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Un Juif Syrien Candidat au Parlement : Une Première Historique

Un juif syro-américain brigue un siège au Parlement syrien, une première en 70 ans. Qui est-il et que promet-il pour la Syrie ? Lisez pour découvrir...

Dans les ruelles historiques de Damas, une affiche électorale attire les regards : un homme, juif syro-américain, se présente au Parlement syrien. Ce n’est pas un événement anodin. Pour la première fois en sept décennies, un membre de la communauté juive, presque disparue du pays, aspire à représenter ses concitoyens dans l’hémicycle. Ce moment marque un tournant, un symbole d’espoir dans une nation en reconstruction après des années de bouleversements.

Un Candidat Hors du Commun pour une Nouvelle Syrie

Henry Hamra, 47 ans, est un homme dont le parcours incarne l’histoire complexe des juifs syriens. Fils du dernier rabbin de Syrie, Youssef Hamra, il a grandi entre deux mondes : la Syrie, où sa famille a des racines profondes, et les États-Unis, où il réside aujourd’hui. Sa candidature au Parlement syrien, qui sera désigné ce dimanche, est un événement sans précédent depuis la fin des années 1940, époque où un député juif siégeait pour la dernière fois dans l’assemblée.

Ce scrutin intervient dans un contexte unique : la Syrie se dote de son premier Parlement post-Assad, après la chute du régime en décembre 2024. Ce processus, bien que porteur d’espoir, suscite des critiques. Les deux tiers des sièges sont attribués par des comités locaux, tandis que le reste est nommé par le président intérimaire, Ahmad al-Chareh. Pour certains, ce mécanisme manque de transparence et de démocratie. Pourtant, c’est dans ce cadre que Henry Hamra a choisi de s’engager, porté par une vision d’une Syrie tolérante et inclusive.

Un Symbole dans les Rues de Damas

Dans le vieux Damas, les affiches de campagne de Henry Hamra ornent les murs du quartier juif, un lieu chargé d’histoire. Ces affiches, simples mais percutantes, portent la mention : Candidat de Damas pour l’Assemblée du peuple syrienne. Elles ne passent pas inaperçues, tant elles contrastent avec des décennies d’absence de représentation juive dans la sphère politique. Ce geste, audacieux, incarne un renouveau pour une communauté qui ne compte plus qu’une poignée de membres en Syrie.

Henry Hamra est officiellement candidat aux élections et a annoncé son programme électoral comme tout autre candidat. Nous ne faisons pas de discrimination.

Nawar Najmeh, porte-parole de la commission électorale

Ce message, relayé par le porte-parole de la commission électorale, reflète l’ouverture affichée des nouvelles autorités islamistes au pouvoir. Depuis leur arrivée, elles multiplient les gestes envers la communauté juive, longtemps marginalisée. Parmi ces initiatives, une prière organisée en février dans une synagogue de Damas, la première en plus de trente ans, a marqué les esprits. Henry Hamra y avait participé, aux côtés de son père, dans un moment empreint de symbolisme.

Un Programme pour la Tolérance et le Patrimoine

Sur son compte de campagne, Henry Hamra partage une vision ambitieuse pour la Syrie. Il s’engage à œuvrer pour une nation prospère, tolérante et juste. Son programme met l’accent sur la réconciliation entre les juifs syriens et leur pays d’origine, tout en promettant de protéger le patrimoine culturel et l’identité des différentes communautés, y compris celle des juifs. Ces engagements résonnent dans un pays où les divisions ont longtemps marqué le tissu social.

Les priorités de Henry Hamra :

  • Rétablir les liens entre les juifs syriens et leur pays.
  • Préserver le patrimoine culturel et religieux.
  • Promouvoir une société inclusive et tolérante.
  • Contribuer à la reconstruction d’une Syrie unie.

Ces objectifs ne sont pas anodins. Ils s’inscrivent dans une volonté de réparer les fractures du passé. Sous le régime Assad, les juifs syriens, bien que libres de pratiquer leur religion, étaient soumis à des restrictions strictes, notamment sur leurs déplacements. Jusqu’en 1992, les voyages à l’étranger leur étaient interdits. Ces contraintes ont contribué à réduire leur présence, passant de 5 000 personnes à seulement quelques dizaines aujourd’hui.

