Un séisme électoralsecoue le paysage politique français.Selon un sondage exclusif Ifop pour La Croix, lors des élections européennes du 9 juin dernier, 42% des catholiques pratiquants ont voté pour des listes situées à l’extrême droite. Un virage à droite inédit pour cet électorat traditionnellement réticent à soutenir les partis radicaux.
La poussée de l’extrême droite chez les catholiques
Le Rassemblement national de Jordan Bardella réalise une percée spectaculaire, captant 32% des voix des pratiquants, contre seulement 14% en 2019. La liste Reconquête ! de Marion Maréchal, qui a joué la carte identitaire chrétienne, récolte quant à elle 10% dans cet électorat, dopant le score global de l’extrême droite à 42%, contre 18% il y a 5 ans.
Voter pour l’extrême droite, un choix inédit aussi pour Marc. “C’est un peu anticatholique ! On devrait, nous, accueillir tout le monde”, s’en étonne-t-il avant de se justifier : “Il y a trop de grabuge en France ! Beaucoup d’étrangers en fait”.
Un catholique ayant voté RN, témoignage France Info
L’effondrement du macronisme chez les croyants
En parallèle, la majorité présidentielle, qui avait été plébiscitée par les catholiques en 2019, connaît une chute brutale. Le soutien des pratiquants à Emmanuel Macron et ses alliés s’est effondré, passant de 41% aux européennes précédentes à seulement 20% cette année. Un désaveu cinglant pour le chef de l’État de la part d’un électorat pourtant central.
Les raisons du basculement à droite des catholiques
Comment expliquer ce glissement de l’électorat catholique vers les extrêmes ? Plusieurs facteurs semblent jouer :
- La question de l’immigration, perçue comme une menace pour l’identité chrétienne de la France
- Le discours sécuritaire et autoritaire, en phase avec une demande d’ordre
- La défense des valeurs traditionnelles, face à une société jugée trop libérale
- La déception envers Emmanuel Macron, dont la politique est jugée trop à gauche
Florence estime qu’il n’y “a jamais eu de solution, chez les gens modérés, pour vraiment accompagner les migrants de façon satisfaisante”.
Une catholique expliquant son vote RN, France Info
Quel impact pour la vie politique française ?
Ce séisme dans l’électorat catholique n’est pas sans conséquence pour l’avenir. Il risque de pousser la droite traditionnelle à durcir ses positions pour tenter de récupérer ses électeurs tentés par les sirènes de l’extrême droite. La majorité présidentielle devra aussi revoir sa copie pour reconquérir cet électorat stratégique.
Surtout, cette poussée de l’extrême droite chez les catholiques interroge sur la place de la religion dans le débat politique. Entre tentation du repli identitaire et appel à la fraternité universelle, l’Église est plus que jamais traversée de tensions contradictoires. Un débat crucial à l’heure où la fracture politique et sociétale ne cesse de s’agrandir.