Imaginez un front de guerre où chaque kilomètre carré est âprement disputé, où les lignes bougent à peine, mais où chaque mètre compte. En Ukraine, septembre 2025 a marqué un nouveau ralentissement des avancées russes, particulièrement dans la région de Donetsk, théâtre d’affrontements intenses depuis plus de trois ans. Ce conflit, qui redessine les cartes et les destins, continue de captiver l’attention mondiale par son intensité et ses implications. Que nous révèle ce ralentissement, et quelles sont les dynamiques qui façonnent ce front aujourd’hui ?
Un Conflit qui Marque le Pas
Depuis le début de l’invasion en février 2022, la Russie a cherché à consolider son emprise sur plusieurs régions ukrainiennes, avec des résultats variables. En septembre 2025, les données montrent un net ralentissement de ses progrès. En un mois, les forces russes n’ont conquis que 447 km² de territoire, une baisse significative par rapport aux 594 km² d’août et au pic de 634 km² en juillet. Ce ralentissement s’inscrit dans une tendance amorcée après une percée notable en juillet, la plus importante depuis novembre 2024, où 725 km² avaient été pris.
Ce recul n’est pas anodin. Il reflète une combinaison de résistance ukrainienne acharnée, de défis logistiques pour l’armée russe, et d’un front de plus en plus figé dans certaines zones clés. Mais derrière ces chiffres, quelles réalités se cachent ?
Donetsk : Un Front Sous Haute Tension
La région de Donetsk, au cœur du conflit depuis des années, reste le principal théâtre d’opérations. En septembre, les forces russes n’y ont gagné que 181 km², un chiffre bien en deçà des 400 km² mensuels conquis entre mai et août. Aujourd’hui, près de 80 % de cette région est sous contrôle russe, contre 64 % il y a un an. Cependant, depuis la mi-septembre, les lignes de front semblent presque gelées, témoignant d’une résistance ukrainienne farouche.
La situation est difficile sur le front, avec une pression constante dans des secteurs clés comme Pokrovsk et Dobropillia.
Oleksandre Syrsky, commandant en chef des forces ukrainiennes
Ces villes, stratégiques pour le contrôle de la région, sont devenues des points focaux où chaque avancée, même minime, coûte cher en ressources et en vies. Ce ralentissement à Donetsk pourrait-il signaler un tournant, ou est-ce simplement une pause avant une nouvelle offensive ?
Kharkiv et Dnipropetrovsk : Nouveaux Enjeux
Si Donetsk reste le centre névralgique, d’autres régions attirent l’attention. À Kharkiv, dans le nord-est, les forces russes ont progressé de 100 km² en septembre, poursuivant une dynamique amorcée ces derniers mois. Plus surprenant, la région de Dnipropetrovsk, jusque-là relativement épargnée, a vu une incursion russe notable, avec 80 km² conquis. Cette percée, entamée le 8 juin 2025, marque une nouvelle phase du conflit, bien que cette région reste presque entièrement sous contrôle ukrainien.
Ce mouvement dans Dnipropetrovsk est particulièrement révélateur. Contrairement aux régions annexées par la Russie, comme la Crimée ou certaines parties du Donbass, Dnipropetrovsk n’est pas revendiquée par Moscou. Cette avancée pourrait donc être une tentative de diversion ou un moyen de tester les défenses ukrainiennes dans une zone moins fortifiée.
Une Progression en Deux Temps
Le mois de septembre a été marqué par une dynamique en deux phases distinctes. Du 1er au 19 septembre, l’armée russe a avancé rapidement, s’emparant de 416 km². Cependant, la dernière dizaine de jours a vu un coup d’arrêt brutal, avec seulement 31 km² gagnés. Ce contraste met en lumière les difficultés croissantes rencontrées par les forces russes, notamment en termes de logistique et de coordination.
Chiffres clés de septembre :
- 447 km² conquis au total
- 181 km² à Donetsk, le plus faible depuis un an
- 100 km² à Kharkiv
- 80 km² à Dnipropetrovsk
Ces chiffres traduisent une réalité complexe : bien que la Russie conserve une dynamique offensive, ses gains sont de plus en plus limités, et chaque kilomètre carré conquis demande des efforts considérables.