Une Communauté en Voie de Disparition

La communauté juive syrienne, autrefois florissante, a été durement touchée par les conflits israélo-arabes. Selon l’historien Sami Moubayed, le dernier député juif a siégé en 1947, avant la première guerre israélo-arabe. Depuis, la présence juive s’est étiolée, marquée par des vagues d’émigration. Aujourd’hui, seuls quelques individus restent, principalement à Damas, où le quartier juif conserve des traces de ce passé riche mais fragile.

Le retour des juifs syriens au Parlement est une chose positive, surtout avec un nouveau gouvernement.

Bakhour Chamntoub, président de la communauté juive de Syrie

Ce retour, même symbolique, est perçu comme un signe d’espoir. La candidature de Henry Hamra incarne une volonté de reconnecter une diaspora dispersée avec son héritage. Son père, Youssef Hamra, dernier rabbin à avoir quitté la Syrie dans les années 1990, symbolise lui aussi ce lien entre passé et avenir. Leur visite conjointe en février, dans une synagogue rouverte après des décennies de silence, a ravivé l’espoir d’un renouveau culturel.

Un Contexte Politique en Mutation

La désignation du nouveau Parlement intervient dans un moment charnière pour la Syrie. Après des années de guerre et d’instabilité, la chute du régime Assad a ouvert la voie à une transition complexe. Le système électoral, bien que critiqué pour son manque de démocratie, reflète une tentative de reconstruire une gouvernance inclusive. La présence d’un candidat juif dans ce processus est un signal fort, même si des défis subsistent.

Aspect Détail
Date des élections Dimanche post-chute Assad
Mode de désignation 2/3 par comités locaux, 1/3 par président intérimaire
Candidat juif Henry Hamra, premier depuis 1947

Ce tableau résume les éléments clés du scrutin. Malgré les critiques, la candidature de Henry Hamra montre que des opportunités émergent pour des voix longtemps marginalisées. Son programme, axé sur la tolérance et la préservation du patrimoine, pourrait inspirer d’autres communautés à s’impliquer dans la reconstruction nationale.

Vers une Syrie Inclusive ?

La candidature de Henry Hamra n’est pas seulement une histoire personnelle. Elle incarne une aspiration plus large : celle d’une Syrie qui célèbre sa diversité. Les gestes des nouvelles autorités, comme la réouverture de synagogues ou l’accueil de délégations juives, suggèrent une volonté de rupture avec le passé. Pourtant, la route est encore longue. La communauté juive, réduite à une poignée de membres, aura besoin de garanties pour se sentir pleinement intégrée.

En se présentant, Henry Hamra ne cherche pas seulement à représenter les juifs syriens. Il veut être une voix pour tous ceux qui croient en une nation unie, où chaque communauté a sa place. Sa campagne, visible dans les rues de Damas et sur les réseaux sociaux, est un appel à l’unité dans un pays marqué par les divisions.

Un Héritage à Préserver

Le quartier juif de Damas, avec ses synagogues centenaires et ses ruelles chargées d’histoire, est un rappel du passé vibrant de cette communauté. Protéger cet héritage, comme le propose Henry Hamra, n’est pas seulement une question culturelle. C’est un acte politique, un engagement pour une Syrie qui valorise toutes ses composantes. Son programme, s’il est mis en œuvre, pourrait inspirer d’autres initiatives pour préserver les identités multiples du pays.

La présence d’un candidat juif au Parlement, après 70 ans d’absence, est plus qu’un symbole. C’est une invitation à repenser l’avenir d’une nation en quête de renouveau. Si Henry Hamra est élu, il pourrait devenir un pont entre le passé et l’avenir, entre une communauté dispersée et un pays en reconstruction.

Un Pari sur l’Avenir

Dimanche, les Syriens observeront avec attention les résultats de ce scrutin historique. La candidature de Henry Hamra, soutenue par une communauté en quête de reconnaissance, est un pari audacieux. Réussira-t-il à incarner l’espoir d’une Syrie plus inclusive ? Seul l’avenir le dira, mais son engagement marque déjà un tournant dans l’histoire politique du pays.

Pourquoi cette candidature compte :

  • Première représentation juive depuis 1947.
  • Signe d’ouverture des nouvelles autorités.
  • Engagement pour la tolérance et le patrimoine.
  • Reconnexion de la diaspora juive avec la Syrie.

En attendant les résultats, une chose est certaine : Henry Hamra a déjà réussi à attirer l’attention sur une communauté oubliée. Son histoire, celle d’un homme entre deux mondes, résonne comme un appel à l’unité et à la réconciliation. Dans une Syrie en pleine mutation, c’est un message qui pourrait changer la donne.

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