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Première Française Jugée pour Génocide : Un Procès Historique

Une Française jugée pour génocide à Paris : un procès inédit pour des crimes contre une Yazidie. Quel rôle a-t-elle joué dans l’horreur de l’EI ? La suite est bouleversante...

Imaginez une adolescente, arrachée à sa famille, réduite à l’esclavage, privée de liberté et d’humanité. En 2015, en Syrie, une jeune Yazidie a vécu cet enfer sous l’emprise d’une Française, aujourd’hui au cœur d’un procès historique à Paris. Ce cas, une première en France, soulève des questions brûlantes : comment une femme ordinaire a-t-elle pu participer à des actes aussi inhumains ? Ce procès, qui s’annonce retentissant, met en lumière les atrocités commises par l’organisation État islamique (EI) contre la communauté yazidie, tout en interrogeant la responsabilité individuelle dans des crimes de masse.

Un Procès Inédit en France

Pour la première fois, une Française, Sonia Mejri, âgée de 36 ans, comparaîtra devant la cour d’assises spéciale de Paris pour des accusations de génocide et de complicité de crimes contre l’humanité. Ce procès marque un tournant judiciaire : jamais une ressortissante française n’avait été jugée pour de tels chefs d’accusation. Soupçonnée d’avoir réduit en esclavage une adolescente yazidie en 2015, cette ancienne épouse d’un émir de l’EI est également poursuivie pour des infractions terroristes. La date exacte de ce procès reste à déterminer, mais il promet d’attirer l’attention internationale.

Ce cas est exceptionnel non seulement par sa gravité, mais aussi par son caractère symbolique. La justice française se penche sur des actes commis à des milliers de kilomètres, dans le chaos de la guerre syrienne, pour juger des crimes visant une communauté entière : les Yazidis, une minorité ethno-religieuse kurdophone persécutée par l’EI.

Les Faits : Une Adolescente Prisonnière

En 2015, une adolescente yazidie de 16 ans est séquestrée en Syrie par Sonia Mejri et son ex-mari, Abdelnasser Benyoucef, un émir de l’EI présumé mort depuis 2016. Selon l’accusation, la jeune fille était soumise à des conditions inhumaines : enfermement, viols répétés, privations de nourriture, d’eau et d’hygiène de base. Sonia Mejri, détenant la clé de l’appartement où la victime était retenue, aurait joué un rôle central dans cette captivité, allant jusqu’à porter une arme pour empêcher toute tentative de fuite.

Elle n’avait ni le droit de boire, ni de manger, ni de se doucher sans l’autorisation de Sonia Mejri.

Témoignage de la victime

Ce témoignage, recueilli par les enquêteurs, est au cœur du dossier. La jeune Yazidie affirme avoir été violentée par Mejri, qui était également consciente des abus sexuels quotidiens infligés par son mari. Ces actes s’inscrivent dans une stratégie plus large de l’EI, qui utilisait les violences sexuelles comme une arme pour briser la résistance des Yazidis et instaurer un climat de terreur.

Le Génocide des Yazidis : Une Tragédie Planifiée

Les Yazidis, une communauté religieuse millénaire, ont été ciblés par l’EI dans une campagne systématique visant leur destruction. En 2014, l’organisation jihadiste a lancé une offensive dans la région du Sinjar, en Irak, massacrant des milliers d’hommes, réduisant des femmes et des enfants en esclavage, et instaurant des marchés aux esclaves où les captives étaient vendues. Ce plan concerté, qualifié de génocide par les Nations unies, avait pour but d’éradiquer l’identité yazidie à travers des violences physiques, sexuelles et psychologiques.

Les chiffres sont glaçants :

  • Plus de 5 000 Yazidis tués lors de l’offensive de 2014.
  • Environ 7 000 femmes et enfants réduits en esclavage.
  • Des centaines de milliers de déplacés, selon les rapports d’ONG.

Dans ce contexte, le rôle de Sonia Mejri est scruté par la justice. L’accusation soutient qu’en participant à l’enfermement et aux sévices infligés à l’adolescente, elle a contribué à ce projet génocidaire. Pourtant, sa défense, portée par Me Nabil Boudi, clame son innocence, affirmant que les juges reconnaîtront qu’elle n’a pas joué un rôle actif dans ces crimes.

Un Débat Judiciaire Complexe

Le parcours judiciaire de ce dossier a été semé d’embûches. Initialement, un juge d’instruction antiterroriste avait ordonné, en septembre 2024, le renvoi de Sonia Mejri et de son ex-mari devant la cour d’assises pour génocide et crimes contre l’humanité. Cependant, la cour d’appel de Paris avait partiellement infirmé cette décision, estimant qu’un crime de génocide nécessitait plusieurs victimes. Cette interprétation a été renversée par la Cour de cassation en mai 2025, qui a jugé qu’un seul acte contre une personne pouvait suffire, dès lors qu’il s’inscrivait dans un plan concerté visant à détruire un groupe.