Un Contexte Géopolitique Tendu
Depuis février 2022, la Russie contrôle, totalement ou partiellement, environ 19 % du territoire ukrainien, incluant la Crimée et des portions du Donbass annexées avant l’invasion. Sur l’année écoulée (octobre 2024 à septembre 2025), les forces russes ont capturé plus de 6 000 km², une progression trois fois supérieure à celle de l’année précédente (2 300 km²). Cette accélération, bien que ralentie en septembre, montre que le conflit reste loin d’être résolu.
Pour l’Ukraine, la situation est un défi constant. Les ressources, tant humaines que matérielles, sont mises à rude épreuve. Pourtant, la résistance ukrainienne continue de surprendre par sa ténacité, notamment dans des zones stratégiques comme Pokrovsk, où chaque rue devient un champ de bataille.
Quels Enjeux pour l’Avenir ?
Ce ralentissement russe soulève plusieurs questions. Est-il le signe d’un épuisement des forces russes, ou simplement d’une réorganisation en vue d’une nouvelle offensive ? Pour l’Ukraine, la priorité reste de renforcer ses positions dans des régions clés comme Donetsk et Kharkiv, tout en surveillant l’évolution à Dnipropetrovsk. La capacité de Kiev à mobiliser des ressources et à maintenir le soutien international sera cruciale dans les mois à venir.
En parallèle, la communauté internationale observe avec attention. Chaque mouvement sur le terrain a des répercussions diplomatiques, économiques et humanitaires. La guerre en Ukraine, bien qu’installée dans une forme de chronicité, reste un conflit aux enjeux mondiaux.
Région | Km² conquis (sept. 2025) | Contrôle russe |
---|---|---|
Donetsk | 181 | 80 % |
Kharkiv | 100 | Partiel |
Dnipropetrovsk | 80 | Quasi-nul |
Ce tableau illustre la répartition des gains territoriaux et met en perspective l’ampleur du contrôle russe dans chaque région. Alors que Donetsk reste un point chaud, l’émergence de Dnipropetrovsk comme nouveau front pourrait redéfinir les stratégies des deux camps.
Une Résistance Ukrainienne Résiliente
Face à une armée russe numériquement et matériellement supérieure, l’Ukraine continue de faire preuve d’une résilience remarquable. Les déclarations du commandant Syrsky soulignent la gravité de la situation, mais aussi la détermination des forces ukrainiennes à tenir leurs positions. À Pokrovsk et Dobropillia, chaque jour gagné est une victoire tactique, même si le coût humain et matériel est élevé.
En outre, l’Ukraine bénéficie d’un soutien international qui, bien que parfois fluctuant, reste un pilier de sa résistance. L’aide militaire, les sanctions contre la Russie et l’appui diplomatique jouent un rôle clé dans la capacité de Kiev à maintenir le front.
Vers une Guerre d’Usure ?
Le ralentissement des avancées russes pourrait indiquer une transition vers une guerre d’usure, où chaque camp cherche à épuiser l’autre. Pour la Russie, maintenir une offensive constante sur plusieurs fronts demande des ressources considérables. Pour l’Ukraine, tenir face à cette pression nécessite une mobilisation continue et un soutien sans faille de ses alliés.
Ce conflit, qui a déjà transformé la géopolitique mondiale, continue de poser des questions cruciales. Combien de temps les deux camps pourront-ils maintenir cet effort ? Quelles seront les conséquences d’un éventuel gel du front ? Et surtout, quelles perspectives pour une résolution, même partielle, de ce conflit ?
Points clés à retenir :
- Ralentissement marqué des avancées russes en septembre 2025.
- Donetsk reste le principal théâtre d’opérations, avec 80 % sous contrôle russe.
- Émergence de Dnipropetrovsk comme nouveau front stratégique.
- Résistance ukrainienne robuste malgré une situation « difficile ».
En conclusion, le conflit en Ukraine, bien que marqué par un ralentissement des avancées russes, reste d’une intensité rare. Chaque région, de Donetsk à Dnipropetrovsk, raconte une histoire de résistance, de stratégie et de sacrifice. Alors que les lignes de front se figent, l’avenir de ce conflit dépendra autant des dynamiques sur le terrain que des décisions prises loin des champs de bataille. Une chose est certaine : l’Ukraine continue de se battre, et le monde continue de regarder.