Alors que la Nouvelle-Calédonie vit des heures sombres, un homme se retrouve au cœur de la tourmente. Christian Tein, leader kanak et porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), croupit aujourd’hui dans une cellule de la prison de Mulhouse. Son crime ? Avoir, selon les autorités, orchestré les violents troubles qui ont secoué l’archipel ces dernières semaines, en réaction à la controversée réforme électorale.
Un “prisonnier politique” qui clame son innocence
Depuis sa cellule alsacienne, Christian Tein n’en démord pas : “Je suis un prisonnier politique“, martèle-t-il lors d’une visite de sénateurs écologistes. Mis en examen pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs, il se défend pourtant d’avoir appelé à la violence. “J’ai compris qu’il fallait retrouver de l’apaisement“, confie l’homme de 56 ans, lunettes sur le nez.
Mais les autorités en sont persuadées : Christian Tein, et ses compagnons également incarcérés, sont les instigateurs des pires troubles qu’ait connu la Nouvelle-Calédonie depuis les années 1980. Incendies, destructions, pillages… Le bilan est lourd, avec pas moins de neuf morts et des dégâts matériels considérables.
Un archipel sous haute tension
Pendant ce temps, en Nouvelle-Calédonie, la tension est à son comble. Les élections législatives se déroulent dans un climat délétère, entre rassemblements interdits et couvre-feu prolongé. “On a peur d’aller voter“, confient des habitants, tandis que les indépendantistes kanaks crient au “mini-référendum sur l’indépendance“.
A un moment, il faudra que l’on se remette autour d’une table pour reprendre les discussions. Il en va de la survie de la Nouvelle-Calédonie.
Christian Tein, depuis sa cellule de Mulhouse
Malgré les circonstances, Christian Tein reste philosophe. Depuis sa prison, il suit les actualités, lit la Bible, joue aux échecs. Et surtout, il espère. “A un moment, il faudra que l’on se remette autour d’une table pour reprendre les discussions. Il en va de la survie de la Nouvelle-Calédonie“, plaide-t-il, lucide quant aux défis qui attendent son île natale.
L’avenir incertain de la Nouvelle-Calédonie
Car au-delà du cas Christian Tein, c’est bien l’avenir de la Nouvelle-Calédonie qui est en jeu. Déchirée entre partisans et opposants à l’indépendance, minée par les inégalités ethniques et sociales, l’île peine à trouver sa voie. Les accords de Matignon et de Nouméa, qui devaient conduire à une émancipation progressive, semblent aujourd’hui bien lointains.
Les prochaines semaines seront cruciales. Les résultats des législatives, attendus dans un climat de défiance, en diront long sur les rapports de force politique. Mais au-delà, c’est un vrai dialogue entre toutes les composantes de la société néo-calédonienne qui devra s’engager. Faute de quoi, l’île risque de sombrer dans un cycle sans fin de violences et de ressentiments.
En attendant, Christian Tein, du fond de sa cellule de Mulhouse, espère et prie. Pour lui-même, pour ses compagnons, et surtout pour cette Nouvelle-Calédonie qu’il chérit tant, et qu’il voudrait voir un jour réconciliée et apaisée. Un souhait que beaucoup, sur le Caillou, partagent sans doute, alors que l’archipel traverse l’une des périodes les plus troubles de son histoire.