Le 1er septembre 2022, l’Argentine retient son souffle. Une foule se presse devant l’immeuble de l’ancienne présidente Cristina Kirchner, alors vice-présidente. Parmi les admirateurs, un homme sort une arme, pointe le canon à moins d’un mètre de sa tête et presse la détente. Miraculeusement, le coup ne part pas. Cet événement, qui aurait pu changer le cours de l’histoire argentine, continue de hanter le pays. Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les motivations derrière cet acte ? Plongeons dans cette affaire qui mêle politique, justice et tensions sociétales.
Un attentat qui a secoué une nation
L’attaque contre Cristina Kirchner, figure centrale du péronisme, mouvement politique influent en Argentine, a marqué un tournant. Ce soir-là, l’agresseur, Fernando Sabag Montiel, se fond dans la foule des soutiens de Kirchner. Son geste, d’une audace glaçante, échoue par un caprice du destin : l’arme, bien que chargée, ne fonctionne pas. L’homme est immédiatement maîtrisé par des témoins, mais le choc est immense. L’Argentine, déjà divisée par des luttes politiques, bascule dans l’émoi.
Le lendemain, des milliers de personnes descendent dans les rues de Buenos Aires et d’autres villes pour manifester leur soutien à Kirchner. Ces rassemblements, vibrants d’émotion, témoignent de l’impact de l’événement sur la société. Mais au-delà de l’émotion, des questions émergent : qui est derrière cet acte ? S’agit-il d’un geste isolé ou d’un complot plus vaste ?
Les accusés : qui sont-ils ?
Le principal accusé, Fernando Sabag Montiel, âgé de 38 ans, est au centre de l’attention. Lors de son procès, il revendique avoir agi seul, motivé par une haine viscérale envers Cristina Kirchner. Selon lui, elle incarne la corruption et les maux de la société argentine. Il se décrit comme apolitique, agissant pour ce qu’il considère être le bien commun, sans lien avec un parti ou une idéologie spécifique. Pourtant, ses déclarations soulèvent des doutes : peut-on vraiment croire qu’un tel acte soit dénué de toute influence extérieure ?
Sa petite amie de l’époque, Brenda Uliarte, 26 ans, est également impliquée. Considérée comme une participante nécessaire par la justice, elle aurait joué un rôle dans la planification de l’attaque. Leur ami commun, Nicolas Gabriel Carizzo, initialement arrêté, a finalement été relaxé après des années de détention préventive. Ce trio, au cœur de l’affaire, incarne une facette sombre de la société argentine, où les tensions politiques peuvent mener à des extrêmes.
Portrait des accusés :
- Fernando Sabag Montiel : 38 ans, principal exécutant, motivé par une haine personnelle.
- Brenda Uliarte : 26 ans, complice présumée, jugée essentielle à l’acte.
- Nicolas Gabriel Carizzo : Ami des accusés, relaxé après enquête.
Le verdict : justice rendue ?
Mercredi, la justice argentine a tranché. Fernando Sabag Montiel écope de dix ans de prison pour tentative d’homicide aggravé, une peine alourdie par une condamnation antérieure pour détention de matériel pédopornographique. Brenda Uliarte, quant à elle, est condamnée à huit ans pour son rôle de complice. Ces sentences, bien que lourdes, sont inférieures aux réquisitions de l’accusation, qui demandait 15 et 14 ans respectivement. Nicolas Carizzo, lui, retrouve la liberté, la justice n’ayant pas retenu de charges contre lui.
« J’ai agi seul, sans être financé par quiconque », a déclaré Sabag Montiel avant le verdict.
Ces mots, prononcés dans une dernière prise de parole confuse, n’ont pas convaincu tout le monde. Cristina Kirchner elle-même, lors de son témoignage en août 2024, a exprimé des doutes. Selon elle, les véritables cerveaux de l’opération, les idéologues et potentiels financeurs, restent dans l’ombre. Elle a pointé du doigt des cercles liés à la droite argentine, proches de l’ancien président Mauricio Macri, bien que la juge d’instruction ait écarté cette piste faute de preuves tangibles.
