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Corée Du Sud : Excuses Historiques Pour Adoptions Abusives

La Corée du Sud s’excuse pour des adoptions abusives ayant brisé des familles. Quelles vérités ont été révélées ? Cliquez pour en savoir plus...

Imaginez un enfant arraché à sa famille, ses origines effacées par des documents falsifiés, envoyé à l’autre bout du monde sans que ses parents biologiques n’aient donné leur consentement. Pendant des décennies, ce scénario a été une réalité pour des dizaines de milliers d’enfants sud-coréens, adoptés à l’international dans des conditions souvent marquées par la fraude et l’abus. Pour la première fois, la Corée du Sud a reconnu officiellement sa responsabilité dans ces pratiques, une étape historique qui ouvre la voie à des excuses publiques et à des réformes. Cet article explore ce scandale, ses origines, ses impacts et les mesures prises pour y remédier.

Une reconnaissance officielle sans précédent

En octobre 2025, le président sud-coréen a marqué l’histoire en présentant des excuses officielles pour les adoptions abusives qui ont eu lieu entre les années 1950 et 1990. Cette déclaration, empreinte de gravité, intervient après des années de silence et de déni de la part des autorités. « L’État n’a pas pleinement assumé ses responsabilités », a-t-il admis, offrant des excuses aux personnes adoptées, à leurs familles adoptives et biologiques, qui ont souffert de ces pratiques. Ce moment marque un tournant, mais il soulève aussi des questions : comment un tel système a-t-il pu perdurer si longtemps ?

Les origines d’un système controversé

Les adoptions internationales en Corée du Sud ont débuté dans le chaos de l’après-guerre de Corée (1950-1953). À cette époque, de nombreux enfants, souvent nés de mères coréennes et de soldats américains, étaient placés pour adoption à l’étranger. Dans une société valorisant l’homogénéité ethnique, ces enfants métis étaient souvent stigmatisés, ce qui a conduit à leur adoption massive par des familles occidentales. Ce qui avait commencé comme une réponse humanitaire s’est rapidement transformé en une industrie lucrative.

Dans les années 1970 et 1980, alors que la Corée du Sud connaissait un essor économique spectaculaire, les adoptions internationales ont explosé. Les agences d’adoption, souvent peu régulées, ont rapporté des millions de dollars, transformant l’adoption en un marché motivé par le profit. En 1984, par exemple, 99 % des demandes d’adoption internationale étaient approuvées en un jour ou deux, un rythme qui soulève des questions sur la rigueur des procédures.

« Dans certains cas, de graves violations des droits humains ont été commises lors des procédures d’adoption à l’étranger. »

Président sud-coréen, octobre 2025

Des pratiques frauduleuses dévoilées

Une enquête indépendante, menée par la Commission vérité et réconciliation, a mis en lumière des pratiques troublantes. Pendant deux ans et demi, cette commission a examiné des milliers de cas et révélé des abus systématiques. Parmi les irrégularités constatées :

  • Falsification de documents : De nombreux enfants ont été enregistrés comme orphelins alors qu’ils avaient des parents biologiques.
  • Absence de consentement : Les mères, souvent jeunes et célibataires, étaient contraintes d’abandonner leur enfant sous la pression sociale ou économique.
  • Contrôles insuffisants : Les agences d’adoption ne vérifiaient pas toujours l’aptitude des parents adoptifs.
  • Motivations financières : Les frais d’adoption, non encadrés, ont alimenté une industrie prospère.

Ces révélations ont choqué l’opinion publique, d’autant plus que la Corée du Sud est aujourd’hui une puissance mondiale, reconnue pour sa culture et son économie. Comment un pays aussi avancé a-t-il pu laisser prospérer un tel système ?

Les victimes au cœur du scandale

Les personnes adoptées à l’étranger, souvent dans des pays comme les États-Unis, la France ou l’Australie, ont grandi loin de leur culture d’origine. Beaucoup ont découvert, à l’âge adulte, que leurs dossiers d’adoption contenaient des informations falsifiées. Certains ont appris que leur mère biologique n’avait jamais consenti à leur abandon. Cette quête de vérité est particulièrement difficile en Corée du Sud, où l’accès aux archives est souvent limité.

Les mères biologiques, quant à elles, portent des cicatrices invisibles. Dans une société profondément patriarcale, les femmes célibataires enceintes sont encore aujourd’hui stigmatisées. Beaucoup ont été forcées d’abandonner leur enfant sous la pression familiale ou sociale, un traumatisme qui persiste des décennies plus tard.

