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Russell Vought : L’Homme Qui Révolutionne l’État Américain

Russell Vought, proche de Trump, démantèle la bureaucratie américaine avec le Projet 2025. Quelles agences seront supprimées ? Quel impact sur l'État ?

Qui est l’homme qui, dans l’ombre de la Maison Blanche, redessine les contours de l’État américain ? À Washington, un nom résonne avec une intensité croissante : Russell Vought. Ce stratège conservateur, architecte du controversé Projet 2025, s’impose comme une figure centrale du second mandat de Donald Trump. En pleine paralysie budgétaire, il orchestre une transformation radicale de l’appareil d’État, suscitant admiration et indignation. Son ambition ? Démanteler une bureaucratie qu’il juge sclérosée et trop indépendante, au profit d’un pouvoir exécutif renforcé.

Russell Vought, l’idéologue au cœur du pouvoir

À 49 ans, Russell Vought n’est pas un novice en politique. Né dans le Connecticut, cet homme à la fine barbe blanche, souvent décrit comme un idéologue fervent, a gravi les échelons avec une détermination sans faille. Diplômé d’une petite université chrétienne, il s’est formé au droit, un tremplin classique pour les ambitieux de Washington. Ses années comme assistant parlementaire et lobbyiste pour la Heritage Foundation, un think tank conservateur, l’ont préparé à naviguer dans les arcanes du pouvoir. Mais c’est à la tête du Bureau du management et du budget (OMB) qu’il s’affirme aujourd’hui comme un acteur incontournable.

Son credo ? Un État fédéral allégé, soumis à la volonté de l’exécutif. Pour Vought, l’administration actuelle est une oligarchie bureaucratique, un réseau de fonctionnaires qu’il accuse d’être déconnectés des priorités des électeurs. Cette vision, qu’il peaufine depuis des décennies, trouve son expression la plus aboutie dans le Projet 2025, un plan ambitieux visant à restructurer l’État américain.

Le Projet 2025 : un plan pour tout changer

Le Projet 2025 est bien plus qu’un simple document programmatique. Élaboré sous l’égide de la Heritage Foundation, il propose une refonte complète de l’État fédéral, avec pour objectif de concentrer le pouvoir entre les mains de la Maison Blanche. Vought, l’un de ses principaux concepteurs, y voit une réponse à ce qu’il appelle l’État profond, un terme popularisé par les conservateurs pour désigner une administration jugée trop autonome.

« Le président doit agir de la manière la plus rapide et la plus agressive possible pour démanteler cette bureaucratie. »

Russell Vought, novembre 2024

Ce plan, controversé dès son lancement, prône des mesures radicales : suppression de certaines agences fédérales, réduction des réglementations, fin du financement de l’audiovisuel public, et même la remise en question de l’aide internationale. Si Donald Trump a d’abord pris ses distances avec ce projet durant sa campagne de 2024, il l’a finalement embrassé publiquement, confiant à Vought le soin de l’appliquer.

Le shutdown : une opportunité pour Vought

La paralysie budgétaire, ou shutdown, survenue en décembre 2024, offre à Vought une occasion en or. Ce blocage, né d’un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, a mis l’État fédéral en mode réduit. Dans ce contexte, l’OMB, dirigé par Vought, devient une véritable tour de contrôle, décidant comment allouer les ressources limitées. Pour Vought, c’est le moment idéal pour appliquer sa thérapie de choc.

Depuis le début du shutdown, Vought a gelé des milliards de dollars de subventions, souvent destinées à des régions démocrates, et envisagé des licenciements massifs de fonctionnaires. Ces décisions, qualifiées de « brutales » par l’opposition, s’inscrivent dans sa stratégie de « trauma délibéré » pour secouer les administrations.

« Les bureaucraties haïssent le peuple américain. » — Russell Vought, novembre 2024

Une méthode radicale et controversée

La brutalité revendiquée par Vought ne passe pas inaperçue. Ses détracteurs, comme la démocrate Rosa DeLauro, l’accusent d’orchestrer une paralysie volontaire pour démanteler des services essentiels. Selon elle, ses actions menacent directement les classes moyennes et vulnérables, qui dépendent des programmes fédéraux. Pourtant, pour Vought et ses partisans, cette approche est nécessaire pour réaligner l’État avec les priorités des électeurs.

Sa méthode repose sur un principe simple : tout le pouvoir à l’exécutif. Cela implique de contourner le Congrès et, si nécessaire, d’entrer en conflit avec le système judiciaire. Vought n’hésite pas à remettre en question l’indépendance de certaines agences, comme celles chargées de la régulation ou de la protection de l’environnement, qu’il juge trop éloignées du contrôle présidentiel.

Un parcours forgé dans le conservatisme

Le parcours de Vought est révélateur de sa détermination. Après ses études, il a multiplié les rôles dans les cercles conservateurs, de l’assistant parlementaire à la Heritage Foundation. Pendant le premier mandat de Trump, il intègre l’OMB, où il commence à poser les jalons de sa vision. Entre 2021 et 2024, sous la présidence de Joe Biden, il fonde le Center for Renewing America, un think tank dédié à la planification d’une révolution conservatrice.

C’est dans ce laboratoire d’idées qu’il peaufine le Projet 2025, un plan qu’il décrit comme une « prise de pouvoir » chirurgicale. Cette préparation minutieuse contraste avec l’image d’ange de la mort que lui prête une vidéo partagée par Trump, où il apparaît en faucheur prêt à trancher dans le vif de l’administration.

Les enjeux d’une transformation brutale

Les actions de Vought soulèvent des questions cruciales. Peut-on réformer un État en provoquant un « trauma » volontaire ? Quelles seront les conséquences pour les citoyens dépendants des services publics ? Voici les principaux enjeux :

  • Réduction des services publics : Le gel des subventions pourrait affecter l’éducation, la santé et l’aide sociale.
  • Conflit institutionnel : En contournant le Congrès, Vought risque d’affaiblir l’équilibre des pouvoirs.
  • Impact économique : La paralysie budgétaire perturbe déjà des millions de travailleurs fédéraux.

Pour Vought, ces sacrifices sont nécessaires pour « libérer » l’État d’une bureaucratie qu’il juge inefficace. Mais pour ses opposants, cette approche menace les fondements mêmes de la démocratie américaine.

Un homme de foi et de convictions

Russell Vought ne cache pas ses convictions religieuses. Citant souvent la Bible, il voit dans sa mission une forme de croisade pour restaurer un État au service des valeurs conservatrices. Cette dimension spirituelle, alliée à une rigueur stratégique, fait de lui un personnage à la fois fascinant et polarisant.

Selon le sénateur républicain Mike Lee, Vought « rêve » de cette paralysie depuis des années. Cette obsession pour une réforme radicale, combinée à son expérience, le rend redoutablement efficace. Mais elle alimente aussi les craintes d’une dérive autoritaire.

Quel avenir pour l’État américain ?

Alors que le shutdown se prolonge, l’influence de Vought ne fait que croître. Ses décisions, prises dans l’urgence, pourraient redéfinir durablement le rôle de l’État fédéral. Mais à quel prix ? Les mois à venir seront cruciaux pour juger si sa vision d’un État recentré sur l’exécutif renforcera ou fragilisera les institutions américaines.

En attendant, Vought reste fidèle à sa ligne : agir vite, frapper fort. Comme il l’a récemment déclaré, « c’est excitant d’être embarqué là-dedans ». Une chose est sûre : son nom restera associé à l’une des transformations les plus audacieuses – et controversées – de l’histoire récente des États-Unis.

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