Un contexte politique explosif
L’attentat s’inscrit dans un climat de polarisation extrême en Argentine. Cristina Kirchner, figure du péronisme, est une personnalité clivante. Adulée par certains pour ses politiques sociales, elle est détestée par d’autres, qui l’accusent de corruption et de mauvaise gestion. Ce contexte a exacerbé les tensions, transformant la sphère politique en un terrain miné. L’attaque de 2022 n’est pas un incident isolé : elle reflète les fractures profondes d’une société en quête de stabilité.
Les manifestations qui ont suivi l’attentat ont montré l’ampleur de la ferveur autour de Kirchner. Des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues, brandissant des drapeaux argentins et des pancartes en son soutien. Mais cet élan populaire a aussi révélé une autre réalité : la division entre ses partisans et ses détracteurs, pour qui elle incarne un système politique défaillant.
Événement | Date | Détails |
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Attentat manqué | 1er septembre 2022 | Sabag Montiel pointe une arme sur Kirchner, sans succès. |
Manifestations | 2 septembre 2022 | Rassemblements massifs en soutien à Kirchner. |
Verdict | Octobre 2025 | 10 et 8 ans de prison pour les accusés. |
Les zones d’ombre de l’affaire
Si la justice a rendu son verdict, de nombreuses questions restent sans réponse. Cristina Kirchner a insisté sur l’idée que les auteurs matériels ne sont que la partie visible de l’iceberg. Elle a suggéré des financements privés, potentiellement liés à des adversaires politiques. Pourtant, la juge d’instruction n’a trouvé aucun élément concret pour étayer ces allégations. Cette absence de preuves alimente les spéculations : s’agit-il d’un complot avorté ou d’un acte isolé ?
Le procès a également mis en lumière les motivations complexes de Sabag Montiel. Sa haine de Kirchner, qu’il qualifie de corrompue, reflète un sentiment partagé par une partie de la population. Mais son discours d’apolitisme et d’éthique semble fragile face à l’ampleur de son geste. Brenda Uliarte, de son côté, reste une figure énigmatique. Quel était son rôle exact ? Était-elle une simple complice ou une instigatrice ?
« Les idéologues et financeurs restent protégés », a déploré Cristina Kirchner lors du procès.
Un impact durable sur l’Argentine
Cet attentat manqué a laissé des cicatrices profondes. Il a ravivé les tensions entre les camps politiques, accentuant la méfiance envers les institutions. Pour les partisans de Kirchner, il s’agit d’une tentative de museler une figure clé du péronisme. Pour ses opposants, l’événement est perçu comme le symptôme d’un système politique en crise, où la violence devient une réponse à la frustration.
La justice, en condamnant les accusés, a tenté de clore ce chapitre. Mais les spéculations sur d’éventuels commanditaires continuent d’alimenter les débats. L’absence de preuves formelles laisse la porte ouverte à toutes les hypothèses, des complots politiques aux rivalités personnelles. Ce qui est certain, c’est que cet événement restera gravé dans l’histoire argentine comme un symbole de ses divisions.
Points clés à retenir :
- Un attentat manqué contre Cristina Kirchner en 2022 choque l’Argentine.
- Fernando Sabag Montiel et Brenda Uliarte condamnés à 10 et 8 ans de prison.
- Les accusations de complot politique n’ont pas été prouvées.
- L’événement reflète les fractures profondes de la société argentine.
En conclusion, l’attentat manqué contre Cristina Kirchner n’est pas seulement une affaire judiciaire. Il est le miroir d’une Argentine divisée, où les passions politiques peuvent mener à des extrêmes. Si la justice a rendu son verdict, les questions sur les véritables motivations et les éventuels commanditaires persistent. Cet événement, par sa gravité et ses implications, continuera de résonner dans les débats politiques et sociaux du pays.