 6 000 d’entre eux auraient perdu la vie, selon des estimations récentes.
Les civils sont les premières victimes des violences dans les régions anglophones.
Rapport de janvier 2024
Une Passion pour le Football
Le Cameroun, ce n’est pas seulement la politique ou les crises. C’est aussi une nation vibrante, portée par la ferveur du football. Les Lions Indomptables, avec cinq titres de champions d’Afrique et huit participations à la Coupe du monde, incarnent cet élan. Leur figure emblématique, Samuel Eto’o, est une légende mondiale. Ancien joueur du FC Barcelone et de l’Inter Milan, il est aujourd’hui président de la fédération camerounaise de football.
Eto’o, retraité en 2019, reste un symbole de réussite. Cependant, son mandat est marqué par des tensions, notamment avec le ministère des Sports. En 2024, il s’est opposé à la nomination d’un sélectionneur, révélant les luttes de pouvoir dans le sport camerounais. Malgré cela, son aura continue d’inspirer.
Palmarès des Lions Indomptables :
- 5 titres de champion d’Afrique
- 8 participations à la Coupe du monde
- Samuel Eto’o : +10 trophées majeurs
À l’approche de l’élection, le Cameroun reste un pays de contrastes. Ses richesses naturelles et sa diversité culturelle sont des atouts indéniables, mais les défis sécuritaires, la gouvernance et les tensions politiques pèsent sur son avenir. Le football, quant à lui, continue d’unir et d’inspirer. Alors que le scrutin de 2025 approche, une question demeure : quel chemin ce géant d’Afrique centrale empruntera-t-il ?