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Des militants écologistes cambodgiens emprisonnés après un procès inéquitable

Au Cambodge, 10 militants écologistes dont le cofondateur espagnol d'une ONG environnementale ont été lourdement condamnés pour complot. Des peines de 6 à 8 ans de prison qui soulèvent l'indignation des défenseurs des droits humains, dénonçant une tentative de museler l'opposition. Mais que leur reproche-t-on exactement ?

C’est un verdict qui fait polémique au Cambodge et au-delà des frontières du pays. Ce mardi, la justice cambodgienne a condamné 10 militants écologistes à de lourdes peines de prison, allant de 6 à 8 ans, pour complot en vue de commettre des crimes. Parmi eux figurent notamment Alejandro Gonzalez-Davidson, le cofondateur espagnol de l’ONG Mother Nature Cambodia, expulsé du pays en 2015. Une décision très contestée par les organisations de défense des droits de l’homme qui y voient une nouvelle tentative des autorités de “museler l’opposition” et les critiques des politiques gouvernementales.

Huit ans de prison pour avoir défendu l’environnement

Les trois principaux prévenus, dont Alejandro Gonzalez-Davidson, ont écopé de la peine maximale de 8 ans de prison. En plus des accusations de complot, ils étaient également poursuivis pour lèse-majesté, un chef d’accusation souvent utilisé pour réprimer toute forme de contestation au Cambodge.

Durant une décennie, leur ONG Mother Nature Cambodia s’est illustrée en dénonçant la corruption dans la gestion des ressources naturelles du pays, notamment en lien avec la destruction de lacs à Phnom Penh pour des projets immobiliers, ou encore l’exploitation forestière illégale. Des combats qui ont valu à ses membres d’être dans le collimateur des autorités.

C’est incroyable que les autorités cambodgiennes condamnent des jeunes activistes qui défendent l’eau potable à Phnom Penh, protègent les forêts de mangroves à Koh Kong et mettent en garde contre la privatisation des terres dans les zones protégées.

Am Sam Ath, de la Ligue cambodgienne de défense des droits de l’homme

Des accusés qui nient en bloc

Tous les prévenus ont nié les accusations portées contre eux, estimant que les poursuites étaient motivées par des raisons politiques. Une analyse partagée par de nombreux observateurs et ONG. Pour l’organisation Human Rights Watch, ce procès est une tentative évidente de “museler les critiques des politiques gouvernementales”.

La répression s’accentue contre les défenseurs de l’environnement

Ces dernières années, les militants écologistes font face à une répression grandissante de la part des autorités cambodgiennes. Leur combat pour protéger l’environnement entre souvent en conflit avec les nombreux projets de développement initiés dans ce pays parmi les plus pauvres d’Asie.

En 2021, plusieurs d’entre eux avaient déjà été emprisonnés pour incitation à troubler l’ordre social après une série de manifestations. Un an plus tôt, trois activistes de Mother Nature avaient été arrêtés alors qu’ils planifiaient une marche contre le remblaiement d’un lac dans la capitale.

Un signal inquiétant pour la société civile

Pour les ONG, ce procès est emblématique du rétrécissement de l’espace accordé à la société civile et aux voix critiques au Cambodge. Sous le long règne du Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 1985, le pays a vu ses libertés fondamentales sans cesse rognées.

Le principal parti d’opposition a été dissous en 2017, permettant au parti du chef du gouvernement de remporter la totalité des sièges au Parlement lors des élections de 2018. De nombreux opposants et militants ont été jetés en prison, poussés à l’exil ou réduits au silence.

Il est clair que les autorités veulent envoyer un message à tous ceux qui oseraient contester les décisions du gouvernement : critiquer, c’est s’exposer à de lourdes conséquences.

Un diplomate occidental basé à Phnom Penh

Un avenir sombre pour les accusés

Avec des peines allant jusqu’à huit ans de prison, l’avenir s’annonce difficile pour Alejandro Gonzalez-Davidson et ses camarades. Même si leurs avocats ont d’ores et déjà annoncé leur intention de faire appel, les chances d’obtenir une révision du jugement semblent minces.

Dans un système judiciaire notoirement soumis à l’exécutif, il est en effet peu probable que la Cour suprême infirme la décision en appel. Les condamnés risquent donc de passer de longues années derrière les barreaux, loin des combats environnementaux qui leur tenaient tant à cœur.

La communauté internationale appelée à réagir

Face à ce qu’elles considèrent comme une parodie de justice, plusieurs ONG ont appelé la communauté internationale à hausser le ton contre le régime cambodgien. Certains réclament des sanctions ciblées contre les responsables gouvernementaux impliqués dans les atteintes aux droits de l’homme.

Mais pour l’heure, au-delà de quelques condamnations de principe, la pression diplomatique sur Phnom Penh reste limitée. Le Cambodge, qui a récemment basculé dans la sphère d’influence chinoise, semble peu sensible aux critiques occidentales sur la question des droits humains.

Une situation qui laisse peu d’espoir aux militants écologistes cambodgiens, pris en étau entre la volonté de sauvegarder leur patrimoine naturel et la répression implacable du régime. Un dilemme illustré de manière tragique par le sort des dix accusés, désormais promis à de longues années d’emprisonnement pour avoir voulu défendre l’environnement de leur pays.

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