La soirée électorale du premier tour des législatives a laissé un goût amer à Édouard Philippe. Malgré une campagne active, les candidats de son jeune parti Horizons n’ont pas échappé à la déroute de la majorité présidentielle. Plusieurs poids lourds éliminés, d’autres en fâcheuse posture… La suite du scrutin s’annonce périlleuse pour l’ancien Premier ministre, qui pourrait perdre son groupe à l’Assemblée. Face à ce défi existentiel, il est contraint de revoir sa stratégie dans l’entre-deux-tours.
Un premier tour sous le signe de la désillusion
Dimanche soir, les mines étaient sombres au QG havrais d’Édouard Philippe. Au fil des dépouillements, l’ampleur du revers pour la majorité sortante se confirmait, Horizons compris. Plusieurs ténors du mouvement, à l’image de Laurent Marcangeli en Corse ou Pierre-Yves Bournazel à Paris, ont mordu la poussière dès le premier round. Même le patron des députés sortants Horizons n’est pas assuré de conserver son siège à l’Assemblée.
La majorité sortante ne sera pas reconduite. La décision de dissoudre l’Assemblée nationale semble ne pas avoir été comprise par nos concitoyens.
– Édouard Philippe, le soir du premier tour
Un camouflet pour Édouard Philippe, qui paye au prix fort la décision d’Emmanuel Macron de renvoyer les électeurs aux urnes un an seulement après sa réélection. Une dissolution incomprise selon lui, et qui le place aujourd’hui dans une position délicate.
Des alliés sous pression
Pour espérer sauver les meubles au second tour, les candidats Horizons rescapés devront livrer d’âpres duels face à la gauche unie de la NUPES et au Rassemblement national. Des adversaires dopés par leur dynamique du premier tour, quand la majorité sortante est en perte de vitesse. Les reports de voix s’annoncent compliqués pour les macronistes, pris en étau entre ces deux blocs.
Un épineux casse-tête également pour les partenaires MoDem et Agir d’Édouard Philippe. François Bayrou et Franck Riester, eux aussi sonnés par leurs scores en demi-teinte, doivent resserrer les rangs pour éviter la débandade. Une alliance de circonstance qui ne suffira peut-être pas à endiguer la poussée des oppositions.
L’hypothèse d’un groupe Horizons menacé
Si le second tour confirme la déroute, c’est la survie même du groupe Horizons à l’Assemblée qui est en jeu. Pour décrocher ces précieux 15 sièges, seuil du groupe, il faudra réaliser un sans-faute sur les circonscriptions encore en lice. Un très grand défi au regard de la dynamique actuelle.
L’ex-pensionnaire de Matignon joue gros. Un échec le priverait d’un précieux relais pour peser au Palais Bourbon et faire entendre sa différence. Une situation qui plomberait durablement ses ambitions présidentielles pour 2027. D’où la nécessité d’un sursaut express.
Une prise de distance avec Macron
Pour sauver son camp d’une déroute annoncée, Édouard Philippe est contraint d’ajuster sa ligne dans la dernière ligne droite. Premier acte fort : mettre de la distance avec Emmanuel Macron et sa dissolution ratée. Une prise d’autonomie express, saluée par nombre de ses lieutenants.
Il n’a plus d’allégeance au président. Cette élection, il la fait pour lui, pour exister en dehors de la macronie.
– Un proche d’Édouard Philippe
Édouard Philippe entend désormais mener bataille sous ses propres couleurs, en électron libre, pour tenter de limiter la casse. Avec un mot d’ordre martelé : pas d’alliance possible avec le RN ou LFI. Histoire de se poser en rempart crédible face aux extrêmes.
Horizons joue sa survie politique
Avec ce virage stratégique, c’est tout simplement l’avenir politique d’Horizons qui se joue dans cette dernière semaine de campagne. En cas de revers cinglant, le jeune mouvement risque l’asphyxie, faute de moyens et de relais suffisants pour exister. Un scénario noir qui plomberait les ambitions présidentielles de son chef.
Avant le premier tour, les stratèges d’Horizons espéraient une victoire pour installer le parti durablement dans le paysage. Las, ils doivent déjà se battre pour sa survie. Un sacré défi pour Édouard Philippe, condamné à réussir son pari du second tour s’il veut préserver son espace politique.