Période Nombre d’adoptions internationales Contexte
1955-1960 Environ 10 000 Post-guerre de Corée, enfants métis
1970-1980 Plus de 100 000 Boom économique, agences lucratives
2020-2025 100 par an (moyenne) Mères célibataires, système en réforme

Une société conservatrice face à ses contradictions

La société sud-coréenne, bien que moderne, reste profondément ancrée dans des valeurs conservatrices. Les mères célibataires, en particulier, font face à des jugements sévères. Cette pression sociale explique en partie pourquoi tant de femmes ont été contraintes d’abandonner leur enfant. Même aujourd’hui, les adoptions internationales concernent souvent des bébés nés de mères célibataires, un phénomène qui reflète les défis persistants de l’égalité des genres dans le pays.

Le rapport de la Commission vérité a également pointé du doigt l’absence de régulation des agences privées d’adoption. Ces agences, motivées par le profit, ont souvent privilégié la rapidité des démarches au détriment des droits des enfants et des parents biologiques. Cette situation a conduit à des abus systémiques, dont les répercussions se font encore sentir.

« L’État prend maintenant l’entière responsabilité d’assurer la sécurité et les droits de tous les enfants adoptés. »

Kim Sang-hee, ministère de la Santé

Vers des réformes ambitieuses

En réponse à ces révélations, la Corée du Sud a promis de réformer son système d’adoption. En juillet 2025, le gouvernement s’est engagé à réduire l’influence des agences privées et à renforcer le contrôle public. L’objectif est clair : garantir que les droits des enfants et des parents biologiques soient respectés. Cette transition marque un changement radical par rapport aux décennies passées, où les agences privées dominaient le secteur.

Voici les principales mesures envisagées :

  1. Supervision étatique : L’État prendra en charge la gestion des adoptions pour éviter les abus.
  2. Transparence des dossiers : Les adoptés auront un accès facilité à leurs informations d’origine.
  3. Soutien aux mères célibataires : Des programmes sociaux viseront à réduire la stigmatisation et à offrir des alternatives à l’abandon.
  4. Régulation des frais : Les coûts d’adoption seront encadrés pour empêcher la marchandisation.

Ces réformes, bien que prometteuses, soulèvent des défis. La mise en œuvre nécessitera du temps, des ressources et un changement culturel profond dans une société encore marquée par des normes patriarcales.

Un précédent historique, mais insuffisant ?

Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant sud-coréen s’excuse pour les adoptions internationales. En 1998, un ancien président avait exprimé des regrets, mais sans reconnaître la responsabilité de l’État. Les excuses de 2025, en revanche, vont plus loin en admettant explicitement les fautes du gouvernement. Cependant, pour de nombreuses victimes, ces mots ne suffisent pas. Elles demandent des actions concrètes, comme des compensations financières ou un accès facilité à leurs origines.

Les adoptés, dispersés à travers le monde, continuent de militer pour leurs droits. Des associations, souvent créées par des adoptés eux-mêmes, travaillent à réunir les familles séparées et à faire pression pour des réformes. Leur combat met en lumière une vérité universelle : chaque enfant a le droit de connaître ses origines.

Un avenir plus juste ?

La reconnaissance par la Corée du Sud de ses erreurs passées est une étape majeure, mais elle n’efface pas les décennies de souffrance. Les réformes en cours, si elles sont menées à bien, pourraient transformer le système d’adoption et offrir une certaine justice aux victimes. Cependant, le chemin est encore long. Les mentalités doivent évoluer, et les mères célibataires doivent être mieux soutenues pour éviter que l’histoire ne se répète.

En parallèle, les adoptés continuent de chercher des réponses. Pour beaucoup, retrouver leur famille biologique est un rêve teinté d’espoir et de douleur. Les archives, souvent incomplètes ou falsifiées, compliquent cette quête. Pourtant, chaque histoire retrouvée est une victoire, un pas vers la guérison.

Chiffre clé : Plus de 140 000 enfants sud-coréens ont été adoptés à l’international entre 1955 et 1999.

La Corée du Sud, en reconnaissant ses erreurs, ouvre une nouvelle page de son histoire. Reste à savoir si les promesses d’aujourd’hui se traduiront par des actions concrètes demain. Pour les familles brisées par ces adoptions, l’espoir réside dans un système plus transparent et humain.

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