Un génocide peut être poursuivi même en s’en prenant à un seul membre d’un groupe visé par un plan de destruction.

Cour de cassation, mai 2025

Ce revirement a permis de confirmer les poursuites pour génocide début juillet 2025, avec un ultime feu vert de la Cour de cassation le 1er octobre. Ce débat juridique illustre la complexité de qualifier un crime aussi grave, surtout lorsqu’il implique des individus agissant dans un contexte de guerre et de terrorisme.

La Défense : Une Innocence Contestée

Sonia Mejri nie toute implication directe dans les sévices infligés à la jeune Yazidie. Selon ses déclarations lors de l’enquête, son ex-mari était le seul “propriétaire” de l’adolescente, et elle n’avait aucun pouvoir sur elle. Cette ligne de défense, soutenue par son avocat Me Nabil Boudi, repose sur l’idée que Mejri était elle-même sous l’emprise de son mari, un haut responsable de l’EI, et n’avait pas la liberté d’agir autrement.

Cette argumentation soulève une question plus large : dans quelle mesure les femmes impliquées dans des organisations comme l’EI étaient-elles complices ou victimes d’un système oppressif ? Si certains experts estiment que nombre d’entre elles ont activement participé aux exactions, d’autres soulignent qu’elles étaient souvent contraintes par un environnement violent et patriarcal.

Rôle Accusations Défense
Sonia Mejri Génocide, complicité de crimes contre l’humanité, infractions terroristes Nie toute implication directe, affirme être sous l’emprise de son mari
Abelnasser Benyoucef Génocide, crimes contre l’humanité, viols répétés Présumé mort, jugé par défaut

La Voix des Victimes au Cœur du Procès

Le témoignage de la jeune Yazidie, retrouvé par les enquêteurs, est un pilier de l’accusation. Ses mots décrivent un quotidien fait de peur, de privations et de violences. Elle raconte avoir été séquestrée pendant plus d’un mois, sans possibilité de s’échapper, sous la surveillance constante de Sonia Mejri. Ce récit fait écho aux rapports d’organisations internationales, qui documentent les pratiques de l’EI : des marchés aux esclaves aux systèmes bureaucratiques comme le “département des butins de guerre”, tout était organisé pour déshumaniser les victimes.

Pour les associations de défense des droits humains, comme la Licra, ce procès est une victoire. “Ce procès pour génocide pourra enfin se tenir”, a déclaré Me Ilana Soskin, avocate de l’association. Ce moment judiciaire est perçu comme une étape vers la reconnaissance des souffrances des Yazidis et la condamnation des responsables, même à des milliers de kilomètres des lieux des crimes.

Un Procès aux Enjeux Mondiaux

Ce procès dépasse les frontières de la France. Il s’inscrit dans un mouvement mondial de lutte contre l’impunité pour les crimes de génocide et les atrocités commises par l’EI. Les Yazidis, dont la communauté reste profondément marquée par les violences de 2014, attendent de la justice qu’elle rende hommage à leurs souffrances. Ce cas pourrait également établir un précédent juridique : la possibilité de juger des individus pour génocide, même pour des actes commis contre une seule victime, pourrait redéfinir la manière dont ces crimes sont poursuivis.

Pour la justice française, c’est aussi l’occasion de montrer sa capacité à traiter des dossiers complexes, impliquant des crimes internationaux. La cour d’assises spéciale, habituée aux affaires de terrorisme, devra naviguer entre des témoignages poignants, des débats juridiques pointus et des enjeux politiques.

Vers une Réflexion sur la Justice et la Mémoire

Ce procès ne se contente pas de juger une personne. Il pose des questions essentielles sur la responsabilité, la complicité et la mémoire collective. Comment juger ceux qui ont participé, de près ou de loin, à des crimes contre l’humanité ? Comment rendre justice à une communauté entière à travers le cas d’une seule victime ? Les réponses apportées par ce procès pourraient façonner l’avenir de la justice internationale.

Les enjeux du procès en résumé :

  • Justice pour les Yazidis : Reconnaître les souffrances d’une communauté persécutée.
  • Précédent juridique : Redéfinir la qualification du génocide.
  • Lutte contre l’impunité : Condamner les complices des crimes de l’EI.

Alors que la date du procès approche, les regards se tournent vers la cour d’assises spéciale de Paris. Ce moment historique ne concerne pas seulement Sonia Mejri ou la jeune Yazidie au cœur du dossier. Il s’agit de rendre justice à une communauté meurtrie et de rappeler au monde que les crimes contre l’humanité ne doivent jamais rester impunis. Ce procès, par sa portée symbolique et juridique, restera gravé dans les annales judiciaires françaises.

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